lundi 7 avril 2008

Elvis Costello - Classique en creux (de la vague ?)

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Commençons par la précision qui s'impose : en vrai, ce disque est l'œuvre (paraît-il) de The Costello Show featuring The Attractions & The Confederates. Rien que ça. On m'excusera donc d'avoir pris un raccourci pour l'intitulé.

Sauf erreur de ma part, King of America doit être le plus gros succès commercial d'Elvis Costello. C'est en tout cas celui de ses disques qui a été le plus souvent remasterisé et réédité - à tel point que j'ai longuement hésité avant de le rechroniquer ici. Néanmoins... ma liste de rééditions étant quasi vide, fallait bien que je meuble en attendant de faire le plein de trucs incontournables.

On passera sur la partie biographico-pipole de l'affaie (Costello vient de divorcer et est sensé avoir splitté les Attractions - mort de rire) pour en venir directement à la musique.

Car l'Autre Elvis se livre ici à un exercice prêtant souvent à la plus franche des  rigolades : celui de l'album de la maturité TM. Comprendre par-là que l'artiste (Costello ici, mais c'est pareil pour chaque album de ce type) va sortir les guitares acoustiques, les synthés parfois et les violons souvent (du moins symboliquement). Si vous n'avez jamais entendu un disque de notre homme autant vous dire qu'il vaut mieux passer votre chemin : le légendaire teigneux à la lunettes s'y métamorphose en crooner post-country loukoumisant - on imagine la surprise des fans à l'époque. « Poisoned Rose », n'y allons pas par quatre chemins, est sans aucun doute le morceau le plus sirupeux et le plus barbant jamais enregistré par Declan McManus (de son vrai nom - qu'il reprend d'ailleurs pour King of America).

Heureusement il n'y pas que de la guimauve à destination de ma mère sur cet album. Il y a aussi des chansons absolument parfaites, la méconnue « Suit of Lights », la déchirante « Indoor Fireworks » ou encore la désopilante « Eisenhower Blues » - qui laisse supposer que l'ex proto-punk n'a pas encore tout perdu de sa morgue. L'honneur est donc sauf, même si on peut (et doit) s'interroger sur l‘intérêt d'un truc comme « Don't Be Misunderstood » à l'aube du vingt-et-unième siècle. Si l'on ne doute pas que le morceau ait fait se damner quelques personnes dans les années 80 on aura quand même un peu de mal aujourd'hui à aller au bout de ses trois minutes dix-huit. On préfèrera nettement le Costello Show lorsqu'il voit son maestro se la jouer pub-rock goguenard (« Lovable ») ou cowboy de série B. (« Glitter Gulch »). Ca ne va pas chercher loin mais au moins c'est efficace.

Reste un curieux paradoxe qui frappe a posteriori : comment expliquer que cet album ait à ce point vieilli soniquement parlant alors que le suivant, l'adorable Blood & Chocolate, paru quelques mois plus tard, n'a pas pris une ride ?... Impossible à dire. Reste que sur ce disque aussi mineur que plaisant les meilleurs morceaux (le sarcastique « King of Confidence » ; le magnifique « Suffering Face ») sont sur le CD bonus... c'est vous dire...


👍 King of America 
Elvis Costello | Columbia, 1986