mercredi 11 juin 2008

Communiqué de la rédaction

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Alors voilà.
Aujourd'hui, Le Golb est en grève. Ca m'a pris comme ça, afin d'afficher mon soutien à tous nos amis de la fonction publique (il parait qu'il en reste quelques uns, des fonctionnaires - information à vérifier tout de même). 

Et bien entendu j'ai choisi la journée où ça ferait chier le plus de monde, le mercredi, jour d'édito, jour d'affluence sur ce blog. Ne le prenez surtout pas pour vous. C'est prévu de longue date mais je n'ai pas voulu déposer de préavis de peur qu'Over-Blog instaure un service minimum. On ne vous dit rien mais ils ont ça en tête depuis quelques temps, chez OB. Demander aux blogueurs qui ne font pas grève de venir remplacer au pied levé ceux qui suivent le mouvement. Soit disant dans l'intérêt des familles, parce que oui, moi aussi j'avais du mal à y croire, mais selon certaines études réalisées par les équipes d'Éric Besson il semblerait que certaines personnes n'ayant pas leur dose quotidienne de Golb soient capables du pire *
Aussi, il a été envisagé par les différents hébergeurs de blogs de faire assurer le remplacement des blogueurs déficients par d'autres moins scrupuleux (comme de juste rémunérés en heures supplémentaires). Vu sous cet angle vous excuserez le caractère imprévisible de ma démarche : vous avez échappé de peu à l'édito rédigé par Michel Meyer (pas le philosophe, hein - le blogueur). Briseur de grève !
Mais venons-en au fait : cette grève. Certains d'entre vous désirent peut-être connaître les revendications de ce mouvement, qui devrait par ailleurs (autant s'y préparer) s'amplifier dans les jours qui viennent et povoquer nombre de chamboulement dans vos programmes bloguiens habituels (pas de Classement des blogueurs jusqu'à la fin du mois, pas d'énigme Biblioblog dimanche prochain, Escar'kroniks suspendues pour cause de grève de La Globule, pas de but de l'Équipe de France avant la semaine prochaine...).
Ce que nous réclamons, bien entendu, c'est avant tout plus d'argent. Je crois parler au nom de tous mes collègues en soulignant que nous vivons pour beaucoup dans la précarité la plus totale, je pense notamment au PC pourri de Guic' The Old ou bien aux crayons d'Alf qui n'ont plus été changés depuis 1999. Lorsque j'ai commencé Le Golb, en mai 2006, je touchais un fixe de 14 centimes par mois, plus une commission de 2 centimes par article. Soit donc 1 euros 16 pour ma première fiche de paie, ce au terme d'un mois record de cinquante et un articles. Ce salaire n'a tout simplement jamais été réévalué, vous comprendrez donc mon indignation : soit, je bénéfice d'horaires flexibles, d'une quantité de vacances non négligeable au nom du régime des congés payés... néanmoins en août 2007 je n'ai touché que 16 centimes. Comment je fais, moi, si demain mon ordinateur me lâche ? Et je ne vous parle pas de ma retraite, d'ici à ce que je cotise assez longtemps pour arrêter de bloguer le concept même de retraite n'existera probablement plus.
Il serait sans doute long et fastidieux de relever tous les signes de précarité bloguienne due à la faible rémunération de mes semblables. Citons-en néanmoins quelques uns :

- Gaëlle, qui n'a plus les moyens d'entretenir son blog depuis des mois. Du coup, comme beaucoup d'autres avant elle, elle a été contrainte de délocaliser. Bilan : le meilleur café littéraire de la blogosphère à l'abandon et trois suicide de fans.

- Chtif, qui connaît des graves problèmes de financement de son blog depuis presqu'un an maintenant. L'entreprise semble avoir vaguement refait surface depuis peu (grâce à l'intervention d'actionnaires étrangers) mais la situation reste on ne peut plus précaire, notre ami en étant réduit à chroniquer le rock de seconde zone de Mötley Crüe faute de pouvoir se payer les chouettes cds dont il aurait besoin pour travailler correctement.

- Guic' The Old, qui a annoncé le changement de titre de son blog le 5 avril dernier après une tentative de suicide ratée (le pauvre était persécuté par les huissiers et espérait les fuir en changeant d'identité). Deux mois plus tard les travaux sont en stand-by, l'inflation du coût des licences de titres de blog ayant explosée depuis le début de l'année. Faute de moyens, non seulement son blog continuera à avoir un nom ridicule jusqu'à la fin des temps mais en plus il pourrait bien s'arrêter purement et simplement.

- Laiezza, qui est payée juste à la commission et confiait il y a peu ses difficultés à honorer son loyer alors que son blog attire moins de cent visiteurs par jours.
- Mr Kiki, qui après avoir longtemps résisté aux sirènes des multinationales à dû se résoudre à produire ses célèbres kiki-pages à la chaîne - il a tout de même une famille à nourrir.
Sans oublier bien sûr The Civil Servant, Boeb'is et moi-même, qui à force de peiner à boucler nos fins de mois avons fini par céder aux avances (et nos plumes) à l'entreprise capitaliste Culturofil, qui ne nous rémunère pas beaucoup plus que l'État... mais quand on est pris à la gorge le beaucoup n'a aucune importance - seul compte le plus.

Malheureusement ce genre d'initiative risque, dans les mois à venir, d'être de plus en plus répandue dans la blogosphère. Nombre de blogueurs avoue à mots couverts songer à aller travailler dans le privé, voire à se faire financer par des fonds de pensions. Les autres se rendent à l'évidence : pour subsister il faudra bientôt accepter de louer leurs espaces aux publicitaires de tout crin... et encore, là, on parle pour ceux d'entre nous qui de par leur référencement et leur représentativité auront les moyens de chercher à penser à essayer peut-être de rebondir...
Il nous a donc semblé temps, à mon camarade Alf (lui aussi en grève - voir plus bas) et moi-même, de tirer la sonnette d'alarme et d'alerter l'opinion sur la grave situation actuellement traversée par la blogosphère. Sourd à nos revendication, Éric Besson n'a pour l'instant pas daigné nous recevoir (soi-disant qu'il n'aurait pas digéré une blague que j'aurais faite un jour sur lui... on dirait qu'il a la rancune aussi tenace autant que la mémoire courte). Le soutien populaire ne nous sera pas de trop pour obtenir gain de cause.
Terminons en saluant au passage initiative - que dis-je ? Le courage !... de notre amie Magda, qui en dépit d'une conjoncture économico-bloguienne des plus défavorables n'a pas hésité à se lancer en free-lance. Ca s'appelle Le Bic dans l'œil, et comme toujours avec Magda : c'est de grande qualité.
Merci à tous de votre attention, et toutes nos excuses pour ces perturbations. Cette grève étant reconductible, l'édito de la semaine prochaine devrait probablement être remplacé une rediffusion d'un précédent édito - au moins cela vous donnera t'il l'occasion de vous rappeler que vous devez absolument commander l'album de VIOL.
A bientôt !

DERNIERE MINUTE : Alf souhaite s'exprimer au nom du Syndicat des blog'illustrateurs.
 
Ouaiiiiiis, pareil : Thom et moi on est super-vénérrr' sur ce coup-là ! On est associés dans la grève, ...à fond ! J'ai donc déposé illico mes crayons pourris. Mais comme on est pas des bêtes et qu'on a quand même le sens citoyen, on assume le service minimum. J'avais d'abord fait appel à mon petit neveu pour qu'il me remplace le temps d'un édito, mais le morveux (6 ans) réclamait une Playstation pour la peine ! Résultats : j'ai dû délocaliser fissa en rameutant des collègues d'Asie du Sud Est et du Grand Nord (à bas prix bien sûr). Bon ok, ils ont pas tout à fait compris le charabia de Thom (oui, c'est un peu normal, et quelque part, je suis bien content : pour une fois ce n'est pas moi qui doit affronter ce dilemme !). Et, pour la traduction, on avait pas le budget... Il va donc falloir nous faire confiance : si-si, les gags qui illustrent cet édito sont (pour une fois) très très drôles !
 



(*) pardon, BBB.

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