vendredi 1 mai 2009

Buzzcocks - Premier Jet

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C'est l'un des cinq indispensables du Brit Punk, avec bien sûr The Clash, NeverMind the Bollocks, Damned Damned Damned et All Mod Cons. Le premier Buzzcocks, et aucun des deux suivants... parce qu'après ça, le punk anglais n'existe déjà plus vraiment. On sera d'ailleurs surpris (enfin... tout dépend de ses connaissances évidemment) de noter à quel point Another Music in a Different Kitchen sonne déjà très post-punk (pré-post-punk ? Ouais ok : le terme est un peu ridicule), bien plus en fait que ses deux successeurs ! L'influence (encore latente : il co-signe deux titres) du démissionnaire Howard Devoto, sans doute. Ou plus simplement l'atmosphère de Manchester, cité industrielle emblématique du courant emmené plus tard par Joy Division. Peu importe : Another Music in a Different Kitchen peut être vu, sinon comme le premier album post-punk, comme le dernier disque de la première vague punk anglaise.

Et quel disque !

En onze titres meurtriers et remarquablement produits Pete Shelley et ses ouailles inventent la pop-punk, genre qui fera école mais qui alors n'est pas encore synonyme de médiocrité crasse. Manifestement plus influencés par les Kinks que par les Dolls, les Buzzcocks reprennent ici l'héritage mélodique de Ray Davies et la foisonnance de ses textes et les écrabouillent à coup de rythmiques plombées (Steve Garvey était probablement le meilleur bassiste de la brève histoire du punk), publiant sans doute sans le savoir quelques-unes des meilleures chansons de leur temps : "Fast Cars", "No Reply", "I Don't Mind"... Paradoxe amusant : s'il a longtemps été négligé par l'histoire du rock au profit des autres pierres d'angles susmentionnées, Another Music in a Different Kitchen semble avec le recul avoir eu infiniment plus d'influence que Nevermind the Bollocks. S'y bousculent en vrac des embryons de Pixies, Hüsker Dü, Supergrass, Lords of the New Church, Smiths, Undertones... pour ne citer que les plus connus dans l'interminable liste des bâtards de Pete Shelley.

Certes on n'est pas face à un chef d'oeuvre inaltérable : objectivement, c'est sans doute l'album le plus faible de tous les classiques de cette époque-là. Les guitares sont parfois un peu systématiques dans leurs descentes d'accords, la seconde moitié est un poil moins relevée et les Buzzcocks feront bien mieux sur les deux albums suivants (également réédités ces temps-ci). Mais peu importe : si la valeur d'un disque devait se mesurer au nombre d'excellents autres disques qu'il a inspirés, celle d'Another Music in a Different Kitchen serait inestimable.


👍👍👍 Another Music in a Different Kitchen 
Buzzcocks | United Artists, 1978