vendredi 30 novembre 2007

The Rolling Stones - A Bigger Band ?

Commençons par la fin : deux ans après sa sortie, A Bigger Bang est toujours le meilleur Stones depuis 1978. Il faut bien avouer que ce n’était pas bien dur vu le catalogue du groupe entre 79 et 2004, n’empêche, A Bigger Bang demeure synonyme de retour en forme (on en dira pas autant de la tournée qui l’a suivi de près, montrant notamment un Keith Richards régulièrement à côté de ses pompes). Si la première réécoute est toujours aussi séduisante on admettra en revanche assez vite que cet album n’est plus aussi fabuleux qu’après les premiers mois. Sans doute parce qu’il est beaucoup trop long : hormis Exile on Main Street, aucun classique des Rolling Stones n’excéda jamais les quarante minutes. Celui-ci en fait soixante-quatre, soit au moins vingt de trop.

Et pourtant A Bigger Bang reste particulièrement enthousiasmant, surtout dans sa première moitié. « Rough Justice », n’en déplaise aux grincheux, c’est du grand Stones. « Streets of Love », d’abord anecdotique, a fini par s’inscrire dans la mémoire, se sifflote avec plaisir et apparaît finalement comme une ballade ni plus ni moins honnête qu’« Angie ». « Sweet Neo Con » a confirmé sa force de frappe (quand bien même son texte semble de plus en plus con au fil des écoutes), et les morceaux les plus dispensables (« Driving Too Fast », « She Saw Me Coming ») demeurent agréables grâce à une production évitant habilement les errances FM polluant les albums des Stones depuis le début des années 80.

Ce qui frappe surtout c’est la cohésion du groupe : pour la première fois depuis son intronisation en 1994, Daryl Jones donne réellement l’impression d’être intégré ; Ronnie Wood n’est pas en reste, offrant sur « Oh No, Not You Again » une succession de répliques piquantes aux assauts de Richards, brossant une rythmique on ne peut plus efficace sur « Let Me Down Slow » et tenant la baraque le reste du temps. Les refrains sont particulièrement enlevés, la voix est au top niveau… non, décidément, A Bigger Bang ne méritait pas les vannes qu’entraîne fatalement toute sortie des Stones depuis quinze ans. Il présente au contraire un groupe retrouvant le goût du risque, au sens musical (« Infamy ») comme symbolique (vicieux « Laugh, I’m Nearly Dead »). Si l’ambition a de toute évidence quitté le navire depuis des lustres, la hargne semble enfin retrouvée, en témoigne cette manière de transcender par l’interprétation y compris les compositions les plus oubliables (« Dangerous Beauty »).

Concluons néanmoins avec un zest d’objectivité cet article d’une rare mauvaise foi : il est indéniable que sur quinze titres, A Bigger Bang n’en compte qu’une dizaine qui soit réellement mémorable. C’est un fait.

Cette observation objective à présent posée, posons une autre question : combien de disques brillants seulement aux deux tiers entendons-nous réellement dans une année ?

Trop peu pour négliger celui-ci.


👍👍 A Bigger Bang 
Rolling Stones | The Rolling Stones, 2005