jeudi 31 août 2006

Michael Moorcock - Jeune et pas trop con

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Il est idiot, voire totalement insultant pour l'auteur, de juger Runestaff (La Légende de Hawkmoon en VF) à l'aune du Cycle d'Elric... car il s'agit d'une oeuvre de jeunesse, de son tout premier cycle, de ses tous premiers livres. D'un autre côté, comment faire autrement ? Elric un personnage si immense, si célèbre, et il a tellement révolutionné la fantasy...

Alors point de révolution ici : Hawkmoon est un héros autre plus "raccord" avec l'esprit de la fantasy "traditionnelle". Un héros nettement plus positif, qui défend la veuve et l'orphelin et épargne ses ennemis s'il le peut (Elric serait sans doute mort de rire en le voyant).

Dans le premier volume (Joyau Noir), il croupit dans un cachot du Ténébreux Empire de Granbretanne, après avoir tenté d'empêcher la destruction de son duché (que je situe approximativement en Autriche). Son ennemis juré, le Baron Meliadus, sorte de double maléfique et serviteur de l'Empereur Huon, lui fait greffer le Joyau Noir dans le front : une sorte de troisième oeil aux vertus maléfiques, permettant à son créateur de voir tout ce que le porteur du joyau verra. Et si ce dispositif n'induit pas le son, il est en revanche équipé pour que son porteur soit immédiatement terrassé si l'on prononce en sa présence la moindre parole à l'encontre du Ténébeux Empire.

Dorian Hawkmoon est ainsi envoyé à Karmag, avec pour mission de tuer le Comte Arain (sorte de Général De Gaulle version moocockienne) et de ramener sa fille Yisselda au Baron Meliadus. Je ne lèverai aucun suspens en révélant que, bien sûr, le jeune héros ne l'entend nullement de cette oreille. Au cours de son périple, il rencontre par ailleurs un nain rigolo, Oladahn, qui devient son fidèle serviteur. Un Baron immortel et cynique, Agonosos, et un étrange personnage : le Guerrier d'Or & de Jais...

Un premier volume d'exposition sympathique mais tout à fait dispensable. Il est amusant de noter que, finalement, des personnages comme le Comte Airain ou Agonosos sontbeaucoup plus complexes et intéressant que Hawkmoon lui même. Le second volume est lui nettement plus enthousiasmant. Surtout, il fait avancer l'intrigue et lance (enfin) Hawkmoon sur le chemin de Tanelorn, Cité utopique recherchée par quasiment tous les héros de Moorcock afin d'y reposer en paix.

Dorian et Oladahn débarquent dans une cité sublime au nom imprononçable... mais une cité morte, dépourvue du moindre habitant... en revanche le comité d'accueil n'a rien de très... acceuillant, justement... Histoire beaucoup moins prévisible que dans le premier épisode - c'est pourquoi j'en dirais beaucoup moins à ce sujet. Sachez juste qu'on assiste à l'entrée en scène de D'Averc, un méchant super... sympa ! On est toujours loin d'Elric, de son cynisme et de son insatiable appétit de vengeance. Le principal problème de cette série, arrivé à ce stade, c'est que personnellement je ne me suis toujours pas attaché au héros... je me surprends même à attendre qu'il pète les plombs et tue tout le monde...

... connaissant Moorcok je ne doute pas que cela arrive incessamment sous peu !


Runestaff ;
👍 vol I. : The Jewel in the Skull
👍 vol II. : The Mad God's Amulet
Michael Moorcock | Lancer Books, 1967-68