mardi 9 mai 2006

Partouz - Sur la Terre comme au Ciel...

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[Article publié en novembre 2004 sur mon précédent blog] Écrivant moi-même, je prendrais comme la pire des insultes le fait qu'on se force à terminer un de mes textes. Pourtant, je me suis bel et bien contraint à arriver au bout de ce roman de Moix, Partouz - je suppose donc qu'il faut considérer que je l'ai insulté (ou du moins que je lui ai beaucoup manqué de respect) ; c'est surtout parce que pour avoir lu tous les autres je savais qu'il pouvait parfois un peu peiner à l'allumage.

Partouz, donc, ou comment Mohammed Atta est devenu le terroriste qu'on connait suite à une deception amoureuse... Moix, on le sait, est un genre littéraire à lui tout seul ; il écrit de la littérature psychotique comme d'autres font du polar ou de la SF. Sa plume est alerte, son sens comique certain... sa mégalomanie avérée. Or, pour la première fois depuis ses débuts en 1996, il se montre plus fou et mégalo que ses personnages, ce qui ne lui réussit guère : Momo va dans les clubs échangistes, Momo monte au ciel, Momo devient pote avec Mitterrand... etc.

Incapable de choisir entre premier, second et cent-cinquantième degré, Moix laisse sa prose stagner durant une bonne centaine de pages, se contentant de nous resservir ses renvois en bas de pages et autres notes pseudos historiques... bref, tout ce qui fait sa marque de fabrique depuis le succès colossal du précédent livre, Podium. Mais là où celui-ci allait chercher la subversion nichée au coeur de la folie, Partouz se contente d'effleurer la subversion - comme si l'à propos de ce bouquin pouvait choquer qui que ce soit ! Et empile accessoirement une impressionnante masse de clichés en tout genre, tant sur l'islam que sur les illustres personnages qu'il fait intervenir (seuls moments vraiment agréables du roman d'ailleurs, car comme tout etre obsessionnel qui se respecte l'auteur est parvenu à ce que les dialogues de Mitterrand, par exemple, sonnent vraiment comme du Mitterrand)... du coup, on se sent floué. Un peu comme si Yann Moix se cachait derrière ses indices biographiques et ses citations incessantes... car c'est bien de manque d'inspiration dont il s'agit, dans la mesure où ce roman est totalement statique. Et ne ressemble plus qu'à un assemblage de pensées griffonnées à la va vite - très bien griffonnées certes.


👎 Partouz 
Yann Moix | Grasset, 2004