dimanche 25 février 2018

[GOLBEUR EN SÉRIES '17-18] Semaine 22

Dans l'épisode de la semaine : Butcher's Block, The Confession Tapes, Counterpart, Dragon Ball Super, Here & Now et Shut Eye.

👍👍 CHANNEL ZERO : BUTCHER's BLOCK Quatre minutes secondes. C'est le temps qu'il faut pour savoir que Channel Zero est de retour à ce qui a fait le succès de sa première saison (même si No-end House n'a pas démérité à certains égards, on l'avait noté ici). De l'horreur, oui, mais pas n'importe comment, et pas n'importe laquelle. Butcher's Block joue sur le malsain, son premier épisode est probablement le truc le plus glauque et poisseux qu'on verra en 2018, mais le show ne donne jamais l'impression de se complaire là-dedans et c'est ce qui le différencie immédiatement d'un American Horror Story. On pourrait filer la comparaison durant des lignes et des lignes, d'autant que les deux séries n'ont jamais paru si proche l'une de l'autre, ne fût-ce cette évidence qu'il y a toujours la tentation de taper sur les séries en fin de vie en oubliant ce qu'elles ont pu donner à leurs débuts. Pas sûr, dans le fond, que Channel Zero ait donné quoi que ce soit en mesure de rivaliser avec Asylum pour le moment, mais il est incontestable qu'en seulement trois petites saisons, elle a déjà témoigné d'une palette bien plus large et d'une capacité à se renouveler bien plus prometteuse. Là où AHS, c'est d'ailleurs pourquoi elle a fini par passer de mode, paraît recycler sempiternellement les mêmes gimmicks, Channel Zero excelle plus que jamais dans le mélange des genres, dans l'utilisation de tous les ressorts de l'horreur, du plus gore au plus psychanalytique. Elle s'usera peut-être encore plus vite : cette première moitié de Butcher's Block était brillante mais il m'a semblé que le troisième épisode marquait un peu le pas par rapport aux deux précédents. Ce qui est certain en revanche, c'est que son esthétique est remarquable, extrêmement sombre tout en étant parcourue de fulgurances burlesques mettant franchement mal à l'aise. En ce sens et sans préjuger de la suite, cette troisième histoire paraît pour le moment la plus équilibrée, celle ou le bizarre le dispute le plus à l'effrayant, où la narration paraît la mieux servie par l'esthétisme et où l'humour, certes très noir, réussit même à s'inviter. Vivement mercredi.

J'avoue tout : même la tête de l'héroïne me met un peu mal à l'aise.

👎 The CONFESSION TAPES, c'est vraiment l'archétype de la bonne idée qui se retourne contre vous et que vous finissez par vous prendre en pleine tronche. Elle n'est certes pas le premier true crime show à opter pour un concept tellement étriqué qu'au bout de quatre épisodes, on a l'impression d'avoir entendu quatre fois la même histoire. Mais le sentiment de redite est ici d'autant plus fort que cette histoire, on l'avait déjà tous entendue au moins une fois dans Making a Murderer. Des aveux extorqués, mal compris, manipulés... ce n'est pas en soi suffisant pour donner de l'intérêt à une série, fût-elle documentaire, surtout que The Confession Tapes souffre d'un vrai problème de format. Trop lents et répétitifs, les épisodes sont paradoxalement trop courts pour approfondir chaque dossier (même le premier, réparti sur deux épisodes, paraît survolé). On a du coup plus souvent l'impression de regarder Les Enquêtes impossibles de Pierre Bellemare qu'une série true crime de Netflix, ce n'est pas infamant en soi (respect éternel à Pierre, le Godfather de tous les amateurs de faits divers français), mais ce n'est à la hauteur ni des ambitions, ni des attentes.

COUNTERPART Parvenu à mi-chemin, il est assez étonnant de constater que la série à laquelle ressemble le plus le show SF de Starz est... The Americans. Dans l’atmosphère guerre froide, bien sûr, dans le mélange d'espionnage et de drame intimiste, évidemment, mais encore dans la structure narrative, le rythme ou le traitement des personnages. On pourrait ajouter que Counterpart en reproduit certains défauts, tant à l'instar de The Americans à ses débuts, l'aspect intime voire métaphysique a tendance à être bien plus touchant que le versant thriller n'est haletant. La série de FX avait mis un certain nombre de saisons à trouver le bon équilibre (deux, au moins) ; Counterpart peine déjà, après cinq épisodes, à soutenir l'attention du spectateur. Son problème est à la fois très simple et très compliqué : dès que l'on quitte le Howard "blanc", sa solitude, sa douceur et son humanité, on s'emmerde. Beaucoup. Son homologue est trop caricatural, et les personnages secondaires ont énormément de mal à exister dans cet univers totalement dénué de fantaisie, où tout semble gris, morne et triste.

D'ailleurs dans Counterpart, même quand il fait jour, il fait quand même un peu nuit.

💤 DRAGON BALL SUPER Voilà voilà. Enfin plutôt : c'est parti mon kiki. L'épisode 128 enclenche la fin, dont on peut déjà supposer qu'elle sera frustrante dans la mesure où au maximum, nous sommes partis pour cinq épisodes de Grand Combat Final (plus vraisemblablement quatre, puisqu'on peut imaginer - espérer - que le dernier sera une conclusion en bonne et due forme et ramènera tous les personnages portés disparus depuis des mois). Après avoir teasé le duel Goku/Jiren pendant plus d'un an, on peut trouver que ça va faire un peu court ; la vérité est que si je mets l'icône dodo c'est moins parce que je me suis endormi devant l'épisode 128 que parce qu'aucune autre ne me paraissait convenir. Dragon Ball Super n'est pas devenue réellement mauvaise (a-t-elle jamais été vraiment bonne est une autre question que nous traiterons un autre jour), mais cet ultime arc a tellement soufflé le chaud et le froid, durant si longtemps, qu'on est soulagé de se dire que ça se termine. Qu'en théorie, les prochaines semaines seront focalisées sur de l'action à grand spectacle et qu'après on renverra enfin Goku à sa maison de retraite (mais pas pour longtemps, puisqu'un film doit paraître en fin d'année). En plus, de même qu'à une ou deux exception près tous nos héros sont tombés exactement dans l'ordre où on pensait qu'ils allaient tomber, on voit pas du tout venir que Goku et Jiren vont se neutraliser et que c'est Freezer (actuellement assommé dans un coin) qui va se retrouver à involontairement devenir le grand gagnant du tournoi. Le fait qu'il hérite d'un vœu auprès du Super Dragon Sacré pourrait d'ailleurs donner un super pitch post-ap pour la suite, m'enfin ne rêvons pas trop...

C'est bon, on a compris que tu brillais.

💤 HERE AND NOW Il est très probable que la nouvelle création d'Alan Ball soit une des pires séries de l’année. Les personnages sont horripilants, le rythme est d'une lenteur à mourir, les dialogues sont plats, l'intrigue est complètement pétée et Ball enchaîné cliché sur cliché en prenant des airs de grand auteur moraliste. Tout cela reste pour moi à l'état de probabilité car la vérité, c'est surtout que j'ai passé mon temps à pioncer et que le seul épisode devant lequel je sois parvenu à rester éveillé jusqu'au bout (le pilote), j'ai quand même fait une pause au milieu pour téléphoner à ma grand-mère parce que bordel, il restait encore trente minutes (j'avais l'impression que ça durait depuis une heure trente). Donc voilà : Here and Now est la nouvelle série d'un type qui a révolutionné la télévision il y a trèèèèèèèèès longtemps et qui n'est aujourd'hui plus qu'un de ces Noms à qui on continue à filer des budgets parce que chez HBO, on est comme ça, on prend soin de ses personnes âgées. Dans sa nouvelle série, il a décidé d'écrire une satire de ce qu'il reste de l'Amérique upper class démocrate et il donne presque envie de voter Trump tellement ses héros sont antipathiques. On tient là une constante de son travail puisqu'il y a encore peu de temps, Ball était l'auteur d'une série, True Blood, dans laquelle les vampires étaient supposés être une projection allégorique des minorités oppressées... qui passaient leur temps à tuer et violenter tout ce qui croisait leur route, faisant légèrement se demander pourquoi on était censé vouloir militer pour leur intégration. Il est comme ça, Ball : il aime bien tirer contre son camp et en un sens, il y a un certain panache à la balancer sur HBO une œuvre chiant aussi franchement sur le public-cible de HBO. Le problème, c'est que vu de chez nous, on en a juste rien... mais rien... mais alors RIEN A BRANLER. Here and Now ressemble juste à une mauvaise parodie de This Is Us dans laquelle au lieu des gentils crétins consensuels on a des méchants connards politiquement correct. Passionnant.

Sans déconner, tu croises ce mec dans la rue, direct tu as une alerte tête-à-claques qui résonne... Toi, oui, mais pas Alan Ball. Lui il se dit juste "hé, sympa la coiffure !"

👍 SHUT EYE (saison 2) Fraîchement annulée par Hulu, Shut Eye n'est pas une série sur laquelle on passera des semaines à pleurer. Personne sans doute ne signera la moindre pétition pour son retour (encore que de nos jours, on ne sait plus...), tout le monde l'oubliera vraisemblablement assez vite, qu'importe si sa bonne seconde saison confirmait le bien qu'on pensait d'elle. Rien d'original ni de fou, mais de la série noire de bonne tenue, se reposant beaucoup si ce n'est uniquement sur l'alchimie entre Jeffrey Donovan et KaDee Strickland (duo de vieux routiers télé aussi attachants que sous-cotés), dont les épisodes passaient sans forcer, un peu moins que passionnants, un peu plus que simplement divertissants. Bon et puis bien sûr, il y avait Isabella et ça, ça rachetait tout, même à 65 ans et en plein numéro de cabotinage si ce n'est d'auto-parodie. C'est comme ça - on y peut rien, le monde à ses yeux.



Vu que je n'ai ni "à part ça" ni oldie cette semaine, je vous laisse en musique (et avec un montage photo exceptionnel, n'est-ce pas ?)

19 commentaires:

  1. Bien vu, le rapprochement Counterpart/The Americans.
    Enfin, la comparaison a ses limites, The Americans est une des meilleures séries de ces dernières années. Counterpart en est très loin. Quel ennui.

    Je suis peut-être le seul, à en juger par les différents commentaires, mais j'ai nettement préféré la saison 2 de Channel Zero. Cette saison 3 me pose deux problèmes :
    - je la trouve plus convenue, ou, dirais-je, moins "hybride". C'est de l'horreur spectaculaire assez classique. Tu as raison de noter qu'on n'a jamais été si proche d'American Horror Story.
    - ses personnages me semblent mal caractérisés, le premier épisode ne remplissant pas bien sa fonction d'exposition. Je ne m'attache pas à ces jeunes filles, qui ne paraissent pas avoir de personnalité, au-delà de leur "trauma originel".

    Le montage photo est en effet sensationnel !
    ;)

    Bon dimanche,

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    1. Tu n'es pas seul, Bloom :)

      J'aime cette saison 3 mais je préférais moi aussi les précédentes.
      Et tu as raison pour les personnages, à vouloir entrer très vite dans le vif du sujet les auteurs ont un peu oublié de les introduire. Il n'y a pas assez de background, pas de dérèglement du quotidien comme dans les saisons 1-2. Donc pas de réelle montée en puissance non plus.

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    2. Je vois très bien ce que vous voulez dire et je suis assez d'accord avec vous. Je n'ai pas dit non plus que Butcher's Block était parfaite. Mais je maintiens que c'est à mon avis la saison la mieux équilibrée pour le moment (sans préjuger de sa conclusion car je garde aussi à l'esprit que Candle Cove, après trois épisodes, était sur le podium des meilleures séries de l'année avant de retomber doucement mais sûrement...)

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  2. Here and Now : bien dit. HBO ferait bien de tourner la page des années 2000, et de ne plus confier de nouvelles séries à des auteurs qui sont devenus des ringards. Un peu comme les musiciens qui parlent de la vie de tournée ou de certains scénaristes qui écrivent sur les coulisses de la télé, Alan Ball parle d'un monde auquel personne ou presque en Amérique (et dans le reste du monde) ne peut s'identifier, et les personnages sont pour la plupart très stéréotypés. Mais vu qu'ils sont démocrates et pleins de bonnes intentions, la critique dira forcément forcément que c'est formidable...

    Counterpart : je te rejoins. Le Howard "gentil" est le seul personnage intéressant du lot, donc forcément, on s'ennuie beaucoup (pour rester poli).

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    1. Et je pense que ça n'ira pas en s'arrangeant car la logique de la série est que le Nice Howard s'implique de plus en plus dans l'intrigue d'espionnage, donc qu'il perde petit à petit le côté "innocent" qui le rend intéressant. Mais c'est un problème très répandu à la télévision, j'ai l'impression. Par paresse, des scénaristes témoignent d'un rapport assez utilitaire à leur personnage principal, qu'ils utilisent pour l'exposition avant de délaisser sur le mode "ah bah non mais en fait on vous a pas dit mais c'est une série chorale". Sauf que le spectateur en l'occurrence a découvert l'univers de la série par les yeux de Howard, s'est posé les mêmes questions que lui, a été intéressé/intrigué/ému par ses problématiques, et n'a pas forcément envie de passer autant de temps avec les autres (dans Counterpart, c'est poussé jusqu'à l'absurde puisque l'autre personnage principal de la série est aussi Howard ^^).

      Pour Here and Now je n'ai pas beaucoup de temps aujourd'hui donc je vais essayer de répondre à tout le monde en même temps un peu plus bas.

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  3. C'est vrai que c'était sympa, Shut Eye. Comme tu dis ça ne me manquera et je l'oublierai vite mais ça me déçois un peu comme annulation.

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  4. Je me souviens d'un article (sur le Golb je crois mais j'ai un doute) à propos de Cure qui disait que le groupe se mettait à sonner comme les groupes qui l'avaient copié, Here and Now c'est exactement ça pour moi. La comparaison avec This Is Us est bien vue mais ça marche avec d'autres, cette série ressemble à des dizaines de drama familiaux influencés par SFU mais pas une seconde à SFU lui-même, c'est quand même un peu couillon. Et je trouve ça presque aussi gris et triste que Counterpart, visuellement.

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  5. C'est devenu tellement rare qu'une série fasse l'unanimité que j'ai envie dire "MERCI MONSIEUR BALL" :-D

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    1. ^^

      Enfin tu t'avances un peu là, Here and Now n'arrive visiblement pas à faire l'unanimité auprès de ceux qui ne l'ont pas vue :-)

      Pour le reste, même tarif que les autres : ⇊

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  6. Je n'ai pas encore vu "Here and now" mais au vu de tout ce qu'elle prend dans la tronche un peu partout, j'ai presque envie de la défendre. Comme cela, un peu à l'aveugle.

    Dire que Ball est un ringard, c'est peu fort de café. Après, qu'on puisse se fiche d'une énième famille US à la télé US, avec des problèmes "de riche", je peux aisément le comprendre surtout lorsque a) cela vient de quelqu'un qui a déjà passé cinq ans, sur la même chaine, à aborder cette thématique b) l'on est un drame qui passe sur HBO et qui aspire à des prétentions auteurisantes qui peuvent, à terme, paraitre prétentieuses- ce qui n'est pas forcément le cas sur NBC de prime abord, car si "This is us" est beaucoup moins policée qu'on ne le croit ^^.

    Il faut tout de même rappeler que la famille Fisher était quand même, souvent, assez agaçante, surtout dans ses dernières saisons. Que Brenda était une sacrée casse bonbon (avec un frère psychopathe et une mère aussi narcissique d'accord), que les atermoiements sexuelo-existentiels de Claire, Nate et David pouvaient également, à la longue, être juste... redondants et horripilants. Cela n'a pas empêché à la série d'atteindre une jolie forme de grâce, surtout dans sa très très très belle première saison (qui, entre nous soi-dit, se suffit à elle-même).

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    1. Quel moment d'héroïsme que cette défense à l'aveugle. Savourons-la tous ensemble parce que malheureusement, quand tu auras vu la série, qui est franchement médiocre voire carrément mauvaise, tu risques d'être un peu embarrassé ^^ Sache que Le Golb sera toujours ta maison et que j'interdirai aux autres de se moquer de toi :-))

      Plus sérieusement, et pour synthétiser rapidement ce que j'aurais pu répondre plus haut à JULIEN, SERIOUS voire J-C, "ringard" n'est pas forcément le terme que j'aurais employé. Pour moi, Here and Now serait ringarde si elle déclinait une formule ancienne, si Ball s'y montrait incapable de s'éloigner de schémas qui ont fait sa notoriété. Ce n'est pas le cas : Here and Now est une série chiante et prétentieuse, certes, mais elle l'est d'une manière assez contemporaine. Ball n'essaie pas de refaire Six Feet Under. En réalité, passé le côté famille, Here and Now n'a même rien à voir avec Six Feet Under, elle m'a beaucoup plus fait penser à This Is Us (donc) ou à des choses plus anciennes comme Brothers & Sisters (qui avait la réputation d'être un sous-Six Feet mais avait en réalité un ton assez différent et plus politisé qu'on retrouve un peu ici), et ce n'est pas uniquement parce que Ball pompe ses suiveurs (SERIOUS). Sa démarche me semble différente, plus acide ; à mon sens, Here and Now est une satire, ses personnages sont volontairement antipathiques, quand Six Feet était une pure comédie dramatique qui nous plaçait en empathie avec ses héros (ce qui était beaucoup plus facile car soit dit en passant, ils n'appartenaient pas à la même classe sociale, les Fisher n'étaient pas des bourges). Je pense que si la série n'était pas si soporifique, on s'apercevrait à terme que le projet de Ball est de faire voler en éclat le vernis et de placer ces gens face à leur égoïsme et à leurs contradictions. Donc pas ringard (en plus ce n'est pas comme s'il ne vivait que sur les succès anciens de Six Feet ou American Beauty... True Blood n'est terminée que depuis deux ou trois ans et quoiqu'en pense, elle a été un vrai succès... à la limite - et là je vais te faire bondir - David Simon est plus un ringard que Ball, à mes yeux. Lui décline bel et bien une formule et des codes qui avec le recul n'ont réellement fonctionné que dans la moitié de ses créations, et il vit complètement sur sa gloire passé dans la mesure où personne ne regarde ses séries).

      Reste que tout ceci posé, Here and Now, c'est mauvais. C'est bourré de clichés, les trois quarts des comédiens sont de pures têtes à claques (même Tim Robbins n'est pas bon) et c'est trop mal écrit, dialogué et filmé pour qu'on ait envie de farcir autant d'épisodes aussi longs. C'est là qu'en définitive, je rejoins quand même JULIEN : peut-être que le fait de vouloir dire quelque chose sur son époque évite à Ball d'être un "ringard" à mes yeux, mais le fait de vouloir dire quelque chose sur ton époque ne signifie pas que ce soit quelque chose d'intéressant ou de pertinent.

      En revanche, je suis globalement d'accord avec tout ce que tu dis de Six Feet Under. En fait, j'ai essayé de la re-re-visionner il y a deux ans, pour les besoins d'un article que je n'ai jamais fini, tout simplement parce que je me suis vite arrêté. Je ne suis pas loin de considérer qu'il s'agit d'une série les plus surestimées de son époque (y compris par... moi, jusqu'à récemment !), seules les deux premières saisons méritent en fait réellement les dithyrambes qui englobent la série dans son ensemble.

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    2. Chiante, prétentieuse, inintéressante et soporifique : voilà 4 adjectifs qui définissent à merveille cette nouvelle création signée Alan Ball.
      Après, on peut débattre à l'infini sur le fait que certains auteurs sont ringards ou non, mais je trouve à titre personnel que HBO devrait tourner la page des Simon, Ball, Milch, Winter et autres gloires qui firent sa renommée (à défaut de toujours faire son succès) dans les années 2000. A un moment, il faut se renouveler et faire confiance à de nouveaux auteurs plus en phase avec leur époque.
      Par exemple, j'apprécie The Deuce, mais cette série ne fait pas avancer le schmilblick, et elle nous montre en effet que David Simon n'est plus le "génie" créatif qu'il était du temps d'Homicide et The Wire.

      Channel Zero : j'ai vu le 3x03 hier soir, et je me suis fait la réflexion que le principal problème de cette série était la durée de ses épisodes. 42 minutes, c'est beaucoup trop long au vu de ce que les scénaristes ont à nous raconter, et je me suis souvent ennuyé au cours de ces 3 saisons. Un format plus court (30 minutes ?) n'aurait pas été pour me déplaire.

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    3. Je pense que HBO n'en a réalité plus grand-chose à faire de tous ces auteurs. La politique de la chaîne est clairement tournée vers des choses plus mainstream, vers du blockbuster auterisant à la Game of Thrones/Westworld (d'ailleurs, le point de bascule de cette politique a clairement été... True Blood). C'est assez flagrant depuis quelques années et à voir les projets en cours de développement (Demimonde produite par Abrams, la nouvelle série de Weiss et Benioff dont j'oublie le nom...), ça ne va pas aller en s'arrangeant. Les Simon, Milch et compagnie ne sont plus là à mon avis que pour la caution intello, histoire de dire "bon ok, on fait des trucs des vulgaires et racoleurs comme Game of Thrones mais vous voyez, on continue à produire des auteurs indépendants à côté"... Comme précisément ce n'est pas ce qui rapporte réellement et que ces trucs sont quasiment là pour faire le nombre, ils n'ont pas vraiment de raison de rompre avec ces auteurs pour faire confiance à une nouvelle génération (qui de toute façon n'a plus à mon avis le même respect pour HBO, je pense qu'aujourd'hui quand tu débutes avec une vraie proposition, ce n'est pas cette vieille institution qui va te permettre de faire tes preuves).

      Pour Channel Zero, j'ai du mal à identifier un problème structurel qui se répéterait à chaque saison. Je trouve que ta remarque s'applique pas mal à No-End House, mais moins à Candle Cove dont j'avais au contraire le sentiment que les épisodes étaient trop denses, surtout vers la fin, et qu'une saison un peu plus longue aurait permis de mieux gérer (et combler) certaines ellipses (mais je pensais plus en terme de nombre d'épisodes, ce qui n'est pas forcément en contradiction avec ce que tu suggères). D'ailleurs quand la saison 2 a commencé il y a quelques mois, j'avais totalement oublié qu'il n'y avait "que" six épisodes, j'étais même sincèrement convaincu que Candle Cove en comptait huit.

      C'est un peu tôt pour savoir ce qu'il en est de Butcher's Block mais j'ai tendance à trouver qu'il s'est déjà passé énormément de choses en très peu de temps, et comme l'ont noté BLOOM et ALEX, ça s'est déjà fait un peu au détriment de la caractérisation des héroïnes... alors avec 15-16 minutes de moins chaque semaine... je ne suis pas sûr que ça pourrait être beaucoup mieux. D'ailleurs à l'heure actuelle j'aurais plus tendance à me plaindre d'une sensation de trop-plein plutôt que d'une sensation de longueurs dans cette saison, pas toi ?

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    4. En effet, HBO est devenue une chaîne à blockbusters (racoleur me semble être un bon terme), mais comme tu le dis, elle tient toujours à sa caution intello. Je trouve juste dommage qu'elle ne fasse pas davantage confiance à de jeunes scénaristes pour ces séries que plus grand monde ne regarde de toute façon. La jeune génération ne regarde certainement plus HBO comme ce graal sur lequel il FAUT être pour être pris au sérieux, mais je ne pense pas pour autant qu'ils la considèrent comme une vieille institution un peu ringarde. Ca n'est peut-être plus ce que c'était, mais j'imagine que ça fait tout de même toujours plus envie qu'un network quand on est scénariste. Et en plus, ça paye mieux !

      Channel Zero : les trois saisons me donnent toutes l'impression d'avancer à un rythme d'escargot. Il y a ça et là des fulgurances horrifiques qui me prennent totalement au dépourvu et m'incitent à revenir la semaine suivante, mais je trouve que la plupart des épisodes souffrent d'un problème de rythme. Si on ajoute à cela des personnages secondaires souvent bien moins intéressants que les protagonistes principaux...

      Seven Seconds : il y a des gens qui ont commencé cette série Netflix ? J'aime beaucoup la relation entre les deux héros, et Regina King est comme à son habitude fantastique (j'adore cette actrice). A côté de ça, les flics de la section narcotiques me font penser à une parodie de la Strike Team...

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    5. J'exagère un peu avec ma "vieille institution", tu as raison.

      Je voulais simplement dire ce que tu dis toi-même, à savoir que HBO n'est plus le Graal. Elle l'a été à une époque, pour cette raison évidente qu'elle a signé à la file toutes les séries d'auteurs les plus crédibles et respectées des années 2000 (je ne parle pas forcément de "succès"). Celles des années 2010, non seulement elles ne sont pas passées sur HBO, mais en plus, pour plusieurs d'entre elles (les plus notables étant rien moins que Mad Men et Breaking Bad), HBO les a séchement recalées. Dans un paysage en perpétuelle mutation où la concurrence se développe à toute allure, cela ne peut que changer la perception.

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  7. « quand tu auras vu la série, qui est franchement médiocre voire carrément mauvaise, tu risques d'être un peu embarrassé ^^ »

    => ; ) Je comptais finir mon commentaire sur ce point précis mais j’ai été tellement interrompu que j’en ai oublié de l’ajouter hier. Oui, c’est fort probable même si, là tout de suite, dans le lot des « nouveautés », j’ai listé Waco et Counterpart: je ne prévois pas regarder la nouvelle production de misère Ball de sitôt.

    «  et là je vais te faire bondir - David Simon est plus un ringard que Ball, à mes yeux. Lui décline bel et bien une formule et des codes qui avec le recul n'ont réellement fonctionné que dans la moitié de ses créations, et il vit complètement sur sa gloire passé dans la mesure où personne ne regarde ses séries ».

    => Je n’ai pas bondi tant que cela étant donné que je ne suis pas non plus un fan absolu de l’ami Simon. J’ai beaucoup de respect et de l’estime pour ce qu’il a produit (The Corner, The Wire, Treme…ce qui n’est pas rien) mais de là à dire qu’il est ringard également, c’est comme de reprocher à Ken Loach de faire les mêmes films depuis cinquante ans ou à Zola de faire et d’écrire du Zola. Le type écrit et produit de la télévision sur une seule et même thématique (politique, sociale, engagée, mettons l’étiquette que l’on veut), en sachant qu’il a acquis ses galons sur des séries que personne ne regardait déjà à l’époque. On peut s’en détacher, s’en éloigner (The Deuce m’a tellement paru vain, et inutilement sordide, que je ne l’ai pas finie - il me reste deux épisodes pourtant) ou vouloir regarder des séries pour, justement, fuir le réel mais j’ai davantage d’intérêt à aller vers ses productions que vers Ball; quand bien même je trouve que ce dernier fut assez brillant dans le cas d’American Beauty et de la première saison de SFU.

    Bref, il y a davantage de choses nouvelles à regarder. Mais j’ai souvent une démarche kamikaze lorsqu’on s’attaque à des vieux papys ^^

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    1. Ah mais je te rassure, je fais totalement partie des gens qui considèrent que Ken Loach fait toujours les mêmes films depuis et a largement fait son temps :-D

      Non mais je vois ce que tu veux dire sans le dire : on ne peut pas non plus reprocher à un auteur d'être un auteur. En revanche, on peut reprocher à un homme vieillissant de virer réac (ce qui est clairement le cas de Ball, et ça ne date pas de Here & Now), d'être en décalage avec son époque, etc. La comparaison avec Loach touche à sa limite dans la mesure où même si celui-ci gravite toujours autour des mêmes thèmes, il n'y a pas ce décalage d'intérêts. La question n'est pas tant celle d'évoluer (ou pas) de manière formelle que de savoir (ou pas) rester pertinent par rapport à son temps. Ce qui fut totalement le cas de Zola, par exemple, dont les romans de la fin, qui coïncident avec la période où nombre de ses ex-disciples ont lancé le mouvement décadent, sont bien plus sombres, pessimistes, violents et très marqués par l'humeur de l'époque même si sur la forme, cela reste du Zola.

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