mardi 16 septembre 2008

Terry Pratchett - Fans Cannot Be Wrong

...
Est-il vraiment possible de ne pas aimer Terry Prachett ?

(OUI ?!)

On a du mal à le concevoir tant l'inventeur du Disque-Monde semble incarner l'auteur populaire au sens le plus noble du terme, celui qui fait céder aussi bien le public que la critique, ceux considérant la lecture comme un divertissement comme les plus farouches défenseurs de la littérature. Drôle, inventif, jamais bas de front, écrivant à la chaîne mais se prenant très rarement les pieds dans le tapis... Pratchett a un côté irrésistible et profondément SYMPATHIQUE le rendant impossible à détester complètement - quand bien même on serait imperméable à son travail. Ajoutez à cela qu'il possède juste ce qu'il faut de détracteurs (lui reprochant généralement son côté moralisateur) pour ne pas être consensuel et vous obtiendrez l'archétype de l'auteur - bon camarade, rarement essentiel mais toujours agréable à retrouver.

Considéré par certains fans comme son meilleur, « Pyramids » a comme tous les autres des qualités et des défauts, son princpal point fort étant d'être... court. Non pas que la faible densité soit une vertu en littérature - elle en est surtout une chez Pratchett. Comme tout ce qui est très rare, un Pratchett court est quelque chose de précieux qu'il serait dommage de louper (si l'auteur de « Reaper Man » a au moins un point commun avec les auteurs fantasy qu'il parodie c'est assurément son incapacité à faire bref). Celui-ci n'excède pas les trois cents pages (du moins dans notre édition), ça ne le rend que plus savoureux, plus rythmé, plus prenant...

... sauf qu'hélas, deux fois hélas, « Pyramids » a à l'inverse un défaut que la plupart des Pratchett n'ont pas... il n'est pas super drôle. Disons qu'il est assez drôle, caustique et « efficace » (l'efficacité est l'ennemi de la qualité a dit le philosophe, grand amateur de Pratchett devant l'Eternel), mais que l'histoire de Teppic, diplômé de la Guilde des Assassins devenant pharaon malgré lui, a parfois des airs de déjà-vu gâchant le plaisir inhérent à toute lecture de l'auteur. Visiblement beaucoup moins à l'aise lorsqu'il parodie l'Egypte Ancienne que lorsqu'il tire sur la société de consommation ou la Religion Catholique, Pratchett maîtrise manifestement moins bien son sujet qu'à l'accoutumée... et plutôt que de se moquer de l'Egypte Ancienne il donne surtout l'impression de tourner en dérision les clichés sur l'Egypte Ancienne, au cœur d'une histoire parfaitement menée mais relativement superficielle (ce que ne sont quasiment jamais les livres de Pratchett). On admettra que c'est quand même assez embarrassant... concernant l'un de ses meilleurs !

Ceci posé accordons lui cependant de se lire vite et bien... ce qui en fait d'une certaine manière une bonne "initiation" à Pratchett... bien que moins bons que d'autres, « Pyramids » est suffisamment agréable pour donner envie au lecteur de passage de découvrir le reste de l'œuvre - et donc des épisodes plus essentiels. En somme ce qui serait rédhibitoire chez un autre ne constitue chez l'excellent Terry qu'un moindre mal...


Pyramids 
Terry Pratchett | Corgi, 1989