samedi 16 juin 2007

Nick Cave (part 1)

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A l’instar de notre précédent Rékapituléidoscopisé, David Bowie, Nick Cave a eu un impact sur tous les fronts : musical, littéraire, esthétique… on peut raisonnablement considérer qu’hormis Joy Division, aucun autre artiste n’aura aussi bien cristallisé toutes les obsessions sociales et artistiques des années 80. Mais là où sa carrière aurait dû sombrer au gré des changements de modes, Nick Cave a su négocier une succession de virages ambitieux lui permettant, en 2007, de toujours être le meilleur dans sa partie. La preuve avec le récent Grinderman, encensé partout où il est passé. Petit retour sur la carrière de celui qui, avant d’être un musicien, est surtout un poète…


1. FRIENDS OF MY WORLD : 1978-83

La révolution punk en marche, aucun pays ne résiste. Surtout pas l’Australie, qui abrite quelques fleurons du genre, notamment les excellents Radio Birdman et les époustouflants Saints. De quoi donner envie au jeune Nicholas Edward Cave, vingt-et-un ans au compteur, de fonder son propre groupe. Boys Next Door voit le jour à la fin de l’année 1978, avec déjà Tracy Pew (à la basse) et Mick Harvey (à la guitare), futurs compagnons de (dé)route du crooner goth durant les épopées suivantes. Ce groupe prometteur mais royalement ignoré du public et des critiques donnera naissance à un autre qui comptera parmi les collectifs les plus importants des années 80 : The Birthday Party. Dès lors, la presse gardera toujours à l'œil l’impétueux leader-bâtisseur d’univers, le couvrant de dithyrambes à n’en plus finir. Post-punk, gothic-rock, no-wave, hardcore… les qualificatifs se comptent par dizaines. La réalité est plus simple que ça : The Birthday Party sera tout bêtement le groupe de rock’n’roll créatif et singulier que les années 80 attendaient pour réellement débuter. Et s’il ne récoltera pas forcément de suite les fruits de son succès, son impact sur la scène de l’époque sera aussi immense qu’immédiat…

👍👍 Door Door (Boys Next Door, 1979)

Premiers pas discographiques du duo Cave/Harvey, Door Door a la particularité d’avoir été publié et sous le nom de Boys Next Door et sous celui de The Birthday Party. Étonnant, d’autant que ce disque puissant et racé n’évoque que très rarement le premier « vrai » TBP. Il s’agit d’un effort ni vraiment punk ni complètement post-punk sous perfusion Television, dont le maître d’œuvre semble être moins Cave ou Harvey que le bassiste Tracy Pew, qui porte les morceaux les plus rapides (« The Voice », « The Nightwatchman ») sur ses épaules. On est régulièrement étonné par le côté non seulement frontal mais surtout extrêmement mélodique de chansons comme « Shivers » ou l’entêtante « Friends of My World », issues en réalité de différentes sessions regroupées sur cet album alors que le groupe est déjà devenu Birthday. Ceci explique peut-être cela, mais il n’en demeure pas moins que Door Door est un disque plus accessible et plus immédiat qu’à peu près tout ce que fera Nick Cave durant la suite de sa carrière. Le revers de la médaille est qu’il s’agit d’une musique nettement moins originale… cependant le recul force à reconnaître que cet album teigneux et brillant, dans lequel Nick Cave définit son univers de manière principalement littéraire (« Brave Exhibitions », « Somebody’s Watching »), ne méritait assurément pas de disparaître des mémoires.


👍 The Birthday Party (The Birthday Party, 1980)

Initialement enregistré comme le second opus des Boys Next Door, The Birthday Party va être sélectionné par Nick Cave et ses copains comme nouveau nom du groupe. Qu’est-ce que ça change ? Sur le papier, pas grand-chose : mêmes membres, mêmes titres… ou tout le moins titres portant des noms différents ! Car la musique du quintette n’a (déjà) plus rien à voir avec ce qu’elle était un an plus tôt. Rien que le son est aussi trash et brouillon que celui de Door Door était clean et léché. Par instants, on a même la sensation que le groupe a régressé ! En fait, il a surtout élargi son spectre d’influences, allant piocher du côté du rock psyché de Captain Beefheart et des pionniers du hardcore américain (la déjante de « Waving My Arms » évoquant fortement les élucubrations des Dead Kennedys). Le côté chaotique, carnavalesque et malsain de « Hats on Wrong » et « Guilt Parade » doit par ailleurs énormément à la prise de contrôle du guitariste Rowland Howard, bien mieux intégré que lors du précédent opus. Pew, de son côté, se fait plus discret, formant avec le batteur Phil Calvert un genre de grondement menaçant perpétuellement sur la brèche (« The Red Clock »)… mais ce qui étonne le plus, en fait, c’est que les maîtres artilleurs de demain ne sont pas encore ceux d’aujourd’hui : Nick Cave et Mick Harvey, autour desquels seront bâtis les deux albums suivants (et la plupart de ceux des Bad Seeds) sont pour l’heure d’une rare discrétion. Le premier signant seulement quatre textes sur dix ; le second ne faisant que co-composer « Happy Birthday » et brosser des jolies enluminures multi-instrumentales ici ou là. Un bon disque, mais un disque de transition, n’ayant ni le côté simple et fulgurant de Door Door ni le génie des suivants.


👑 Prayers on Fire (The Birthday Party, 1981)

Premier album du groupe à bénéficier d’une sortie internationale, Prayers on Fire restera aussi incontestablement le chef-d’œuvre de Nick Cave et de ses camarades durant pas mal d’années. Tout à la fois apogée de leur carrière et commencement de la fin, suivant de près une tournée anglaise à guichets fermés, ce second disque de Birthday Party a bénéficié de l’influence d’une scène anglaise en pleine effervescence post-punk, et ça se sent : durant le tour, Cave, Harvey et Howard ont fréquenté de près Joy Division et Pere Ubu, chipant au passage quelques conseils et idées bien utiles pour la mise en place de cet opéra gothique ultra-violent. Sur Prayers on Fire le bien nommé (ce titre pourrait définir l’intégralité de l’œuvre cavienne), les premiers vrais classiques abondent (« Kathy’s Kisses », « King Ink », « Nick the Stripper ») et les morceaux se répondent entre eux, comme dans un concept-album dont le concept serait : pas de concept. Théâtralisant ses interprétations au possible, Cave a métamorphosé The Birthday Party en cover-band de cabaret, et impose enfin totalement son univers dérangé et dérangeant, rural, romantique et macabre… quitte à précipiter la fin du groupe ? Cette éventualité est en effet à prendre en considération. Mais est-ce cher payé pour pouvoir savourer des « Cry », « Yard » et autres « Figure of Sun » ?



2. BABE, I’M ON FIRE : 1983-87

Nick Cave est enfin parvenu, avec Prayers on Fire, à mettre en musique ses noirs fantasmes et à lancer la carrière de son groupe sur de bons rails. Hélas, la mise en détention de Tracy Pew pour consommation et trafic de stupéfiant peu avant l’enregistrement du troisième album compromet de manière aussi tragique qu’inattendue la suite de l’aventure. Jusqu’alors groupe complet et cohérent, The Birthday Party va enchaîner les changements de line-up à n’en plus finir, alignant pas moins de trois bassistes différents dans les mois à venir (dont Harry Howard, frère de Rowland, et Chris Walsh, célèbre requin de studio londonien). Finalement, c’est l’ex-Magazine Barry Adamson qui décrochera le poste, mais le mal est fait : difficile de savoir qui fait partie du groupe ou qui est une guest. D’ailleurs Calvert est viré aussitôt et ne sera jamais remplacé. C’est le moment que choisit le détraqué Blixa Bargeld pour faire sa première apparition dans le paysage cavien… Paradoxalement si ces changements d’effectifs incessants finiront par avoir la peau de Birthday Party, ils feront germer dans l’esprit de Cave l’idée de créer le collectif le plus barré et fascinant des vingt et quelques dernières années : The Bad Seeds.

👍👍 Junk Yard (The Birthday Party, 1982)

Après l’Angleterre, c’est l’Allemagne qui va accueillir le groupe australien pour son troisième et ultime album. Au pays du krautrock et de la no-wave, Nick Cave se fait de nouveaux amis très créatifs et très barrés : Bargeld bien sûr, mais aussi Lydia Lunch et Anita Lane, laquelle écrit les textes grandioses de « Dead Joe » et « Kiss Me Black ». Le résultat est furieux, détonnant, sonne plus allemand qu’anglo-saxon (à l’instar du premier Bad Seeds à venir) et renferme la plupart des grands classiques du groupe (« Junk Yard », « Blast off! », « Hamlet (Pow Pow Pow) »…). Pourtant le résultat est moins impressionnant que Payers on Fire, principalement parce qu’on a l’impression (pas vraiment erronée) que tout part un peu dans tous les sens. The Birthday Party n’est plus vraiment un groupe, mais un collectif doté d’une ossature (Cave/Harvey/Howard) sur laquelle chacun vient triturer son instrument préféré – et accessoirement ceux des autres. D’ailleurs Adamson est totalement perdu, lui qui est pourtant le plus expérimenté des musiciens présents lors de l’enregistrement. Au final Junk Yard reste un excellent disque, notamment grâce à un son surpuissant, mais on ne peut s’empêcher de se dire qu’avec des titres de ce niveau le groupe aurait pu produire un nouveau chef-d’œuvre… on préfèrera cent fois écouter les compos de cet album sur It’s Still Living, live fulgurant sorti quelques mois plus tard – mais particulièrement difficile à se procurer aujourd’hui.


👍👍 From Her to Eternity (Nick Cave & The Bad Seeds, 1984)

Si l’on considère généralement Nick Cave & The Bad Seeds comme une carrière solo, ce point de vue semble fort discutable et fort dévalorisant pour ses camarades, dont le rôle n’a jamais été celui d’un cover-band. Sur ce premier album, le groupe (composé de Bargeld, Adamson et de l’indispensable Harvey) a même une place égale à celle de son leader… car telle est la vérité : Nick Cave à cette époque n’est pas un artiste solo, mais le leader des Bad Seeds. Il n’a d’ailleurs jamais sorti de véritable album solo, et s’il définit la vision globale et l’univers des disques, la partie musicale est assurée mano a mano par des Bad Seeds qui ne feront que s’étoffer avec le temps.
Passé ce constat, ce premier album conserve le côté germanique du dernier Birthday Party en le rendant à peine plus accessible. Il y a ici une volonté de déplaire particulièrement… plaisante, justement, notamment sur les titres les plus improbables (« Cabin Fever! » le décadent, le martial « Well of Misery », la reprise d’ « In the Ghetto », d’Elvis). Les titres ressemblent plus souvent à des collages poétiques morbides qu’à des chansons, mais quelques uns sortent du lot, comme le morceau éponyme, rageur et tendu à l’extrême, purement et simplement terrifiant. Sans parler de la reprise heavy de l’ « Avalanche » de Cohen, qui si elle n’a pas manqué de me dérouter quand j’avais quartoze ans a fini par devenir une de mes chansons préférées des Bad Seeds (TOUT le Noir Désir des débuts est contenu dans ces cinq minutes, tant dans la manière de poser la voix que dans les stries de guitares de Harvey. Du reste, il faut cependant prévenir ceux qui d’aventure tomberaient par hasard sur ce seul disque de Cave que ce n’est ni le meilleur ni le plus accessible… à la première écoute, je l’ai détesté. Et il m’a fallu des années avant de l’apprécier à sa juste valeur…


👍👍 The Firstborn Is Dead (Nick Cave & The Bad Seeds, 1985)

On prend les mêmes et on recommence. Suite habile à From Her to Eternity, le second Bad Seeds est plus dense, mieux maîtrisé, plus rock, mieux foutu, mieux produit… Du coup les premiers classiques affluent : « Tupelo », blues rock caverneux tout à fait emblématique des travaux de Nick Cave, « Knockin’on Joe », ballade déglinguée s’étalant sur sept minutes que n’aurait pas renié (et ne reniera d’ailleurs pas !) Johnny Cash, le rugueux « Wanted Man »… Les ombres de Tom Waits et Scott Walker s’entrecroisent ailleurs sur « The Six Strings that Drew Blood », et les rythmes se font pesants, sinistres, vrombissants, sur des compositions dont les seuls titres résonnent comme des avertissements : « Black Crow King », « Train Long Suffering »… On a globalement la sensation (assez juste, au demeurant) que l’univers de Nick Cave se décante au fur et à mesure que les musiques s’articulent en véritables chansons, et d’ailleurs pour la première fois les paroles sont intelligibles du début à la fin. Si les différences entre The Firstborn Is Dead et son prédécesseur ne sautent pas systématiquement aux oreilles, il en ressort une impression de cohérence et de maîtrise qu’on ne trouvait pas sur From Her to Eternity


👑 Your Funeral… My Trial (Nick Cave & The Bad Seeds, 1986)

Après le remarquable album de reprises Kicking Against the Pricks (qui introduisait une nouvelle pièce maîtresse des Bad Seeds en la personne du batteur Thomas Wydler) le groupe repart sur de nouvelles bases en se séparant de Barry Adamson (qui joue néanmoins sur trois titres) et en épurant son style. Plus blues, moins bruyante, la musique développée sur Your Funeral… My Trial est plus sombre que jamais tout en ouvrant sur de nouveaux terrains de jeux pour un Nick Cave au sommet de son art. Emblématique de ce coup d’œil vers les horizons sauvages américains, « Long Time Man » (créditée à tort Cave/Harvey – il s’agit d’une reprise d’un vieux standard du Delta) crépite dans les enceintes, secouées par une basse à la Joy Division et un harmonica lugubre et lointain. Une fois de plus les gamins découvrant Cave auront l’impression d’écouter un ancêtre de Noir Désir (qui décalquera totalement l’intro galopante de « Stranger than Kindness » pour « Elle va où elle veut »), mais en plus noir, en plus féroce, en plus sauvage.
Pourtant quelque chose a changé : les Bad Seeds sont moins nerveuses, et la voix, surtout, se fait plus caressante. Nick Cave râle plus souvent qu’il n’éructe, dévoilant sur des compositions toujours aussi habitées (« She Fell Away », « Sad Waters ») l’étendue de sa palette d’émotions. Comme souvent le titre éponyme en révèle beaucoup sur les intentions de son auteur… il n’est donc pas surprenant de constater que « Your Funeral… My Trial », en plus de donner son nom au meilleur album du Cave des années 80, soit le premier né d’une longue série de chef-d’œuvres composés au piano…



3. UP JUMP THE DEVIL! : 1988-93

A partir de 1988 va s’ouvrir la période la plus riche, la plus faste, la plus prolifique et la plus indispensable de l’œuvre cavesque. Une avalanche de classiques, l’affirmation d’un univers sombre et mystique… et un Nick Cave plus caméléon que jamais, qui publie à cette époque ses premiers recueils de poésie ainsi que son roman …and the Ass saw the Angel, œuvre gothico-faulknérienne éternellement mésestimée.

👍 Tender Prey (Nick Cave & The Bad Seeds, 1988)

Si Tender Prey renferme deux des plus grands classiques de Nick Cave, « The Mercy Seat » et « Deanna », c’est paradoxalement loin d’être son disque le plus réussi. Particulièrement datée sur certains morceaux (« Up Jump the Devil! » ou justement « Deanna ») la production gâche une fois sur deux des compositions en tout point remarquables, dont certaines seront tardivement ressuscitées sur le Live Seeds de 1993 (« New Morning » en tête). Il serait tentant d’y voir un album de transition : « The Mercy Seat », noir anathème aujourd’hui encore considéré par beaucoup comme la chanson la plus emblématique des Bad Seeds, ou « City of Refuge » affinent l’univers de Nick Cave tandis que le groupe subit de son côté de sévères changement de personnel : Adamson parti, Roland Wolf le remplace… surtout, ce disque marque l’entrée en lice de l’ex (et redoutable) guitariste des Cramps et du Gun Club : Kid Congo. Le voilà débarquant dans un disque assez peu branché guitares mais qui néanmoins lui offre quelques jolis morceaux de bravoure (sur « City… » principalement) qui lui permettront de marquer l’histoire des Bad Seeds longtemps après son départ.
A la croisée des chemins de Your Funeral… My Trial (juste avant) et de The Good Son (juste après), Tender Prey donne vraiment l’impression d’un groupe qui se cherche mais surtout… qui fait très très mal lorsqu’il se trouve. Car si le son a vieilli et conserve quelques stigmates d’une ère post-punk quasiment achevée (notamment dans la rythmique martiale de « City of Refuge » ou dans l’atmosphère baroque d’ « Up Jump the Devil! ») la musique, elle, lorgne déjà vers des choses bien plus bluesy et rock’n’roll (« Sugar Sugar Sugar » et « Watching Alice » évoquant Blind Willie Johnson ou John Lee Hooker) qui trouveront leur plein accomplissement sur les opus suivants…


Ghosts… of the Civil Dead (Nick Cave, Blixa Bargeld & Mick Harvey, 1989)

Bande originale d’un obscur film australien, Ghosts… of the Civil Dead a les défaut de ses qualités : c’est un excellent soundtrack, par conséquent il est bien difficile de l’évaluer sans connaître film. Après avoir longtemps mésestimé l’objet je suis obligé de reconnaître aujourd’hui, à la lumière du visionnage, que cet album de Nick Cave sans les Bad Seeds est particulièrement bien foutu et colle remarquablement à l’atmosphère étouffante d’un film évoquant avec pas mal d’années d’avance la série Oz.
Certes l’ensemble est principalement constitué de spoken-words ou d’instrumentaux et ne contient aucune chanson digne de ce nom. Mais cette œuvre tout en ambiances n’en demeure pas moins intéressante pour les fans de Nick Cave, le présentant sous un jour moins connu et tout aussi intéressant, et surtout : seul, ou presque. Car si Harvey et Bargeld sont présents au générique ils ne font en réalité pas grand chose. Ce qui donne du coup à Ghosts… of the Civil Dead un aspect relativement emblématique : par la suite, chaque fois que Nick Cave s’évadera des Bad Seeds pour publier quelque chose sous son propre nom, ce sera systématiquement un disque expérimental, complexe et pas du tout rock…


👍👍 The Good Son (Nick Cave & The Bad Seeds, 1990)

Ce n’est certainement pas le meilleur album de Nick Cave & The Bad Seeds, mais c’est un disque important : la première incursion du collectif dans des univers plus soft et plus mélodiques qu’à l’accoutumée. Si Tender Prey restait très marqué par son époque, The Good Son s’impose en revanche rapidement comme une œuvre absolument unique et intemporelle, et surtout plus riche que quasiment tous les albums de Nick Cave auparavant réunis. Des morceaux aussi aériens que « Lucy » ou « The Train Song » auraient été inenvisageables dans les années 80… pourtant ici ils coulent de source, au point que The Good Son finira par influencer la plupart des albums des Bad Seeds par la suite (surtout à partir de la période « crooner »). Evidemment tout ne le fait pas sur cet objet pour le moins ambitieux : les chœurs chargés de « Foi Na Cruz » ou « Good Son » ne m’ont personnellement jamais vraiment emballé… et au final les meilleurs moments du disque me semblent demeurer les plus nerveux (la seconde partie dudit « Good Son », la redoutable « Hammer Song » plus tard transcendée par Harvey en solo, la surpuissante « Witness Song »). Pourtant dans l’ensemble ce cinquième album se révèle long en bouche et toujours aussi efficace après dix mille écoutes…


👑 Henry’s Dream (Nick Cave & The Bad Seeds, 1992)

Henry’s Dream fait partie des disques préférés des fans. Henry’s Dream est un album remarquable. Henry’s Dream contient « Papa Won’t Leave You, Henry » et « Brother, My Cup Is Empty » - deux chansons à virgules se répondant l’une à l’autre. Henry’s Dream présente des Bad Seeds en nombre plus réduite (le triumvirat Cave/Harvey/Bargeld étant seulement accompagné de Wylder et de deux nouvelles têtes – Casey à la basse et Savage au piano). Henry’s Dream est produit par David Briggs, l’ingé son de Neil Young, qui l’a doté d’un son hyper clean et puissant. Henry’s Dream contient une remarquable ballade – « When I First Came to Town ». Henry’s Dream est une œuvre aussi magistrale que hantée, pleine de noires complaintes (« Loom of the Land », « Christina the Astonishing ») et de brûlots rocks terrifiants (« John Finn’s Wife », « Jack the Ripper »). Henry’s Dream réussit la prouesse d’être un disque à la fois abrasif, violent et parfaitement accessible. De fait, Henry’s Dream fut des plus gros succès de Nick Cave. A raison : Henry’s Dream est un des ses chefs-d’œuvre.


👑 Live Seeds (Nick Cave & The Bad Seeds, 1993)

Osons les gros mots : Live Seeds est une œuvre quintessencielle (ouch ! Je sais, ça fait mal). Largement évoqué dans une précédente chronique ce live, sans aucun doute l’un des meilleurs jamais publiés, propose treize titres tous supérieurs aux originaux, revisités par des Bad Seeds surpuissantes. C’est dur, sombre, violent, magique… un véritable sommet dans une œuvre qui en compte pourtant beaucoup, dont on aura bien du mal à prélever un seul titre.
Ce sera sans doute plus rapide de compter ceux qui manquent, et ils sont hélas (mais bien sûr) nombreux : en 2007 les chances deviennent minces d’entendre un jour lives les chefs-d’œuvre que sont « Stranger than kindness », « Sad Waters » - voire même le plus récent « Loom 6f the Land »… Qu’importe ! Cela ne nuit en rien à la qualité de ce disque, probablement le meilleur pour découvrir la première moitié de la carrière de Nick Cave & The Bad Seeds.





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