dimanche 3 décembre 2023

The World of a Vampire #0 | Un plan à trois pour en finir avec la Corganologie

Il y eut ATUM. Son annonce, ses premiers extraits, son premier "acte". Il y eut les premières impressions, les commentaires fleuves, une simulation d'autodafé de t-shirt ZERO... bref : les éternelles blagues sur l'orientation artistique de plus en plus confuse de Billy Corgan, idole de jeunesse rageuse devenue à la longue sujet de plaisanteries entre potes – sinon carrément un mème. Il y eut encore l'annonce d'une tournée commune avec weezer, rapidement surnommée Âge tendre et Chemises de bûcherons. Mais il y eut surtout ce showcase célébrant le trentième anniversaire de Siamese Dream, album culte s'il en est, et ce sentiment d'y voir un Corgan plus sympathique que jamais – détendu, bien dans ses pompes, toujours un peu perché mais tellement moins infect qu'autrefois. Les vannes reprirent de plus belle, teintées de cette affection pas très assumée qu'on ne peut s'empêcher d'avoir pour ce vieux pote, éternel célibataire, qu'on ne croise plus qu'aux mariages des autres, et qui ne commence à être marrant qu'au bout de la sixième coupe de champagne. Et puis il y eut une phrase, à moitié en forme de pochade : Bon les mecs, on l'écrit quand ce All Billy Corgan Albums – Worst to Best ? Depuis le temps que nous décortiquions cette discographie entre nous, c'était presque une conclusion naturelle. Guic' et Xavier, mes camarades de toujours, ne mirent pas plus de quelques minutes à tomber dans le panneau. Deux jours plus tard, le pauvre Xavier et son fidèle calepin étaient déjà lancés dans une réécoute minutieuse de toute la discographie, me précipitant dans le piège que j'étais convaincu d'avoir tendu : au moment de jeter ma question, mon classement était déjà prêt depuis des semaines. J'avais déjà en tête de réaliser cet article en solo, n'envisageant – je le confesse – absolument pas de réécouter réellement, méthodiquement et intégralement toute l’œuvre de Billy Corgan. Seul, l'expérience n'avait aucun sens à mes yeux.

L'idée ayant fait son chemin plus vite que je n'avais su la formuler, restait à définir les modalités, à commencer par ce que nous entendions classer s'agissant d'un artiste dont nous connaissions tous la moindre Face C. Rapidement écrasée par l'ampleur de la tâche, il fut convenu par l'Assemblée des Corganologues Unis de classer TOUT sauf :
  • les albums non-officiels chelous où Corgan s'essaie au sound design (il y en a trois dispos sur YouTube, et vous n'avez pas envie d'écouter ça)
  • ses deux demi-OST pour Stigmata et l'autre dont j'oublie toujours le nom
  • les EPs ne proposant pas majoritairement du matériel original (au revoir Lull)
  • les innombrables collections de démos semi-officielles parsemant le Net
  • les albums live ultra collectors vendus au prix d'un PEL en exclusivité sur le site de son salon de thé (oui. Non. Ne cherchez pas à comprendre.)
  • les bootlegs (parce qu'on en préférait tous un différent)
  • le coffret Mashed Potatoes (parce qu'on avait la flemme)
  • les rééditions somptueuses (et somptuaires) des albums des années 90 (à regrets)
  • et The End Is the Beginning Is the End parce qu'on l'a totalement zappé (et qu'en plus on ne sait jamais comment s'écrit son titre).
Le règlement s'établit rapidement autour de trois classements séparés dans lesquels chacun répartissait un nombre donné de points (en l'occurrence 300) entre tous les albums (restants), avec interdiction stricte des égalités, dans l'optique d'en extirper une synthèse finale. Celui donnant le plus de points à un album héritait de sa chronique. La règle aura été scrupuleusement respectée dans le dossier qui va suivre durant les trois semaines à venir, à une exception près visant à ne pas pénaliser la modération de notre jeune et fringant Guic' (dont on ignorât jusque-là qu'il en fût capable, de modération, mais réussir à encore nous surprendre mutuellement après tant d'années est assurément l'une des raisons pour lesquelles nous sommes toujours potes – commentaire s'appliquant tout aussi bien à Billy lui-même).

J'épargnerai aux lectrices et lecteurs déjà fatigués à l'idée de se cogner un pensum sur le Géant Connard Chauve un fastidieux exercice de making of, fait d'écoutes et de retournements de situation, d'idées abandonnées puis reprises puis rejetées, de documents partagés et autres geekeries sordides qui débutèrent par Guic' me traitant de « matheux psychopathe » pour s'achever par ma femme s'exclamant « Bordel, mais faites un plan à trois qu'on en finisse ! » (sans oublier le bref intermède où cette série d'articles faillit devenir un podcast avant de se heurter à l'évidence que notre doyen, Papi Xav', ne savait pas ce qu'était un podcast). Je conclurai plutôt en remerciant mes deux vieux copains d'avoir joué le jeu à 200 %, de m'avoir fait rire plus d'une fois et d'avoir si facilement accepté l'idée que le fruit de leur labeur termine sur Le Golb alors qu'ils doivent fréquemment se botter le cul pour alimenter leurs blogs respectifs. Je n'ai pas souvent l'occasion de le dire, mais je vous aime, les mecs.

Ah si tout de même, une dernière précision : en tant que Directeur de Publication Auto-désigné, je suis à la minute où j'écris ces lignes le seul à avoir lu les textes des autres. On avait envie de se garder un petit suspens, histoire de réussir à faire exploser nous-mêmes les commentaires d'articles écrits par nous et n'intéressant que nous.

[N.B. : Pour d'évidentes raisons pratiques, le premier épisode est chronologiquement posté avant cette introduction, cf. colonne à droite de votre écran. La permutation sera faite par la suite afin de ne pas gêner la lecture.]