lundi 24 décembre 2007

La Chronique de Noël 2.0

...
Frères Noëlomaniaques, amis anti-Noël par crainte irrationnelle, foutus anti-Noël par snobisme, chers centristes de la Nativité et putains de bordel de traditionnels connards de Noël, 

Par bien des aspects, Noël 2007 prend pour moi un tour particulier, c’est pourquoi je ne puis remplir correctement mes fonctions et vous livrer une chronique de Noël supérieure ou égale à celle de l’an dernier.

Notez cependant que comme l’essentiel était déjà dit dans ce premier texte et que globalement, Noël, c’est un peu la même chose tous les ans… ce n’est pas bien grave (et de toute façon n'est-ce pas l'époque des rediffusions par excellence ?) C’est peut-être même une excellente nouvelle. Je ne vous cache pas en effet que depuis quelques années, je glissais dangereusement vers le blasage de la joyeuse fête. On a beau dire et faire, les traditions au bout d’un moment ça gave un peu (dans tous les sens du terme). Normal : leur concept repose sur le principe de redite, de répétition. Ça s'en va, ça revient. Les traditions sont un peu comme des modes qui ne voudraient jamais passer. Des modes qui resteraient perpétuellement à la mode même si elles gavaient la planète entière (dans la mesure où l'on voit mal tous les habitants des pays célébrants cette fête se réunir autour d'une grande table pour décider de l'arrêt de Noël - cette fête totalement has-been - ou de l'organisation d'un Grenelle de la Nativité pour voir quels sont les moyens de relancer la croissance noëllienne à échelle mondiale). En somme si les dix premiers sapins à décorer c’est sympa – au bout du vingtième on commence un peu à se lasser. On essaie de varier les couleurs (bleu et blanc, spécial rouge, d'or et d'argent... vous marrez pas il y a réellement des modes pour les couleurs illustrant les sapins - et je ne serais même pas surpris d'apprendre qu'il existe des stylistes de sapins de Noël), mais fondamentalement on ne varie pas le sapin en lui-même (j’ai bien essayé de me planter un thuya de Noël en 2005 mais ça rendait pas terrible). Le temps et la parentalité aidant, on retrouve peu à peu le goût de la noëllomanie, cependant le jour où vos gosses cessent de croire à cette merveilleuse et invraisemblable histoire de Père Noël… c’est plus pareil. Quelque chose se détraque qui sauf à faire d’autres gosses ou à ce que les premiers se mettent à en faire ne se réparera jamais. Triste, tout de même. Very triste.

Tellement triste que j'ai décidé d'avoir un enfant en 2008 afin de pouvoir m'éclater au prochain Noël (tiens... c'est marrant je viens de me rendre compte que mon aimée avait changé de numéro... bizarre...). Excusez-moi...: je me laisse emporter par la joie d'écrire ma seconde chronique de Noël (c'est à dire que j'ajoute à une tradition chiante une autre tradition chiante... je me demande ce que mon psy en penserait...). Je voulais juste dire en fait que les Noël où les-nos-vos enfants croient encore au Père du même nom... ce sont quand même les plus supers - et les moins nombreux, hélas. J'envie ceux qui ont le bol d'avoir des enfants qui marchent encore dans la combine, profitez-en bien, savourez parce que ça ne dure pas (et en plus quand ils apprennent la vérité ils vous le reprochent - et commencent à commander des consoles de jeux).

Les cadeaux justement... puisqu'on en parle, hein. Bah pour les cadeaux, finalement, c’est le même principe que pour le sapin ou le vieux barbu : quand vous êtes gosses vous avez plein de cadeaux originaux, des tas de paquets, les gens se creusent la cervelle pour vous. Une fois adulte c’est quand même moins fouillé, combien de fois nous sommes-nous retrouvés avec des chèques FNAC (je rappelle que le chèque FNAC est à peu près l’horreur absolue, il n’y a pas cadeau de Noël plus con qu’un chèque FNAC à part le dernier Prix Goncourt) ? Ou une cravate : tous les ans il y a toujours au moins une personne pour m’offrir une cravate. C’est dingue : j’ai la plus grande collection de cravates de Normandie alors même que j’ai dû en mettre une seule, deux fois, dans toute ma vie. Désespérant.

La bonne nouvelle, c’est que forcément du côté de chez nous en 2007 les choses vont être différentes. Je prédis à l’avance plus de larmes hystériques que de digne recueillement, n’empêche : ç’a au moins le mérite de nous offrir un Noël différent des autres, un Noël original, un Noël qu’on va pouvoir personnaliser. C’est en ce sens que j’ai décidé, cette année, de customiser mon Noël en faisant preuve
de pudeur. De ne pas exhiber mon esprit de Noël au vu et su de tous. De m’épargner les décos de Noël, les cadeaux faits à la famille, la dinde et les colifichets. Je veux en 2007 revenir à l’esprit originel de Noël, à la pureté de Noël. Après tout : de même que je n’ai pas besoin d’aller sur la tombe des gens spécialement le jour de la Toussaint, je pense ne pas avoir besoin de chanter jingle bells pour fêter Noël – ni de faire quoi que ce soit d’ailleurs. La preuve : demain, 25 décembre, jour de fête mondiale, j’ai prévu de ne rien faire. De rester tranquille chez moi à traîner en robe de chambre toute la journée, de lire un bon bouquin en écoutant Stravinsky (éventuellement d'écrire quelques chroniques). Rien de plus. Ce qui ne signifie nullement que je souhaite bouder Noël – une des plus belles fêtes qui soient. Simplement cette année… je serai seulement ennoëllé à l’intérieur. Discret quant à mon bonheur de voir mes grands-parents en forme ou mes amis heureux. Je regarderai tout cela de loin, avec la même distance que j’applique au quotidien dans chaque chronique. Je serai secrètement content, silencieusement apaisé et je penserai à ceux et celles qui ne sont pas là, sans regretter que nous ne soyons pas ensemble et n’ayons pas été simultanément frappés par l’esprit de Noël – décidant de nous retrouver pour l’occasion.

Pour ce faire j’ai donc demandé aux gens autour de moi de ne pas me faire de cadeaux et de ne pas me passer de coup de fil pour savoir comment ça va. Bon. ..je ne suis pas assez naïf pour croire qu’ils m’obéiront (foutue cravate), mais je vais faire semblant du contraire. Et tandis que d’autres se gaveront de dinde à s’en faire péter la sous-ventrière je n’aurai nullement besoin de mon côté de faire un régime vu que je n’aurais ingéré dans la journée du vingt-cinq que du capuccino (ah et puis je me suis aussi acheté quelques cigares, histoire de se faire un peu plaisir). Ai-je besoin d’autre chose ? Après tout Noël est une fête où l’on est censé se réjouir de savoir que les gens qu’on aime sont heureux et en bonne santé. Ce me semble être le cas, du coup ce soir après un réveillon écourté je m’endormirai avec la satisfaction du devoir accompli. Il y aura sûrement eu quelques rires, beaucoup d’amour et quelques instants de silence. Ça me paraît très bien comme ça. De la paix et quatre guirlandes, deux bises qui font plaisir et quelques poignées de main qui réchauffent… un bon Noël est un Noël sobre, un bon Noël n’a pas besoin de faire mal au crâne ni au foie. Un bon Noël, en somme, ça se joue dans la tête – comme beaucoup de choses dans la vie. Il suffit de se sentir un peu en paix et de sourire à l'existence sans avoir besoin d’en faire des tonnes pour se convaincre…

… c’est mon cas, et je vous en souhaite autant.

Amitiés à tous.