vendredi 12 octobre 2007

Honoré de Balzac - Parigots têtes de...

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Il y a quelques semaines nous évoquions dans ces pages la vraie-fausse misogynie de Balzac, dont on nous parle à longueur d'essais critiques mais qu'on ne voit quasiment jamais.

Dans le cycle des Parisiens en Province apparaît à l'inverse un trait important de l'oeuvre balzacienne qu'on oublie souvent d'évoquer : sa relative démagogie.

J'en vois déjà qui grimpent aux rideaux, et j'en suis fort aise... je m'expliquerai dès qu'ils seront tous redescendus...

... voilà... c'est bon ?

Evidemment il s'agissait ici d'une provocation grossière, basée néanmoins sur un constat qui m'a toujours un peu interloqué : il y a chez Balzac un côté terriblement irritant dans cette manière de casser du Parisien avec le provincial et du provincial avec le Parisien. Ce n'est évidemment que sous-tendu, mais je crois que c'est bel et bien présent et assez difficilement expliquable.

Prenez L'Illustre Gaudissard, personnage éponyme du premier volet de ce cycle. Etait-il possible d'imaginer Parisien plus caricatural, vulgaire et piteux que celui-ci ? Qui sera ridiculisé et floué, comme de juste, par des provinciaux gentils et honnêtes, travailleurs, proches des vrais valeurs... hum hum. Certes la subitilité n'est pas la principale qualité de notre auteur. Mais tout de même, un tel simplisme laisse pantois. On n'est même plus dans la caricature, encore moins dans la satire... tout au mieux dans la parodie bas de gamme - voire bas de plafond par instants.

La Muse du département, avec son titre joyeusement ironique, ne rachète cette entrée en matière peu excitante que durant quelques pages. Une décennie de travail, de réflexions (et combien d'autres textes !) la sépare de Gaudissard, mais si le roman s'avère bien plus maîtrisé, ce n'est qu'une apparence assez vite balayée par des scènes souvent caricaturales à l'extrême. Librement inspiré de George Sand (très très librement, en fait - ce qui n'empêchera jamais les plus grands critiques de faire un rapprochement d'autant plus fastoche que l'auteure est carrément citée dans le texte) et plutôt original - notamment dans ces fausses citations de vrais poèmes qui le ponctuent, le livre séduit autant qu'il agace. Quelques personnages amusants (notamment le prétentieux Lousteau), des dialogues plutôt tranchants... mais en toute honnêteté rien qui soit digne du Grand Balzac. Et si les idées sont sans doute moins simples que dans le premier volet, l'intrigue se révèle au final à peine moins prévisible. Décevant.


👎 Les Parisiens en province 
Honoré de Balzac | Louis Conard Éditeur, 1844