mardi 7 octobre 2008

Thomas Fersen - Comme un Best of, mais en mieux

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Rien à voir, c'est promis, avec une quelconque culpabilité développée suite à un quelconque article à propos d'un quelconque Trois petits tours... enfin si : Trois petits tours est bien un album quelconque - mais ce n'est pas pour me faire pardonner que j'écris aujourd'hui sur ce qui est peut-être le meilleur album de Thomas Fersen. La motivation est plutôt un constat imprévu : en réécoutant par hasard ce live de 2004, je me suis rendu compte à quel point Trois petits tours était un album raté (encore heureux que je n'ai pas re-posé d'oreille sur La Cigale des grands jours AVANT rédaction dudit article !).

Je disais plus haut : le meilleur album de Thomas Fersen. Peut-être. En tout cas le plus équilibré, le plus complet, celui qui ressemble le plus au sommet d'une œuvre qui paraît depuis en pleine reconstruction ; survenant après un opus studio magistral (et charnière : Pièce montée des grands jours, très largement représenté ici) au succès inespéré. Egalisant le répertoire (il y a de grosse disparités de production entre les premiers et derniers Fersen) comme pour souligner la cohérence du parcours. A la grande différence de nombre de ses comparses de la scène française, Thomas Fersen est un artiste en perpétuelle évolution - c'est bien ce qui le rend si exceptionnel et si au-dessus de la concurrence. Chaque nouveau disque (excepté le dernier en date, évidemment !) donne l'impression d'élargir l'horizon, d'enrichir un univers de moins en moins minimaliste... et en ce sens la multiplication des albums dits en public (le moyennement digeste Triplex, sorti une poignée d'année auparavant, comptait rien moins que trois cds !) n'est en aucun cas une tare redondante mais un genre de check-point ponctuel venant capter le chanteur à un moment M de sa carrière, lequel semble dire : Bon, ben voilà où j'en suis, là, maintenant, on va voir ce que ça va donner. Difficile d'ailleurs de ne pas noter que La Cigale des grands jours, ses mélodies distordues, son atmosphère un brin fêlée et son côté plus revêche, annoncent plus ou moins la couleur de l'album suivant - l'excellent (et mésestimé) Pavillon des fous.

Tous les avantages du bilan avec les qualités de concision du best of, en somme. Si vous souhaitez découvrir Thomas Fersen, La Cigale des grands jours est une bonne porte d'entrée : les classiques y sont (« Les cravates », « Bucéphale », « Louise »...), les douceurs chtarbées ne manquent pas (« Né dans une rose », « Diane de Poitiers »), le son est excellent, l'interprétation particulièrement classieuse (« Monsieur » est ici livré dans une version fabuleuse reprise en chœur par le public) et le tout ne manque ni d'énergie ni de fraîcheur. On me répondra qu'il est tout de même curieux de recommander un live d'un des rares chanteurs français (c'est comme ça qu'on appelle ceux qui font de la chanson française paraît-il) à accorder un soin tout particulier au son et aux arrangement de ses albums... il est certain que La Cigale des grands jours a un côté épuré (enfin tout est relatif) tranchant avec les disques studio (et plus particulièrement avec Pièce montée des grands jours). C'est indéniable, mais c'est aussi l'un des points forts de Fersen que de savoir ainsi alterner albums très produits et lives plus bruts provocant un plaisir d'écoute presqu'immédiat. Ici, la ferveur avec laquelle il interprète un « Pièce montée des grands jours » ou un « Chat botté » paraîtra bien plus convaincante que n'importe quel arrangement sur n'importe quel album.

Un seul bémol : survenant après une telle déferlante de lives, celui-ci contient finalement assez peu de chansons des débuts (et même carrément aucune du Bal des oiseaux). Un mal pour un bien : si vous suivez mes conseils (ce en quoi vous seriez merveilleusement inspirés) et tentez de découvrir Thomas Fersen par ce biais, vous en aurez un aperçu passionnant tout en ayant encore tout à apprendre de son œuvre...


👍👍 La Cigale des grands jours 
Thomas Fersen | Tôt ou Tard, 2004