dimanche 22 février 2009

The Wire - Baltimore's burning

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On a beau jouer les avant-gardistes et autres précurseurs (ce qui est somme toute assez facile sur le Net), on ne peut pas toujours tout avoir découvert avant tout le monde... et c'est ainsi qu'on peut se retrouver à évoquer l'une des séries les plus populaires et encensées de la planète plus d'un an après son ultime épisode. En l'occurrence de The Wire, certains d'entre vous auront peut-être plus à m'apprendre que l'inverse - essayer de la présenter me donne un peu l'impression d'écrire un gribouillis sur les Beatles en espérant que ça servira bien à au moins un lecteur égaré.

J'exagère : The Wire reste relativement méconnue par chez nous (où elle n'a été diffusée que sur Jimmy sous le titre repoussoir de Sur écoute). Il n'empêche que parcourir la presse à son sujet fout un peu les jetons au moment d'écrire dessus : on parle tout de même-là de la meilleure série de tous les temps selon Time Magazine, Stephen King, Barack Obama et une centaine d'autres. Et moi je débarque avec mon sourire béat, je découvre ça il y a quelques mois seulement, je regarde ça d'un œil un peu critique (beaucoup plus critique même que si je l'avais regardée en connaissance de cause)... avouez qu'il y a de quoi rire.

Le bon côté des choses cependant c'est qu'on a ici affaire à une série tellement riche qu'elle laisse une large place à l'analyse et à l'étude, à l'observation autant qu'à la réflexion. Si vous jetez un œil de-ci de-là, vous lirez toujours peu ou prou la même chose : The Wire raconte l'histoire d'une bande de flics bras-cassés tentant de coincer un gros bonnet de la drogue décimant les quartiers, mais surtout ne vous y fiez pas, c'est avant tout une fresque sociale dont le personnage principal est en fait la ville de Baltimore elle-même. Evidemment tout cela est juste... mais ce n'est pas ce qui frappe le plus après visionnage de la première saison. Pas du tout même. Ce qui rend The Wire si particulière c'est qu'elle développe une narration, un rythme et un ton tout à fait personnels, impossibles à rapprocher de tel ou tel feuilleton... si ce n'est bien sûr d'OZ, autre série de HBO, autre monument télévisuel assez méconnu par chez nous (un peu moins, soit... mais jamais diffusé sur les ondes hertziennes lui non plus). Entre les deux, tellement de points de communs (à commencer par près d'une dizaine de comédiens) que pour ne rien vous cacher j'ai cru une seconde qu'il s'agissait des mêmes auteurs (hypothèse d'autant plus probable que The Wire a commencé à peu près au moment où OZ s'est achevée). Fausse alerte : Tom Fontana n'a rien à voir là-dedans (*). Mais anecdote en disant long sur la démarche esthétique développée par David Simon, ancien journaliste au Baltimore Sun qui osa dans une vie antérieure s'immerger quatre ans au cœur de la police de la ville afin d'en ressortir un ouvrage monumental : Homicide : A Year on the Killing Streets... bref : un multi-récidiviste en matière de radioscopie sociale et de fait-divers criminel, connaissant les arcanes et de la police et de Baltimore mieux que les flics de la ville eux-mêmes.

Difficile lorsqu'on a lu (je viens de le faire) Homicide, véritable NYPD Blue de l'investigation journalistique, de ne pas relever de suite la communauté de démarche avec The Wire. On est certes dans le domaine du show télé, on ne se trompe pas de cible et on ne se trompe certainement pas de medium... il n'empêche : Simon réussit mieux qu'aucun autre à exploiter les possibilités narratives du format série (ce qu'il faisait déjà plus ou moins consciemment dans son livre), quitte à nager totalement à contre-courant de la production estampillée polar et quitte à déstabiliser à coup sûr le spectateur habitué au dynamisme ultra-efficace des Experts ou de Law & Order. Ici, pas d'enquêtes résolues en quarante-minutes chrono, une action réduite au minimum syndical, des rebondissements égrenés au compte-goutte... The Wire, c'est un peu l'éloge de la lenteur et de la minutie au pays de Jack Bauer, une série bien plus contemplative et réfléchie que la moyenne. Qui tout comme OZ bénéficie d'un nombre d'épisodes plus longs et moins nombreux que la moyenne des séries ; et qui (tout comme OZ) use d'une progression narrative plus éclatée et plus littéraire que dans n'importe quel autre programme. Ce faisant, David Simon et son co-scénariste Ed Burns reconstituent avec virtuosité l'enquête policière dans ce qu'elle peut avoir de plus obsédant (les flics sont d'ailleurs habités en permanence par leur travail, ne pensent qu'à lui et ne vivent que pour lui)... mais aussi de plus long, harassant, fastidieux. Une succession de petite choses amenant à un dénouement très incertain, un équilibre extrêmement instable que le moindre de grain sable dans le plan peut faire chavirer et surtout : un travail d'équipe, et pas le fruit de la réflexion d'une paire d'enquêteurs faillibles mais quand même cent fois plus efficaces que n'importe quel vrai flic.

En résulte une nonchalance tout à fait singulière dans la narration et déjà présente dans Homicide, un rythme lent rendu "cool" par l'ironie permanente des personnages (McNulty le détective goguenard, Bubbles le junkie philosophe...) et un art consommé de la digression apparemment sans intérêt... si ce n'est que c'est justement dans les innombrables digressions (autour des dealers, des élus locaux ou des simples habitants de Baltimore) que se situe l'essentiel de la série : son réalisme social et sa poignante humanité. Je parlais plus haut de Jack Bauer : ce n'était pas pour le plaisir de la pirouette. The Wire peut réellement être vue comme l'antithèse de 24 (ou de la plupart des séries policières en fait), cette série dans laquelle l'ultra-perfectionnée CTU passe son temps à ne pas en avoir (d'ailleurs ils le disent tout le temps : On a pas le teeeeeeeemps ! OU EST LA BOMBE ?!!). Les flics de The Wire, planqués au fond de leur hangar complètement vétuste, n'ont que ça - du temps. Du temps pour faire des blagues (souvent hilarantes - car cette série a beau dépeindre une réalité régulièrement sordide elle n'en est pas moins très drôle), du temps pour perdre tout espoir, du temps pour apprendre à se connaître... leur enquête peut bien durer trois mois ou deux ans - aucune importance : ils iront jusqu'au bout. Enfin si leur hiérarchie ne les en empêche pas. Si on leur alloue les fonds nécessaires. S'ils ne se font pas virer avant. Si les dealers ne changent pas de stratégie en cours de route. Auquel cas tant pis : faudra tout recommencer à zéro. Frapper à toutes les portes. Se planquer et attendre pendant deux jours dans une vieille bagnole banalisée. Faire des blagues pour passer le temps... etc.

Vous l'aurez sans doute compris, voilà une série absolument captivante, unique en son genre et qui surtout ne se regarde pas avec le même œil que la première grosse production venue. Comme McNulty et les autres, le spectateur est invité à prendre son temps, à s'installer confortablement dans l'intrigue, à apprendre à connaître aussi bien les personnages que la géographie de Baltimore. Ca ne se fait pas en cinq minutes, et je ne serai spas surpris d'apprendre que certains peinent à entrer dedans. Qu'ils s'acharnent : The Wire (dont la saison 1 n'est pas la meilleure, me dit-on) mérite plus que le détour. Tant pis si disant cela j'ai l'air de dire Vraiment sympa ce groupe, là, les Beatles... à mon avis c'est prometteur...


👑 The Wire (saison 1)
créée par David Simon
HBO, 2002

👍👍👍 Homicide : A Year on the Killing Streets 
David Simon | Holt Paperbacks, 1991


(*) Du moins de manière directe, Fontana ayant été assistant et scénariste sur Homicide, autre série adaptée de - devinez un peu pour voir... gagné ! Homicide. De Simon.

32 commentaires:

  1. Une série fantastique... de la part d'HBO, pour changer! Avec THE SOPRANOS, OZ ou encore DEADWOOD, cela reste tout de même "the" chaîne de référence pour les séries US! Remarque, j'ai eu le même "retard" que toi avec les Sopranos! J'ai commencé à regarder la série alors que la sixième et dernière saison allait sortir! Mais bon, il n'est jamais trop tard et ce n'est pas de notre faute si les bonnes séries ne passent pas ou peu à la télé francophone... Ca en devient presque un critère de qualité d'ailleurs!

    Plus récemment (ces trois dernières années), j'apprécie le travail de Showtime avec DEXTER, par exemple...

    SysTooL

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  2. C'est vrai que Showtime est devenue balaise niveau série, avec un vrai travail de prod pour accompagner les auteurs (ce qui n'est pas le cas chez les grands networks comme ABC ou Fox). Ce qui est marrant d'ailleurs, quand on s'intéresse un peu aux séries, c'est de noter que finalement, même aux USA, le plus gros des séries (et les meilleures) passent la plupart des temps sur le câble. Ca relativise l'admiration qu'on peut avoir pour les télés US :-))

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  3. En fait, maintenant que tu en parles plus en détail, ça me dit quelque chose... j'ai déjà vu quelques extraits... et il faut absolument que je la trouve !

    Sinon... c'est bien, cette nouvelle version du Golb, il est même ouvert le dimanche ! (bon, tu me diras que l'autre aussi... mais c'était pas pareil, 2-3 titres balancés rapidement dans le juke-box...)

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  4. C'est un peu à cause des séries, en fait... on ne peut pas d'un côté vouloir couvrir plus l'actu, et élargir la "ligne éditoriale"... et de l'autre continuer à ne rien publier le dimanche, ce serait pas logique ^^

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  5. Je n'y connais presque rien en série mais je peux juste confirmer que celle-ci déchire sa maman. Qui ensuite ne rêve pas d'être enterré dans un bar avec Body Of An American en fond sonore ?

    La saison 2 est la meilleure, les dockers sont des seconds couteaux très attachants.

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  6. Je n'ai pas encore commencé à regarder la seconde (cette semaine, sans doute). Vous les avez toutes vues ? C'est vrai qu'elles sont extrêmement différentes les unes des autres ?

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  7. Salut Thomas,
    The Wire est sans contestation possible ma série policière (et elle est bien plus que cela, en fait) préférée des années '00. Bunk, Bubbles, le lieutenant Daniels, McNulty, Kyma, les "méchants" (très humains) de la 1ère saison (ça fait un moment que je l'ai visionnée, je ne me rappelle plus de leurs noms, même si j'avais été fortement marqué par la prestation du "p'tit jeune") ..., autant de "personnages" inoubliables !
    Je confirme que la saison 1 n'est pas la meilleure, les personnages et les intrigues gagnat en épaisseur au fil des années (j'avoue avoir eu du mal à raccrocher tous les éléments entre eux au cours des 3èmes et 4èmes saisons, en ayant regardé une par an).
    J'ai la 5ème qui m'attend quelque part, mais je retarde son vissionnage car il s'agit apparemment de la dernière, et je suis un peu triste à l'idée d'abandonner la bande.

    En ce moment, je m'enfile une série HBO, Entourage (sur le milieu du cinéma). Formidable également !

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  8. Désolé pour les fautes de frappe et de grammaire. J'ai fait mon Thomas !

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  9. J'ai attaqué la saison 2 hier soir... et effectivement, je suis frappé par la différence de couleur, et toujours cette qualité avec une caractérisation du moindre petit second rôle... décidément une grande série !

    (et les dealers de la saison 1... il y a Dee, Wallace et Savino - pour les plus jeunes - Avon et String pour les boss)

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  10. Et voilà, j'ai craqué ! J'ai acheté deux coffrets de cette série, qui me semblait la plus apte, parmi toutes celles que vous avez évoquées, à me séduire. Pari tenu ! Je suis déjà inconditionnel.
    Par contre, je ne sais pas si vous avez vu la deux, mais, comme le dit Ernesto Violin, elle est, à mon avis, bien meilleure. En fait, en la voyant, je me suis dit que si vous avez mis six à la première, qu'allez-vous mettre à la seconde ? Sept ?

    ;-)

    BBB.

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  11. OUUUUUUUUUUUUUUAIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIS !

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  12. (je reprends mes esprits) Or donc... en fait, je suis actuellement au début de la saison 4 (les articles sont programmés pour plus tard, vu que la série est finie depuis un an il n'y a pas d'urgence). Mais effectivement vous avez raison : en voyant le niveau de la 2 et de la 3 je me suis moi aussi dit que j'avais un peu surnoté la 1. Mais bon... après tout la note n'est là qu'à titre indicatif, je ne vais certainement pas m'en faire une montagne...

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  13. Allez-y, sabrez le champagne. Vous pouvez, vous êtes le principal responsable de mon subit attrait pour les séries.

    BBB.

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  14. Non non... je sabrerai le champagne lorsque vous aurez regardé un peu plus de saisons d'un peu plus de séries...

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  15. Au prix d'un coffret (plus de 50 euros, pour The Wire), vous n'êtes pas près de boire du champagne !

    BBB.

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  16. 50 euros ? Regardez là Mister Bx3 : http://www.amazon.fr/gp/offer-listing/B0010XRCLG/ref=rcx_ser_used-and-new/277-6315754-9900840?ie=UTF8&condition=all

    Moi j'ai suivi ton conseil Thom, mais j'ai eu un peu de mal, je trouve qu'il y a quand même plein de longueurs (je parle de la s1)

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  17. Un ange descendu du Ciel !

    Merci.

    BBB.

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  18. BBB. >>> c'est vrai que les coffrets de The Wire sont particulièrement onéreux... mais ce n'est heureusement pas le cas de toutes les séries...

    Lily >>> il y a quelques longueurs dans la saison 1 ; ce n'est plus le cas dans les suivantes, cependant.

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  19. Je découvre tout juste aussi (je viens de finir la première saison), et en effet c'est excellent. Bon, j'ai aussi découvert Oz, The Sopranos et Deadwood après leur arrêt...

    Sinon je me demande bien ce que réservent les saisons suivantes, et si la première n'est pas la meilleure et qu'elle a quelques longueurs, que ça doit être bon !

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  20. Franchement... j'approche de la fin de la 4 et à ce stade, je serais bien incapable de dire laquelle j'ai préféré ! Je peux juste dire qu'avec le recul je trouve la 1 un poil en-dessous (mais un tout petit poil)...

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  21. C'est pas tout ça, mais la chronique de la suite, c'est pour quand ?

    BBB.

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  22. Alors alors... laissez-moi voir mon agenda...

    :-)

    Donc... la chronique de la saison 2, c'est dimanche prochain. Celles des saisons 3 et 4 sont écrites, mais je ne les ai pas encore programmées pour l'instant (je suis un peu à la bourre... en même temps je serai bien content d'avoir du stock cet été lorsque la plupart des séries sera en stand-by ;-)

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  23. Très bon texte.

    Petite précision toutefois : la série n'est jamais passée intégralement sur Jimmy, et donc n'est jamais passée intégralement en France.

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  24. Ah bon ? Pfff... la télévision française, mon Dieu...

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  25. je dois te remercier de m'avoir signaler cette série à coté de laquelle j'étais complètement passé

    aucune esbrouffe, aucun méchant pittoresque bardé de flingues à la Tony Montana, des dealers tout aussi paumés que les junkies, des flics pas du tout charismatiques, justes obstinés ou imcompétents, un quotidien gris, des bureaux aussi sordides que les HLM où se passent les deals, bref une claque loin aussi de nos petites séries françaises où l'on mise sur des histoires bétas et des personnages caricaturaux (genre "les bleus")

    la grande classe quoi

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  26. Ah mais, de rien, ton commentaire me fait très plaisir. Je me suis avalé les 5 saisons en quelques semaines (les chroniques des deux dernières sont écrites, j'attends juste d'avoir le temps de les poster), et c'est vrai que durant le mois qui a suivi la fin la plupart des autres séries m'a paru très fade...

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  27. je viens de regarder la saison 1...oui je suis toujours en retard...et là c'est au delà d'être accro, je ne pense plus qu'à cette série c'est terrible...c'est Shakespeare en seérie télé...c'est grandiose

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  28. En retard comme tout le monde, je viens de finir la saison 1, brûlant d'impatience d'attaquer la saison 2. mais je vais attendre quelques semaines quand même.

    Rien à redire à ce billet très juste : une série difficile à intégrer. La lenteur, même dans Oz, n'était jamais arrivée à ce point dans les séries que j'aie jamais vues.
    Les personnages sont attachants, mais leurs digressions ne sont pas tarantiniennes, en ce sens où elles ne sont absolument pas détachées du contexte (alors que chez Tarantino il y a quand même un certain art du décalage).
    Bubbs par exemple, qui m'a scotché dès le départ (quel acteur !) philosophe mais sans jamais partir dans des délires abscons : il a une vision si posée sur la réalité.

    Au finale de cette première saison, avec ce faux happy end cynique à mort, on se demande ce que voulaient les auteurs, et on se pose encore plus de questions. mieux qu'un teasing pour la saison suivant, c'est bien la réflexion sur cette réalité si pesante que toutes les agitations de nos héros ne sont que des micro événements sans affect sur l'histoire générale de cette ville, en déréliction totale. Le mouvement brownien est remis en perspective, sans trop de cynisme. Quelle sociologie urbaine !

    Je me suis mis à cette série du fait des bons résultats au sondage il y a un an, avec quand même les difficultés pour en trouver des disques sur le marché (je n'achète les dvd que d'occasion ou je me les fait prêter, bien qu'ici je vais me garder une collection complète pour moi, parce que c'est à revoir un de ces jours).

    Et je ne vais continuer à lire les analyse golbiennes qu'à la fin de chaque saison pour éviter tout spoiler. Ce qui m'invite à confirmer l'intérêt de ces billets séparés par saisons, pour permettre la progression. Du difficile art de chroniquer les séries TV sans dévoiler les intrigues ^^.

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  29. "Au finale de cette première saison, avec ce faux happy end cynique à mort, on se demande ce que voulaient les auteurs, et on se pose encore plus de questions. mieux qu'un teasing pour la saison suivant, c'est bien la réflexion sur cette réalité si pesante que toutes les agitations de nos héros ne sont que des micro événements sans affect sur l'histoire générale de cette ville, en déréliction totale"

    C'est absolument cela (et c'est évidemment encore plus vrai lorsqu'on a vu les cinq saisons). Il y a quelques mois je me suis un peu pris le bec avec un lecteur, qui n'aimait pas du tout la série et y voyait une énième relecture du thème de la rédemption. Or j'ai toujours trouvé que la série était beaucoup plus ambiguë que cela, une de ses constantes étant d'assassiner sauvagement tout personnage proche de la rédemption (je n'en dis évidemment pas plus pour l'instant, mais c'est déjà nettement marqué dans la première saison avec Wallace ^^). Quant à la rédemption de la ville elle-même, elle est sans cesse repoussée au lendemain, à la prochaine élection, au prochain budget... etc. Plus troublant encore, si au début, comme tu le dis très bien "toutes les agitations de nos héros ne sont que des micro événements sans affect sur l'histoire générale de cette ville", on réalise au fil du temps qu'à l'inverse, ce n'est pas que l'amour du travail et l'envie d'aider les autres qui poussent ces héros. Ce sont surtout des gens très seuls qui n'ont pas grand-chose d'autre à faire, McNulty ne semble capable d'exister qu'en remuant la merde et en faisant chier tout le monde, Freamon n'est qu'un vieux gars proche de la retraite qui saisit sa chance sur le tard après avoir complètement raté sa vie, Daniels, sous ses dehors super éthiques, limite jansénistes, est dévoré par l'ambition... au final il ne reste pas beaucoup de gens sains et réellement dans l'empathie, comme si la ville corrompait quiconque y mettait les pieds. On est donc loin du vieux fantasme américain de la rédemption, et David Simon, malgré un côté "gauchiste enragé" qu'il a toujours assumé, est tout de même un peu plus qu'un gentil utopiste qui voudrait résoudre les problèmes de son pays...

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