mercredi 5 juillet 2006

Une lettre pour Patoche

Ceci n’est pas vraiment une chronique. Mais à quelques heures de Portugal – France, j’ai subi une pression incroyable de mes lecteurs, en privé et en ligne, pour adresser mes excuses officielles à Patrick Vieira pour m’être foutu ouvertement de ses frappes déroulées. Dont acte. 


Cher Monsieur Patrick Vieira, 

Je vais me permettre de vous appeler Patoche, comme on va appelle entre nous devant notre poste de télévision. En effet, ça fait tellement longtemps que vous faites partie de l’Équipe de France que vous êtes quasiment devenu un membre de la famille. Mais ce n’est pas pour cela que je vous écris, ni pour vous demander d’être le parrain de mon prochain enfant. 

J’avoue, Cher Patoche, que j’ai été injuste : je me suis moqué de vos performances sur le terrain, sur Le Golb, et je m’en excuse. J’ai usé de termes forts peu élogieux à votre encontre, notamment en disant que vous faisiez des supers frappes déroulées qui s’envolent à quatre mètres à gauche du but. Depuis, vous avez marqué et sauvé l’Équipe de France (c’est à dire que pour moi c’est un peu comme si vous aviez sauvé mon chat de l’incendie de l’immeuble). Il me semble donc tout à fait légitime de vous faire mes plus plates excuses. 

Vous avouerez cependant que vous avez tout fait pour m’induire en erreur : vous êtes en Équipe de France depuis quoi ? 1997 environ ? Or, au début de ce Mondial, vous n’aviez marqué que trois buts sous le maillot bleu. Comment aurais-je pu deviner que vous alliez en marquer deux par la suite ? Vous rendez-vous compte ? Une rapide règle de trois vous permettra de constater que proportionnellement, vous avez marqué plus de buts en deux semaines qu’en dix ans ! Qu’est-ce qui vous a pris de vous réveiller comme ça d’un coup ? Depuis quand marquez-vous ? Avez-vous subi un entraînement secret pour devenir buteur ? Jusqu’alors, vous faisiez très bien votre travail, à savoir milieu relayeur. Dans le genre, Cher Patoche, vous avez toujours été un des meilleurs joueurs du monde. Personne n’en a jamais voulu à un milieu défensif de manquer l’immanquable. Alors pourquoi vous, tout à coup, avez-vous ressenti le besoin de marquer plein de buts ? Vous rendez-vous compte au moins qu’en faisant ça vous m’avez totalement discrédité auprès de mon lectorat ? Des mois qu'on me prend pour un type qui s'y connaît un peu, et paf ! Il suffit que je vous vanne (gentiment, je tiens à insister là-dessus) dans un commentaire pour que vous inscriviez deux buts en deux matches. J’en déduis donc que vous avez marqué pour deux raisons au choix : 

1) Faire gagner l’Equipe de France. 

2) Réagir à mon inqualifiable manque de respect. 

Autant vous prévenir que je préfère la première hypothèse. La seconde aurait le mérite de me faire croire que je suis un peu pour quelque chose dans la réussite actuelle de notre sélection, mais elle serait assez stupide de votre part dans la mesure où, vu comme vous êtes bâti, vous pourriez me casser en deux rien qu’avec deux orteils. Par conséquent si vos buts ont été votre revanche sur moi, vous vous êtes un peu compliqué la vie, ce qui pourrait même laisser même penser que vous seriez un peu con sur les bords. Cela m’attristerait beaucoup, car bien que vos interviews soit des modèles de vacuité, j’ai du mal à croire qu’un aussi grand joueur soit con. Je préfère pense que vous avez juste des problèmes d’élocution. 

Car oui, vous êtes un grand joueur, et même un très grand. Je ne vous fais pas de la lèche, je n’en ai jamais douté. Ni moi ni personne ! Je me souviens de la finale de 98, j’étais en vacances et je l’ai vue au bar d’un petit village. Tout le monde était d’accord sur votre performance (vous étiez entré en fin de match suite à l'expulsion de Des… oui, non, mais, je sais que vous le savez : c’est parce que je vais aussi publier la lettre sur Le Golb, et que tous les lecteurs ne le savent pas forcément). Même le vieux raciste de barman l’a dit « Oh, il fait du bien à l’équipe ce grand nègre ». Ouais, c’est pas très agréable comme compliment. Je suis d’accord avec vous : vous n’avez pas de chance. Donc vous êtes un grand joueur et désormais vous marquez. Bon, vos deux buts du Mondial ne sont pas non plus les septièmes et huitièmes merveilles du monde. Le premier même moi je l’aurais mis, et le second c’est le défenseur espagnol qui l’a poussé dans les filets. Mais cette tête smashée avait une sacrée classe ! Vous pouvez me croire sur parole. 

Je m’excuse ainsi officiellement de m’être moqué de vous. En espérant que ce n’était pas qu’un feu de paille, et que vous n’allez pas nous refaire le coup des frappes déroulées ce soir, sinon je le prendrai comme une attaque personnelle, à force. 

Sur ce, Cher Patoche, je vous souhaite un grand match, faites attention, ces Portugais sont des vicieux (les joueurs hein, pas tous les portugais). J’espère de tout cœur avoir l’occasion de vous réécrire d’ici la fin du Mondial, pour vous féliciter à nouveau de vos performances un peu plus impressionnantes à chaque rencontre. 

Thomas.

P.S. : si vous pouviez casser les deux jambes à ce petit branleur de Cristiano Ronaldo, vous seriez le mec le plus sympa du monde. 

P.P.S. : juste entre nous : Chimbonda, il existe pour de vrai ?

P.P.P.S. : je vous passe le bonjour d’un ami à moi, un certain Jean-Pierre Jean, qui prétend vous avoir coiffé en avril 1995 à Cannes.