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1 C'est un bien triste avenir, mes amis, qui attend l'enfant de Rachida Dati
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Avez-vous senti la terre vibrer sous vos pieds, ces derniers jours ?
Avez-vous vu la Seine adopter lentement mais sûrement cette teinte pourpre et inquiétante... ?
Avez-vous aperçu cette avalanche de grêle sur Bercy, que Sophie Davant elle-même n'avait pas su prévoir... ?
Bien sûr.
Vous ne pouvez l'ignorer : c'est la crise. Ou plutôt, pour être tout à fait exact c'est :
LA CRISE !!!!!!!!!!!!!
Des temps de troubles commencent, qui verront l'homme, la femme, l'enfant et le capitaliste lutter pour leur survie. Des temps où le ciel sera toujours noir, l'argent toujours insuffisant. Des temps où la mort parcourra chaque avenue, chaque ruelle, versant le sang des honnêtes gens tel un trader fou saignant une banque de renommée mondiale 1.
Bref, en un mot comme en mille : c'est la mierda. Et pour bien nous remonter le moral en cette période difficile, Fab a mis la clé sous la porte et la télévision française a décidé de multiplier les émissions, débats, spots sur le sujet. La crise est partout, financière certes mais médiatique surtout... à vrai dire la crise est LA grande gagnante de cette rentrée télévisuelle (loin devant François Bégaudeau et Laurence Ferrari), celle qui bat tous les records d'audience, celle qui fédère tous les publics - au point qu'on raconte que l'envieux Christophe Hondelatte aurait récemment investi dans des actions AIG. Et qui est responsable de cela ? Allons - faites entre l'accuser : voici qu'apparaît au centre de notre tribunal l'odieux capitaliste, le méchant patron, celui qui désormais aura tort aux yeux du monde entier... à commencer par ceux de ses meilleurs amis, Laurence P. et Nicolas S. Franchement : comme c'est beau, comme c'est émouvant de les voir tout deux lancés dans ce tango endiablé (pour ne pas dire carrément excitant), brassant du vent pour faire s'envoler quelque doré parachute, multipliant les interventions fracassantes pour mieux rassurer la masse silencieusement populaire que forment Les Autres (c'est-à-dire en gros tous ceux qui ne font pas partie des élus lisant Le Golb). On imagine le dernier conseil des ministres, celui d'hier, avancé pour cause d'urgence :
« Mes amis... l'heure est grave ! Il faut agir !
- Bien Monsieur le Président. Que devons-nous faire Monsieur le Président ?
- Hé quoi ? Vous n'avez donc aucune idée ?
- C'est que...
- Quoi ?
- En général, Monsieur le Président... c'est vous qui avez des idées... qui gérez les problèmes...
- Alors à quoi bon avoir des ministres ?
- Eh bien... sauf votre respect, Monsieur le Président, c'est ce qu'on se demande tous depuis plusieurs mois...
- Bon bon bon... ça suffit - nous n'avons pas de temps à perdre. Que pouvons-nous faire selon vous ?
- Honnêtement Monsieur le Président ?
- Vous savez bien que je place la transparence par-dessus tout le reste.
- Rien.
- Comment ça Rien ?
- Rien. Nous ne pouvons rien faire, Monsieur le Président.
- Vous n'avez pas une mesurette économique à me suggérer ?
- Oh si, bien sûr... mais ça ne changera rien.
- C'est pas grave - faites quand même. Et sinon ? Vous avez un coupable ?
- Un coupable, Monsieur le Président ?
- Un responsable ? Quelqu'un qui devra rendre des compte.
- Euh...
- NON ?
- Monsieur le Président... il n'y a pas un grand patron responsable de tout, à Wall Street.
- Vous m'en direz tant !
- A part la bourse, bien sûr.
- La bourse ?
- Oui Monsieur le Président. C'est un peu comme Dieu, mais à Wall Street.
- Ah. Ce me plaît bien ça. J'aime bien ça, moi, Dieu.
- Monsieur le Président ?
- Faites lancer un mandat d'arrêt international contre ce Wall Street. Et qu'ça saute ! »
Ah ça... on n'a pas fini d'en voir de toutes les couleurs, avec cette crise. Le pire étant que comme tout le monde ne parle que de ça, on ne pourra jamais cesser d'y penser... les dérivatifs, les récréations... terminés ! De toute façon... on n'a plus vraiment les moyens de se les offrir. Seule nous reste la télévision, qui propose encore quelques programmes au rabais...
... oui, au rabais. A partir d'aujourd'hui tout sera toujours au rabais, durant très longtemps. Et Le Golb, hélas, n'échappera pas au rabais. Comme tous les français (car notre rédaction, à Zippo, Alf et moi-même, se situe à Boulogne-Billancourt même si elle tend à s'internationaliser) nous devons désormais nous serrer la ceinture, quitte à proposer des programmes à petit budget, pas forcément bas de gamme mais en tout cas nettement moins hype et luxueux qu'auparavant. La chute d'ailleurs a été amorcée il y a quelques semaines, avec la multiplication des Rock'N'Roll Hall of Shame (on remplace les beaux articles musicaux par des articles pourris au sujet d'albums merdiques éternellement en promotion). Et ça ne va pas s'arranger d'ici 2009 : ralentissement des publications, nouvelles rubriques de pur remplissage, reprise des Chroniques d'Amour, Gloire & Beauté pour une saison trois encore plus creuse que les deux premières, bibliographie détaillée et commentée d'Alexandre Jardin... notre rédaction songe même à un reportage d'investigation intitulé J'ai enfin trouvé à quoi sert Facebook... c'est vous dire.
Tout ceci aurait bien sûr été plus à sa place dans une newsletter, manque de bol : nous n'avons plus les moyens d'en poster. Nous n'avons d'ailleurs plus de moyens du tout, en témoigne l'absence de vidéo youtube d'une fille qui crie en-dessous du gros LA CRISE (voir le début de l'édito), ou encore la situation catastrophique de l'ami Alf, dont le dessin de la semaine témoigne avec un sens certain du tragique de la crise interne dans laquelle Le Golb est plongé.
Merci de ne pas vous moquer de lui, il a vraiment fait ce qu'il a pu avec les moyens qu'il avait (c'est-à-dire pas grand-chose).
Sans doute aurions nous pu saisir cette occasion pour essayer de se changer les idées ensemble... par exemple en répondant à cet excellent tag offert par Choupy : les sept blogs que j'aime. Un peu de douceur, d'amour et de consensus en ces temps de crise... nous en avions bien besoin. Hélas - mille fois hélas... il n'en sera rien. Nous sommes désormais limités en nombre de lien par page, pas plus de cinq, notre santé financière est en jeu. Il va donc sans dire que ceci n'est absolument pas un moyen de se défiler pour le tag mais une mesure drastique visant à assainir les finances du Golb.
De toute façon nous nous en sortirons. J'en ai eu la preuve pas plus tard que la semaine dernière - c'est souvent dans les moments les plus désespérés que la lueur surgit à l'autre bout du tunnel. J'étais en train de me faire coiffer, non pas par Jean-Pierre Jean mais par une vraie coiffeuse, lorsque Sonia (la coiffeuse, donc) fut subitement secouée de spasmes étranges - je compris trop tard qu'elle venait d'être possédée par l'esprit malin de Christine Lagarde (je rigole, bien sûr... pour l'esprit malin). Extrait à déconseiller aux âmes sensibles :
« Je vous fais la barbe, aussi ?
- Non non, ça ira ; je préfère la faire moi-même.
- Bien Monsieur.
- Je vous en prie : appelez-moi Thomas.
- Bien Thomas ! Je vous fais les pattes, quand même ?
- Bien sûr ! Les miennes ont toujours tendance à être un peu trop touffues...
- Vous lisez quoi ?
- Libération.
- Oh. Ils parlent de la crise je suppose ?
- En effet.
- C'est problémaitique.
- Euh... oui. De toute évidence.
- Moi vous savez, j'suis pas économiste hein... mais bon, j'y réfléchissais l'autre jour avec Karim (Karim c'est mon mec) et donc je me disais, y s'moquent quand même un peu d'nous les puissants - pas vrai ? »
Devant ce ton inquiet j'ai opiné du chef - dans la limite du possible puisqu'elle était tout de même en train de me ratiboiser avec un ciseau.
« Parce que quand même, y a une solution simple.
- Ah...
- J'veux dire : si les banques elles faisaient plus de prêts, on aurait plus d'argent.
- Euh...
- Donc : le pouvoir d'achat remonterait. Et on pourrait consommer plus. Et l'économie repartirait. C'est facile en fait, c'est juste une question de bonne volonté...
- Euh... oui... c'est clair !
- Mais bon : les puissants, y s'moquent quand même de nous. Tous ces patrons avec leurs parapentes...
- Parachutes...
- Oui oui... parapentes, parachutes... y s'moquent de nous quand même.
- Oui.
- Heureusement que nous on est pas comme les américains hein...
- ...
- ... nous quand même, on a de la chance d'avoir Sarkozy. Bon : c'est vrai qu'au début je l'aimais pas trop, moi j'ai voté Bayrou parce qu'il est intelligent et en plus il vient du Béarn comme ma mère. Mais en fait il fait quand même bien son travail hein. J'veux dire que déjà, il fait quelque chose, ça nous change des autres. Je suis sûre qu'avec lui on va réussir à s'en sortir, et de toute façon l'économie française elle est protégée par ses régences quand même... »
Comment dire ? J'en suis ressorti le cœur haut, léger - pour ne pas dire aérien.
Rien n'est perdu, chers lecteurs du Golb. Les temps sont durs, mais Sarkozy et Sonia sont là pour redresser l'économie.
Nous périrons donc le ventre vide, mais la tête haute.
1 C'est un bien triste avenir, mes amis, qui attend l'enfant de Rachida Dati
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