jeudi 1 février 2007

Même Balzac a été jeune...

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Ni nouvelle ni roman, La Paix du ménage est un court récit d’une soixantaine de pages qui à défaut d’être passionnant se laisse lire avec plaisir.

On y assiste à un bal donné chez le comte de Gondreville, héros bien malheureux d’un dramelet attachant, où il assiste aux tentatives de séductions des uns et des autres sur une jeune et jolie jeune femme qui s’avèrera être… la sienne, bien entendu.

(vous noterez au passage que Frédéric Beigbeder a totalement décalqué cette histoire pour ses Vacances dans le coma, par ailleurs son seul livre à peu près lisible quand on a plus de seize ans)

Ça fuse, ça rit, ça danse, il y a des lumières et des paillettes et… euh, attendez : on est bien chez Balzac ? Eh oui, mais un Balzac bien différent, et bien plus jeune : en 1829 il n’a que trente ans ; pour le peu que je m’en souvienne il me semble que La Paix du ménage est le plus ancien texte qu’il ait inséré dans la Comédie humaine , écrit à une époque où notre ami Honoré n’avait pas encore envisagé son cycle colossal. Le moins qu’on puisse est que cela se sent. C’est un tout autre visage de Balzac qu’on découvre. Le Balzac qu’on connaît le plus, c’est le Balzac à la Spielberg : débauche de moyens, kyrielle de personnages, décors impressionnants… ici le lecteur sera confronté à un Balzac beaucoup plus épuré, tant dans l’écriture (sèche, nette) que dans ce contenu relativement intimiste, avec très peu de personnages et un quasi huit clos. Les descriptions sont donc beaucoup plus ramassées et moins denses ; les personnages se révèlent principalement par leurs actes ou leurs paroles (régulièrement en contradiction)…

Au final on ne peut que relever des facilités : une histoire de diamant littéralement plagiée à Dufresny, des caractères toujours aussi profonds mais simplement esquissés, un lieu unique dont on a l’impression qu’il a été adopté pour éviter de se compliquer la vie… et pourtant, c’est bien. Ou disons : c’est pas mal. C’aurait pu même aboutir à un excellent roman si Balzac s’était donné la peine de le travailler plus. Alors bien sûr La Paix du ménage n’a rien d’un texte mémorable, mais on lit tellement pire toute l’année…


La Paix du ménage 
Honoré de Balzac | Louis Conard Éditeur, 1829