samedi 9 septembre 2006

Les Retrouvailles

...
Mercredi dernier, l’Équipe de France retrouvait l’Équipe d’Italie. Un grand rendez-vous auquel j’ai tenu à participer avec mes maigres moyens : mercredi après-midi, j’ai donc été chez le coiffeur.

Mais avant d’aller plus loin dans cette chronique, je dois tout même préciser que je n’écris pas ces lignes parce que la France a mis une méchante déculottée à ces branleurs d’Italiens, non, le triomphalisme, vous le savez, n’est guère dans ma nature. Cette chronique était prévue de longue date (le temps de prendre un rendez-vous, quoi). C’est là tout le sel de l’affaire : quand j’ai été voir Jean-Pierre Jean cet après-midi là, nous ne connaissions pas encore tous les tenants et les aboutissants de l’histoire. Nous ne nous étions plus revus depuis la demi-finale France – Portugal, c’est vous dire s’il commençait à me manquer (à vous aussi, je parie).

Lorsque je suis entré dans son salon, il m’a tendu une main assurée, m’a souri, m’a dit : « Comment allez-vous Thomas ? ». Il portait ses petites lunettes démodées, son brushing impeccable et sa traditionnelle chemise à carreaux. Les indispensables brettelles rouges étaient bien sûr de mise. Pourtant, quelque chose avait changé. Quelque chose qui ne transparaissait pas physiquement mais qui me sauta immédiatement aux yeux : le regard me toisait, la poigne était ferme… Jean-Pierre Jean avait enfin repris confiance en lui, deux mois seulement après que la finale du Mondial l'avait dévasté. Il m’installa sur le fauteuil et posa délicatement sur mes épaules la petite serviette rose (vous savez : celle qui doit retenir les cheveux qui sont coupés sans jamais empêcher qu’ils vous glissent dans le dos via le col de la chemise et vous impose de vous doucher immédiatement après être sorti du salon ?). Il me parla du temps qu’il faisait avec quelque chose d’étrangement neutre dans la voix. Mon impression était en train de se confirmer : Jean-Pierre Jean avait changé. Il aura suffi d’une panenka pour changer le timide et maladroit Jean-Pierre Jean en un homme empli de force et de détermination. Vous verrez, depuis vingt ans on parle de la fameuse main de Dieu et dans vingt ans, Jean-Pierre parlera à ses petits enfants de la célèbre panenka de Dieu.

Il était en train de me coiffer et donc, de parler du temps qu’il faisait. Un temps pour le moins étrange, puisqu’en l’espace de quelques secondes on passe du mega soleil à la putain d’averse… ce paradoxe pourtant subtil n’a pas échappé à mon ami, qui l’a résumé avec le sens de la formule qui le caractérise si bien : « Ah là là, on sait plus comment se mettre avec ce temps. » On sait plus comment se mettre avec ce temps !!! Non mais vous vous rendez compte ? La beauté, simple et sauvage, d’une telle sentence. Mes oreilles en frétillèrent de plaisir, ce qui n’échappa pas à Jean-Pierre Jean. Qui du coup tenta un truc énorme, hallucinant, improbable… Ah ça, il en faut du culot pour faire un truc comme ça. De même qu’il faut du culot pour faire une panenka dans une finale de Coupe du Monde. N’y allons pas par quatre chemins : ce que Jean-Pierre a tenté à ce moment là, c’est un peu sa panenka à lui. Figurez-vous que Jean-Pierre Jean a tenté une blague ! Au moment où j’ai répondu :
« Bon, y a quand même des moments pas mal. » ... il a rétorqué, du tac au tac, comme ça, sans préparation, comme un joueur qui fait une reprise de volée dos au gardien : « Oui, pas mal pour un mois de novembre. » Et but.

Je suis resté abasourdi durant quelques secondes, comme le gardien qui vient de se prendre la reprise de volée et n’a même pas pu esquisser le moindre geste pour la parer. C’était à mon tour d’engager dans le rond central, mais j’étais encore sous le choc. Dans ce genre de situation, quand vous encaissez un but (ou, le cas échéant, une blague) dans les cinq premières minutes, il faut que la réaction soit immédiate sinon l’équipe adverse (ou, le cas échéant, votre coiffeur) va se contenter de défendre durant les 85 minutes restantes. J’ai donc tenté mon va-tout, et comme bien souvent dans ces cas-là, la libération est venue sur coup de pied arrêté : après quelques instants de flottement, Jean-Pierre Jean a demandé : « Et vous ? Comment ça va ? » Et là, après avoir pris mon élan, j’ai frappé de toutes mes forces, conscient qu’il y avait un hors jeu passif que l’arbitre ne sifflerait pas. J’ai marqué en répondant : « Comme une rentrée. »

Je l’avoue : je n’étais pas très fier de ce but. J’ai eu l’impression d’avoir marqué contre le cours du match. La conversation a ensuite dévié sur un tout autre sujet… le foot. Je vous demanderais, chers lecteurs, de ne pas déserter pour autant ces pages : vous savez à quel point le football est important pour Jean-Pierre Jean, surtout à quelques heures de France – Italie, annoncé à grand coup de bandes annonces racoleuses (plus communément appelées, dans le landerneau foot, tééfunesques) comme le match retour de la mort qui tue la vie en moins de temps qu’il n’en faut pour dire le Calcio est corrompu. Là encore, j’ai été bluffé par la finesse du jeu de mon partenaire, qui, avant d’entrer dans le vif du sujet, a d’abord opéré une admirable passe en retrait – qu’on pourrait également voir comme un subtil flashback narratif : « Décidément, je sais pas pourquoi, les italiens, ça nous réussit jamais. » Quarante années d’expérience ayant parlé, je n’ai pas su quoi répondre. De toute façon, Jean-Pierre Jean était parti, il n’y avait plus qu’à le laisser parler en priant pour qu’il ne me confonde pas avec Gattuso (il paraît que je lui ressemble) et ne me coupe une oreille.

« Enfin nous allons avoir notre revanche ce soir.
- Ça va être difficile… » arguai-je, avant d’ajouter de peur qu’il ne s’emporte : « vous ne croyez pas ?
 - Ce que je crois, c’est que les Italiens vont beaucoup souffrir ce soir ! Vous ne les avez pas vus contre la Lituanie ce week-end ?
- Ah non, désolé, j’ai… » Une vie, moi ! « … eu du monde à la maison. C’était comment ?
- Pas terrible. J’ai rarement vu des Champions du Monde aussi peu convaincants.
- C’est vrai que bon… la Lituanie…
- Attention : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit ; il n’y a plus de petites équipes de nos jours – on l’a bien vu lors de la dernière Coupe du Monde. »

Ça y est, il était lancé mon J-P ! j’ai bu du petit lait. Parti comme il était, je sentais qu’il allait faire son comeback sur Le Golb ! Pour être sûr de mon coup, j’ai cru utile de préciser :

« Cela dit le Championnat d’Italie n’a pas encore repris… alors leur préparation…
- C’est trop facile, ça, leur préparation ! Avec le scandale, beaucoup de leurs joueurs sont partis à l’étranger. Et puis nous aussi nous avons dans nos rangs des joueurs du Championnat d’Italie, ce n’est pas une excuse ! »

Il avait l’air si outré que je n’ai pas tenu bon de rétorquer que si, un peu, quand même.

« Vous allez voir, ce soir, je pronostique un trois à zéro.
- Ce serait une belle victoire.
- Un peu ! une revanche vous voulez dire ! »

Tu parles d’une revanche… la Coupe du Monde est finie depuis deux mois. Même qu’on battrait les italiens 10-0 chez eux, ça ne changerait rien au fait que ce sont eux, les Champions du Monde.

Jean-Pierre Jean a dû se rendre compte de ma circonspection, car il immédiatement ajouté :

« Ça ne vous ferait pas plaisir d’éliminer les italiens des qualifs pour l’Euro ?
- Oh…euh… »

Il me demandait si ça me ferait plaisir de les voir se faire éliminer ou bien de les éliminer moi-même ? Je ne savais pas, alors dans le doute j’ai répondu par l’affirmative. De toute façon, c’est une analogie récurrente entre amateurs de foot, on l’a déjà largement évoquée dans ces chroniques.

« Et vous ? » m’a t-il demandé « Votre pronostic ?
- Oh moi, je dirais 3-1, avec un doublé de Govou. »

Naaaaaaaaaaaaan, je plaisante bien sûr. Je suis fort en pronostic, mais pour pronostiquer deux buts de Govou il fallait soit être voyant soit avoir une veine de cocu. Je me suis contenté de modérer ses propos : « M’est avis que les italiens vont au moins en mettre un. » Ce qui fait que, finalement, j’ai encore battu Jean-Pierre Jean au jeu des pronostics, sauf qu’évidemment en cet instant précis je ne le savais pas. A ce moment-là, la coiffure était terminée. Mais je réalise à l’instant qu’il est éminemment prétentieux d’oser parler de coiffure à mon sujet, alors pour rompre tout malentendu je vais rectifier : à ce moment-là, le rafraîchissement de la calvitie la plus anarchique du nord ouest de la Haute Normandie s’était achevé sans dégât notable. J’avais toujours mes deux oreilles, et je ne m’étais pas fâché avec Jean-Pierre Jean – je rappelle pour mémoire que lors de ma dernière coupe (de cheveux, pas du Monde) il y a quelques mois de cela JP, et moi avions eu quelques maux au sujet de Benoît Cauet. Un antique joueur de l’Inter Milan qui s’est vu réhabilité via notre débat et la chronique qui en découla. J’ai eu alors l’idée de la décennie : et pourquoi pas regarder le match ensemble ? Après tout, Jean-Pierre Jean m’avait gentiment convié à venir voir France – Suisse il y a quelques mois, je lui devais une invitation. Ni une ni deux : je me fais beau, je débouche une bouteille de vin, et advienne que pourra !

C’est immédiatement après avoir sonné chez moi que Jean-Pierre Jean m’a annoncé la terrifiante nouvelle :

« Vous êtes courant ?
- Euh… de quoi ?
- Govou ?
- Quoi ?
- Vous ne savez pas ?
- Vous voyez bien que non !
- Govou…
- Bah quoi Govou ? Il est mort ou quoi ?
- Pire : il est titulaire.
- HEIIIIIIN ??????? »

C’était le coup de grâce. Un coup de grâce qui, après nous avoir bien usé les nerfs, allait se révéler payant – sauf que nous bien sûr on n’en savait rien. A notre décharge, personne ne pouvait le savoir puisque Govou n’a joué qu’un seul match (en CFA !) depuis la finale de la Coupe du Monde. C’est justement ce qui nous inquiétait. Sacré Raymond, il nous en aura fait des frayeurs ! Il ne peut pas s’en empêcher. « Il est fou… il est fou… Domenech… il est fou… » … ressassait Jean-Pierre, qui n’avait plus l’air très sain d’esprit non plus, pour le coup. Je lui ai servi un verre pour essayer de le calmer ; j’aurais mieux fait de lui filer du Cognac : le vin n’a fait que l’exciter un peu plus. Enfin, l’heure est arrivée.

Après dix-huit sponsors et un générique à s’en dégoûter de tout sport jusqu’à la fin de ses jours, quel ne fut pas notre bonheur de retrouver la dream-team de l’équipe des sports de TF1 ! Thierry Gilardi, Jean-Michel Larqué et surtout L’Arsène, bien sûr ! Alias Arsène Wenger a.k.a. le Dorian Gray du football français. Arsène, son flegme légendaire et son humour à froid tellement subtil que ses deux compères ne le comprennent jamais, était bien au rendez-vous. Cela nous a fortement rassérénés. Parce que samedi, contre la Géorgie, Arsène, pour des raisons assez suspectes (certains murmurent qu’il serait entraîneur d’un club vice-champion d’Europe et que, de fait, placer une phrase tous les quarts d’heures pendant les rencontres de l’Équipe de France ne serait pas son seul métier), n’était pas là. Il faut dire que, peut-être, il n’avait pas non plus très envie d’aller visiter la Géorgie. Ça peut tout à fait se comprendre – et même se respecter. Bref, le match a commencé, et là cet enfoiré de Govou se met à marquer un but, comme ça, sans prévenir ni rien, au bout de deux minutes. Gilardi avait à peine eu le temps de dire Comme c’est curieux d’avoir titularisé Sidney Govou qu’il devait immédiatement, selon des tics de langages déjà décortiqués dans une précédente chronique, changer tous ses plans et se mettre à hurler un : « Govooooooooooooooooouuuuuuuuuuuuuuuuuu » de rigueur.

Ce premier but a violemment déstabilisé les Italiens, mais il a aussi brutalement déstabilisé les commentateurs : déjà, ils n’avaient rien préparé sur Govou tellement ils s’attendaient pas à le voir là, et l’autre, il se met à marquer. Du coup, ils ne savaient plus quoi dire. C’était la merde totale. Alors Gilardi a courageusement tendu la perche à Arsène (qui contractuellement est censé ne parler qu’au quart d’heure de jeu), en lui disant, de manière particulièrement fourbe : « Dans ce genre de cas, j’imagine que les observations du coach pendant les entraînements sont prépondérantes, pas vrai Arsène ? ». Et hop là que je te refile le bébé. Pauvre Arsène. Il a bafouillé un truc genre « Oui euh… effectivement… un entraîneur peut voir à l’entraînement si un joueur est particulièrement affûté… » … s’il avait été insolent, il aurait probablement ajouté c’est même pour ça qu’on appelle ça un entraîneur, mais non, Arsène, il est trop classe pour s’abaisser à ce genre de choses. Bref, les mecs ont pataugé, heureusement le but suivant a été mis par Henry, et ça, c’était quand même plus habituel. « Henrrrrrrrrrrrrry ! ah il est en forme en ce début de saison, pas vrai Arsène ? » « Euh… oui… la préparation a été bonne… » Ce soir, Gilardi avait donc clairement décidé de se venger de la titularisation de Govou sur le pauvre Arsène, qui ne pouvait pas décemment dire de Henry : Ouais bof, le joueur star et capitaine de mon club est franchement limite en ce moment, il est à la ramasse et d’ailleurs dans mon club à Arsenal on l’a très mal préparé physiquement. Même pas le temps de se remettre : les italiens égalisent quasiment de suite par Gilardino (qui ne signifie pas petit Gilardi en italien, je tiens à le préciser). D’une certaine manière, on a senti notre trio de commentateurs plus serein. Ça correspondait plus à ce qu’ils imaginaient de ce match si attendu, et moi par la même occasion je battais Jean-Pierre Jean aux pronostics (je me suis un peu éloigné de lui, parce qu’en fait à partir du second but il a cessé de parler, de boire et même de respirer).

Après la mi-temps, tout le monde s’est un peu relâché, le match était un poil moins animé (mais pas beaucoup moins quand même, il faut bien avouer que c’était un excellent match, d’un côté comme de l’autre, les Italiens ayant par ailleurs développé un jeu collectif et offensif dont peu les croyaient capables). Alors Gilardi en a profité pour remettre une couche sur la polémique Makélélé (c’est sûr que c’est comme ça qu’on éteint une polémique). Pour ceux qui auraient raté un épisode, ou qui s’en foutent (ça pourrait se comprendre), résumons rapidement : Makélélé a dit après le Mondial qu’il arrêtait l’Équipe de France. Pas de manière très ferme, mais il l’a dit. Tout le monde était content, jusqu’à ce que Domenech le re-convoque. Là, plus personne n’était content – sauf les journalistes. Surtout ceux auxquels José Mourinho, l’entraîneur farceur et provocateur de Chelsea (personnage qui m’est fatalement sympathique), a déclaré qu’en allant contre la volonté affichée du joueur notre Raymond se comportait comme un esclavagiste. Mazette. Du pur Mourinho (je m’étonne qu’aucun livre « le best of Mourinho » ne soit sorti pour l’instant). Raymond, lui, il se laisse pas impressionner pour si peu, pensez-vous. Il rétorque avec tout autant d’ironie qu’il est un vilain esclavagiste et que, d’ailleurs, il fouette le pauvre Makélélé pendant les entraînements. Quant à Makélélé, il ne s’est pas exprimé, ce qui signifie en langage foot : bien sûr que je suis content d’être en Équipe de France, mais si je le dis mon entraîneur en club me lynche, alors je laisse Domenech faire croire que je suis là contraint et forcé. Tout cela eût pu être une plaisanterie fort divertissante dans cette époque sinistre où Football est devenue la capitale du Royaume du Consensus. Mais il a fallu, las, que d’aucuns viennent s’insurger : Mais il n’a pas honte ce Mourinho, d’employer des mots comme celui-là ! Il ne doit pas savoir ce qu’est l’esclavagisme, c’est un véritable scandale de dire des choses pareilles !

Évidemment, c’était trop beau. A se demander comment des mecs comme Mourinho ou Domenech, qui ne se gène que rarement pour balancer, font pour survivre dans un univers aussi politiquement correct. Bref c’est LE scandale, et si Gilardi s’est montré pour le coup assez modéré (« Entre nous, il y a été un peu fort sur coup là, Mourinho » - vilain chenapan, va !), d’autres se sont lâchés comme pas permis, à commencer par Larqué, pour qui cette attitude est « indigne d’un si grand entraîneur »… ouh là là, ça chauffe. Pour que le Jean-Mimi soit pas content, c’est qu’il a dû être esclave dans une vie antérieure. Le plus amusant étant de se dire que si, pour la France du football, dire d’un entraîneur qu’il est un esclavagiste est choquant, il n’en va pas de même lorsque Dieu met un coup de boule à un joueur dans une finale de Coupe du Monde. A croire qu’il y a deux poids deux mesures…

Alors que ces considérations m’effleuraient l’esprit, il s’est passé un truc sur le terrain. Un truc encore plus stupéfiant qu’un but de Govou : UN SECOND BUT DE GOVOU ! Si, si, je vous jure. En plus, dans une situation ubuesque : pendant toute la Coupe du Monde, Gilardi n’a pas arrêté de s’exciter sur la précision des centres de Sagnol dès qu’il touchait le ballon – et Sagnol les a tous foirés. Du coup, Gilardi ne s’excite plus depuis, et forcément, c’est d’une logique implacable, Sagnol en a fait un sublime, au millimètre près. Un centre tellement merveilleux et parfait que même moi j’aurais pu marquer. Qu’est-ce qu’ils se sont sentis cons, nos commentaires.


Jean-Pierre Jean, lui, il était au bord de l’apoplexie. Pour fêter ça, Jean-Mimi, jamais à court d’idées, s’est mis à faire un truc qu’il fait souvent quand il aime bien un joueur ou quand il y a un héros dans le match : Govou s’est donc vu, jusqu’au terme du match, appeler affectueusement par son prénom. « Vas-y mon petit Sidney », « pousse Sidney », « Bravo ! Sidney ! »… le mec, ça fait 27 ans qu’il a honte de son prénom mais là en une soirée il en a eu pour jusqu’à la fin de ses jours

Enfin le match s’est achevé. Euphorie dans les tribunes, euphorie de Jean-Pierre Jean, on a gagné, youpi, et après l’interview du héros de la soirée (le petit Sidney), les trois stakhanovistes du commentaire ont salué, avec toujours le même fameux plan dont je vous ai déjà parlé, et toujours Gilardi très excité (quand on vous parle de l’adrénaline du direct) : « ON SE RETROUVE MERCREDI PROCHAIN POUR L’ACTE 1 DE LA LIGUE DES CHAMPIONS AVEC LYON – REAL MADRID !!!! BONSOIR JEAN-MICHEL, BONSOIR ARSÈNE !! » Puis Jean-Mimi : « Bonsoir Thierry, bonsoir Arsène !! » Et là, je guette mon moment préféré où Arsène lâche son « bonsoir » tout calme au milieu du générique… vlan ! Arsène a dû lire la chronique où j’évoque ce moment, puisque pour la première fois depuis quatre ans qu’il commente les matches de l’Équipe de France il n’a pas fait comme d’habitude – juste pour me prendre à contre-pied : non seulement il a parlé au moins trois secondes avant le générique, mais en plus il a dit : « Au revoir, et merci à tous ». Petit provocateur, va ! Après quoi j’ai sombré dans l’euphorie aussi éthylique que communicative de Jean-Pierre Jean, nous nous sommes même fait la bise pour nous dire au revoir …il y avait des gens qui chantaient dans la rue et tout, la fête, quoi ! Quelle belle soirée ! Vous vous rendez compte ?

ON A GAGNE LA COUPE DU MONDE ! ON EST CHAMPIONS !

Quoi ? C’était un match qualificatif à la con ? …

… mais alors ?...

… on n’est pas champions ?

… QUOI ? Les Italiens sont champions du monde ???

Putain, mais pourquoi tout le monde faisait la fête alors ? Pourquoi j’en parle dans une chronique ? J’y crois pas… les Italiens, champions du monde ? Non… Attendez, j’ai pas rêvé, on leur a bien mis 3 – 1 ? C’était pas la finale ?...

Eh oui. Comme beaucoup de pauvres bougres, j’ai oublié pendant 90 minutes que la Coupe du Monde était finie. Que le trophée ultime était en Italie… Du coup, je me suis endormi, tout triste, dans mon vieux maillot de l’Équipe de France, celui que ma maman m’avait acheté il y a dix ans pour l’Euro 96 et que je ne peux plus mettre depuis longtemps, frappé d'un numéro 10, ce qui est normal, et d'un nom de joueur, ce qui était assez rare à l'époque. Donc forcément précieux :



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