lundi 4 mai 2009

Buzzcocks - 2 x 6 = 6

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Si cette seconde fournée de rééditions des Buzzcocks se retrouve groupée en un seul article, n'allez surtout pas croire pour autant que c'est parce qu'ils valent moins la peine qu'on s'y arrête qu'Another Music in a Different Kitchen... au contraire : Love Bites et A Different Kind of Tension sont tous deux bien supérieurs à leur prédécesseur, et s'ils sont évoqués conjointement c'est surtout parce qu'ils sont à peu près aussi géniaux l'un que l'autre et qu'ils se ressemblent pas mal. (et aussi bien sûr parce que je n'ai pas forcément beaucoup de temps ces temps-ci !)
 
Déclinant dans un premier temps la formule du premier en la perfectionnant et en l'éloignant tant de l'influence de Howard Devoto que du carcan punk, Love Bites conserve ma préférence - mais la réflexion est purement subjective. Le fait est qu'A Different Kind of Tension n'a pas grand-chose de plus ou de moins, simplement le second volet de la trilogie est bien souvent le plus fort et le plus sombre... et c'est exactement le cas sur Love Bites. Chaque note semble arrachée à la folie d'un Pete Shelley qui n'a sans doute jamais mieux chanté qu'ici. Qu'il s'agisse de ritournelles à la Ramones ("Operator's Manual", "Just Lust") ou de titres moins abrasifs voire franchement pop ("Nostalgia", "Sixteen Again"), l'insouciance apparente semble cacher un malaise parfaitement séduisant, surtout lorsqu'il dévoile une palette nettement plus riche que le laissaient croire les premiers morceaux. Des ballades ici ou là ("Love Is Lies", excellente), des rythmiques nettement plus élaborées que sur Another Music ("Real World", "Nothing Left")... Love Bites n'a aucun véritable défaut... sinon peut-être celui de faire de l'ombre (à mes yeux) à A Different Kind of Tension. Un album peut-être un poil plus conventionnel qui restera le dernier du groupe durant presque quinze ans... pour ne pas dire le dernier du groupe tout court, car soyons francs si les Buzzcocks continuent de publier aujourd'hui à intervalles réguliers des albums punk-pop d'autant plus sympathiques que personne n'en parle, ils ont renoncé depuis longtemps à se montrer ne serait-ce qu'un tout petit ambitieux.

C'est donc peu dire qu'un morceau équivalent à "Sitting Around Home" serait impensable sur un de leurs opus contemporains, Shelley préférant depuis les années quatre-vingt dix se contenter de chasser sur les terres des Green Day et consorts - et sans succès en plus (la honte totale quoi). Surtout, en 1979, il avait encore l'âge de chanter des choses aussi désinvoltes et naïves que "Say You Don't Love Me", ou "You Know You Can't Help Me" - pépites méconnues scellant le virage power-pop des Buzzcocks. Le savoir faire du groupe touche même à la perfection avec "Raison d'être" et "Hollow Inside", sans parler d' "I Don't Know What to Do With My Life" - titre typiquement punk jusque dans son texte faussement désabusé. On admettra que c'est assez peu courant, de virer punk sur le tard... c'est pourtant vrai : les Buzzcocks ont publié leur album le plus typé "punk" en 1979, et alors même qu'ils avaient toujours su rester relativement en marge (déjà il n'étaient pas de Londres, ce qui aide...).

Bien entendu l'ensemble est dignement réédité et accompagné des inévitables (et indispensables) faces B., sans compter un nombre proprement délirant de démos d'excellente facture. Dans le genre, on peut difficilement faire mieux : après moult cafouillage, l'intégrale de la grande époque des Buzzcocks est donc enfin disponible dans des éditions irréprochables. Trente ans après, il était plus que temps.


👑 Love Bites & A Different Kind of Tension
Buzzcoks | United Artist, 1978 & 1979

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