jeudi 17 janvier 2008

Tue-Loup - Forcément incontournable

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J’avais pourtant juré que non, tant pis, je ne chroniquerai pas le nouveau Tue-Loup. Je n’avais pas eu le temps de l’écouter assez pour écrire dessus. Car lorsque mxmm m’a demandé ce que j’en pensais j’ignorais jusqu’à l’existence du Lac de Fish – pourtant sorti alors depuis un mois. Et il me fallut encore un mois pour parvenir à me le procurer. Quant à le cerner… soyons sérieux : il s’agit d’un album de Tue-Loup (le sixième). Par définition et même s'il est plus simple que d'autres, il faudra donc au moins un an pour l’appréhender parfaitement – ce qui l’exclut théoriquement de toute sélection réalisée à chaud. Déjà pour le précédent (somptueux Rachel au Rocher) j’avais attendu trois mois avant d’en publier une critique…

Mais « Cabale » aidant, « Gisant » vibrant… j’ai fini par céder. Car Tue-Loup, c’est un peu comme Radiohead avant 2007 (pour moi en tout cas) : le groupe auquel on met d’office la note maximale. Par précaution pour ne pas se déjuger plus tard. En prévention de tout ce que l’on va découvrir au fil des écoutes de la dernière livrée.

Dans un premier temps Le Lac de Fish déroute. Normal, c’est Tue-Loup direz-vous. Oui, mais justement : Le Lac de Fish déroute car pour la première fois depuis le chef-d’œuvre Penya on n'est pas spécialement surpris ni par la couleur de l’ensemble ni par les ambitions (plus folk-rock que jamais, intimistes jusque dans le jeu de batterie) du répertoire. Soniquement très proche de Rachel au Rocher, musicalement renouant avec le côté plus direct des premiers disques, Le Lac de Fish est pourtant bien plus qu’un compromis et n’a franchement rien d’une redite : c’est avant tout l’aboutissement d’une œuvre de plus d’une décennie pour laquelle l’adjectif singulière semble avoir été inventé. Et qui à l’instar des œuvres d’un Nick Cave ou d’un Leonard Cohen aura toujours son lot de réfractaires qui, pourtant, ne pourront jamais lui dénier son authenticité ni sa personnalité. Dont acte : à lire les articles déjà postés sur divers sites internet il semble que les critiques soient enfin parvenus à classer Tue-Loup – plus de la moitié fait référence à ce point. Du côté du Golb, on s’en fout un peu : Tue-Loup fait du Tue-Loup, surprend à chaque sortie, se dévoile à chaque écoute, se renouvelle sans jamais perdre de vue les fondamentaux : un son de guitare immédiatement reconnaissable (Thierry Plouze fait une fois encore des merveilleux), des arrangements bien plus ambitieux et fouillés qu’il y paraît de prime abord, une vision artistique bien rare sur la scène française et bien sûr des textes uniques et une voix poignante… plus à fleur de peau que jamais, Xavier Plumas fout les larmes aux yeux sur tous les titres, voir un sacré frisson lorsqu’il entonne un vibrillonnant « Tour de la Terre » ou s'élance dans un voyage sensuel « En Terre inconnue ». En somme un disque bien évidemment fantastique et forcément incontournable. Rien d’étonnant de la part de l’un des meilleurs groupes aujourd'hui en activité – français ou non (je sais : je radote).


👑 Le Lac de Fish 
Tue-Loup | T-Rec, 2007