jeudi 30 avril 2009

Jacques Duvall - Good News From the Western Stars

...
Est-il nécessaire de connaître la biographie ou le CV d’un artiste pour appréhender une de ses œuvres ?

La question ne date pas d’hier, mais face au nouvel album de Jacques Duvall (son troisième en vingt-six ans) elle se pose plus que jamais. Alors que certains s’enflamment déjà sur son grand retour, ce qui ne peut que prêter à sourire dans la mesure où la plupart ne le connaissaient probablement pas il y a trois mois, nous, on n'a pas pris le lecteur pour une truffe : oui, on l'a reconnu, il y a encore quelques semaines nous ignorions tout de monsieur Jacques Duvall. On n’avait jamais entendu ses disques précédents (on ne les a toujours pas entendus d’ailleurs, vu qu'ils sont introuvables), seulement le singulier Hantises (album de Phantom feat. Duvall paru en 2006)… pire encore : en lisant son C.V., sur le coup, on n’a pas du tout eu envie d’écouter l’album d’un artiste qu’on nous présentait grossièrement comme le parolier de Lio, qu’on comparait à Paul Personne et qui mettait un chapeau de cowboy (encore que ce dernier détail...) Un préjugé stupide ? Sans doute, et alors ? C’est également une preuve qu’il vaut toujours mieux écouter les albums et s’intéresser à la musique que de perdre du temps avec le paratexte, et qu’il n’est pas besoin de faire semblant d’avoir toujours voué un culte discret à Jacques Duvall pour trouver son nouvel album exceptionnel.

Car oui : Le Cowboy et la Callgirl (ce titre…) est un album de premier ordre, à des années-lumière de ce que peuvent suggérer son titre, sa pochette ou le chapeau de son auteur. C’est d’ailleurs en cours d’écoute qu’on se dit le Duvall de la pochette ressemble plus à un justicier de série B ou au pistolero du cycle de Stephen King qu’à un quelconque country-man évadé du Far West.

Le quoi ?


C’est vrai qu’au long de cet album crépusculaire, Jacques Duvall fait finalement peu appel à l’Ouest sauvage et à tout ce qu’il induit. À un titre folk-rock déglingué près ("Comme le font les femmes"), on pense plus souvent à Tom Waits ou Gainsbourg qu’à Willie Nelson ou même Johnny Cash, à des dandys aux productions sophistiquées qu’à des country-men pied au plancher. Avec mention spéciale aux arrangements sinueux de Miam Monster Miam, qui métamorphosent "Le Cri" en heavy-rock marécageux à la Nick Cave, ressuscitent l’Homme à la tête de chou pour mieux le mixer avec T-Rex sur "Chanson malade", ou plongent Duvall dans de noires stridences à la Daniel Darc sur "Marianne Renoir".

Si l’adjectif « gainsbourien » a tendance à trop souvent revenir dans les chroniques d’albums francophones (Duvall, précisons-le, est belge), ne désignant rien de précis au vu de la palette du grand Serge, et servant plus souvent de strapontin vers une hypothétique crédibilité que de référence solide, force est de reconnaître qu’il est ici parfaitement approprié. Le Cowboy et la Callgirl, c’est ce qui le rend si impressionnant, a réellement un « feeling gainsbourien », comme si Jacques Duvall était parvenu à capter l’essence de Gainsbourg plutôt que de lui piquer des plans qu’il avait lui-même piqués à d’autres. Ce n’est pas la moindre des qualités d’un album particulièrement réussi, étonnant de cohérence (il est – chose rare de nos jours – très constant dans la qualité) et particulièrement entêtant. Ce n’est cependant pas la seule : le charme rétro de compos comme "Raconte-moi" ou "La Poupée borgne" (cette dernière évoquant bizarrement Jad Wio), le psychédélisme décharné de "Ta main 2" ou la voix enrouée de Duvall sont autant d’éléments marquants destinés à propulser Le Cowboy et la Callgirl très au-dessus de la moyenne de ce qui se produit de nos jours en matière de rock francophone.

Au point de presque faire oublier les textes, pourtant censés être le domaine de prédilection de l’artiste. Après avoir publié des choses aussi belles que "Marianne Renoir" ou "La Chanson malade", on ne le présentera probablement plus jamais comme le parolier de machin ou de bidule, mais comme un grand songwriter, doublé d’un interprète habité de chansons élégantes et racées. Difficile de ne pas s’en féliciter, tant cet album est brillant.


👍👍 Le Cowboy et la Callgirl 
Jacques Duvall | Freaksville, 2009

5 commentaires:

  1. ce papier a opposé à la réponse de GT quant au nouveau Dominique A (dont il était le seul à savoir la participation à Calogero... d'ailleurs)
    ^^

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  2. "à opposer" c'est plus mieux non ?

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  3. c'est vrai qu'une pochette pareille, ça s'apparente plus à du suicide commercial! personne pr écrire un com? Duvall a parolé banana split hé hé, mais il a écrit aussi pr chamford (clara veut la lune, entre autres). il a un beau site, avec tous ses textes : http://www.jacquesduvall.net/
    à fumer comme un belge, sans filtre

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  4. Yosemite >>> oui, effectivement :)

    Alf >>> Duvall a aussi écrit "Le jour et la nuit", une des plus belles chansons de Daho.

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  5. Hello, pour tout savoir sur les concerts parisiens de PHANTOM FEATURING JACQUES DUVALL (et MARIE FRANCE plus des invités) les 18 et 19 avril aux TROIS BAUDETS, copiez-collez ce lien :
    http://www.lachanteusemariefrance.fr.gd/PHANTOM-FEATURING-MARIE-FRANCE-et-JACQUES-DUVALL-les-18-et-19-avril-2009-aux-TROIS-BAUDETS-a-Paris-.-.htm

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