samedi 12 novembre 2016

[GOLBEUR EN SÉRIES '16-17] Semaine 9

Pour d'obscures raisons contractuelles d'emploi du temps, le Golbeur en séries de la semaine paraît le samedi, de même que le précédent était paru... le lundi. C'est totalement et absolument n'importe quoi, j'en conviens, mais on ne va tout de même pas se priver. D'autant que le menu de la semaine est alléchant, jugez plutôt : du teen drama fantastique (ça faisait longtemps), du village bien d'cheu nous (ça faisait encore plus longtemps) et du bien de deux séries après lesquelles j'ai l'habitude de râler à longueur de Golbeurs en séries. Bon week-end à tous.

👍 CLASS est ce qu’on appelle une série à handicaps. Spin-off d’une franchise (Doctor Who) si vampirique qu’aucune des tentatives passées n’est parvenue à s’en émanciper1, elle s’inscrit dans un des rares genres (le teen drama fantastique) où les Anglais se viandent quasiment à chaque fois, et est pilotée par un auteur (l’écrivain Patrick Ness) quasiment débutant à la télévision. Autant dire que tous les éléments sont réunis pour s’écraser dans le premier mur venu. Pourtant, après quatre épisodes, la série fonctionne plutôt pas mal. Peut-être parce que ce premier dérivé de Doctor Who dont le titre - il n'y a pas de hasard - ne fasse pas directement référence à cet univers trouve rapidement le moyen de se défier des apparences : ne fût-ce l’apparition rapide de Peter Capaldi pour jouer les Monsieur Loyal, Class n’a pas grand-chose à voir avec Doctor Who, que ce soit sur le fond (plus sombre) ou sur la forme (plus horrifique). Elle n’a d’ailleurs pas grand-chose d’anglais non plus (à part les accents des personnages et le fait que l’un d’eux joue au vrai foot), étalant plus volontiers sa serviette d’influences de l’autre coté de l’Atlantique. On pense un peu à Buffy pour les classiques ; beaucoup au Teen Wolf des débuts pour les contemporains (peut-être l’effet vestiaire de l’épisode 2…) Rien que très normal puisque Class en reprend les fondements narratifs (le lycée, cet Enfer-au-sens-propre). Il manque encore à ce stade le petit plus pour passer en première division : ce second degré de lecture qui permit à ses références d’en devenir. Mais il faut noter que son très bon troisième épisode (« Nightvisiting ») s’en approche, déjà. En affinant un peu les traits de ses héros (dont il assez normal qu’ils paraissent un peu peints à la truelle à ce stade) et en essayant de trouver une bande-son un peu plus supportable, Class pourra rêver à un bel avenir au diplôme de fin de saison. Aucun doute là-dessus.

Par contre ce sera un avenir un peu crado, tel que ça part...

👍 ONCE UPON A TIME (saison 6) Il fallait bien que cela arrive : après six années de rebondissements plus prévisibles les uns que les autres, dont au moins quatre à raconter n’importe quoi n’importe comment, Once Upon a Time a réussi à… j’ose à peine l’écrire de peur que vous ne me jugiez : Once Upon a Time a réussi à me surprendre. Pour de vrai. Avec un de ses rebondissements. Avec un excellent rebondissement, parfaitement amené. Je vous jure que c’est vrai. Cette double-sleeping curse est une super trouvaille. Certes, elle l’est surtout parce qu’elle est totalement inattendue et survient au moment même où l’on se dit que la série va encore retomber dans les mêmes schémas éculés. Certes encore, c’est certainement ce qu’elle fera sur le long terme : ne doutons pas une seconde que cette très bonne trouvaille scénaristique sera bafouée par ses propres auteurs dès le prochain épisode - c’est-à-dire dès demain soir. Mais savourons-là, car à raison d’une bonne idée tous les trois ans et au vu des audiences, il s’agit certainement de la dernière de toute l’histoire d’une série qu’on aime bien quand même, ici, même si je sais que vous comptez sur moi pour l’assumer à votre place.

👍👍👍 Un VILLAGE FRANÇAIS (saison 7, partie I) Quel retour. Quelle série ! Sept ans après des débuts pourtant un peu cahoteux, on commence sévèrement à manquer de superlatifs. Meilleure série française en activité ? Déjà fait. Meilleure série tout court en activité ? Ce n’est plus exactement le cas aujourd’hui - mais ce le fut, oui, au moment de ses superbes saisons 3 et 4. Meilleure série française de tous les temps, alors ? Je n’y avais jamais pensé mais dans le fond, c’est une évidence. Une telle constance dans l’excellence vous donne de quoi aspirer à une certaine forme de postérité. D’autant qu’au moment d’amorcer sa dernière ligne droite, Un village français a encore le culot si ce n'est de surprendre, du moins d'oser. En affichant, par exemple, une cohérence affolante dans un pays où la plupart des bonnes séries (ainsi que pas mal de mauvaises) ne reviennent que tous les deux ou trois ans en effaçant les trois quarts des évènements passés de la mémoire collective. Du côté de Villeneuve, on n’a cure de ce genre de procédés faciles : on préfère se compliquer la tâche avec ce dernier arc qui, il faut le rappeler car cela rend sa maîtrise encore plus impressionnante, n’était pas prévu dans le projet initial (Un village français devait s’arrêter à la libération et ainsi ne faire que cinq ou six saisons). On préfère fouiller dans les limbes de la mémoire, avec beaucoup de talent malgré un recours parfois un peu répétitif aux flashbacks, en confrontant les personnages survivants à ce qu’ils étaient encore, avant ou aux balbutiements de l’Occupation. Par instants, c’est d’une beauté à pleurer, même - surtout - s’agissant de s’appesantir sur le destin de personnages aussi froids et antipathiques que Servier, voire Marchetti (irrécupérable jusqu’au bout, pourtant). Dire qu’il ne reste qu’une poignée d’épisodes, dont une moitié à consommer dans neuf ou douze mois (?)… à ce niveau de qualité narrative et de pertinence historique, elle pourrait bien durer encore dix ans que cela ne dérangerait probablement personne. Et Dieu sait que ce n’est pas le genre de choses que l’on souhaite habituellement, même aux meilleurs shows. Un Village baby boomer français, ç’aurait une certaine gueule, non ?

« J’ai pris plaisir à m’occuper des autres, à un moment où sans doute ça n’était pas possible de le faire bien. » : à pleurer, je vous dis.


... à part ça...

Voilà exactement pourquoi je continue à regarder You’re the Worst malgré les sentiments mitigés qu’elle peut parfois m’inspirer. Pour des scènes comme celle de la tarte (3x10, "Talking to Me, Talking to Me"), qui parviennent à me faire rouler-bouler sur mon canapé. Dans ce genre de moment, You’re the Worst est tout simplement la meilleure comédie de l’univers. Dieu sait pourtant qu’elle n’a rien de folichon, cette saison. Je ne suis même plus tout à fait à jour dessus. Mais quand je vois Lindsay décrypter ses pensées en mangeant de la tarte, impossible de me dire que je vais décrocher.

Je n'oublie la prise de note de Gretchen, bien sûr. Cette série ne serait rien sans Gretchen.


1. K-9 and Company ne dépassa pas le stade du pilote, Torchwood fut un véritable accident industriel avant de parvenir à produire de bonnes saisons, K-9 n’est pas une série officielle… quant à The Sarah Jane Adventures, elle ne doit sa réussite qu’à son côté extrêmement ciblé (et ne fut pas non plus le plus grand succès du siècle).

27 commentaires:

  1. Le pilote de Class était drôlement pénible, mais c'est vrai que la série s'en sort bien dans la durée.

    Par contre You're the worst désolée, je trouve cette saison in-regardable. C'est chiant, c'est pas drôle... Grosse grosse déception pour ma part.

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    1. Ah mais je suis assez d'accord, en fait. Je la trouve globalement ratée, cette saison 3...

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    2. Ils ont voulu refaire la saison 2, mode "comédie sur la dépression nerveuse", mais je trouve ça beaucoup moins efficace (ni touchant).

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    3. (tu réponds vite aujourd'hui ;))

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    4. Bah, j'étais encore devant l'ordi ^^

      (en général une fois mon article posté je vais faire autre chose)

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  2. Toutes les scènes du procès dans UVF étaient effectivement géniales. Moi aussi, je pense que je pourrais suivre cette série encore 10 ans !

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  3. Class est assez cool mais alors par contre j'ai vraiment du mal avec la gamine qui joue April, dans le dernier épisode quand elle résiste au Shadow Kin on a envie de lui donne une dragée Fuca :D

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    1. Elle est un petit moins bonne que les autres gamins, c'est exact. Mais bon, ça ne m'a pas trop dérangé (moins que l'affreux générique).

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  4. En deux golbeurs en série tu viens de sauver des eaux deux mastodontes des drawas (Arrow et OUAT)...mais pour qui allons-nous voter ?! :-o

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    1. Euh... pour Arrow et Once Upon a Time ? ^^

      Ce n'est pas parce que j'en dis un peu de bien de temps en temps (et encore heureux, je les regarde toutes les semaines depuis des années !) qu'il n'y a plus aucun mal à en dire, rassure-toi ;-)

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    2. Tu as tout de même déjà dû te demander dans quelle mesure tes articles influençaient les votes de tes lecteurs ;-)

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    3. Si, bien sûr. Mais l'année dernière a prouvé que ça ne comptait pas tant que ça puisque je n'ai écrit qu'une poignée d'articles séries :-)

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    4. Prouvé comment ? Je n'ai pas compris (désolée, je suis chiante ^^)

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    5. C'est moi qui me suis mal exprimé :-)

      Je voulais dire que les votes n'étaient ni trop éloignés ni trop proches de ce que j'aurais voté, moi.

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  5. Pour ma part, j'ai vu quelques lourdeurs dans cette (demi) saison d'Un Village français. Le recours aux flashback, tu le relèves, mais, aussi, quelques sentences "didactiques" donnant l'impression que les personnages, en particulier Marchetti, ont plus de recul, qu'ils ne devraient en avoir, par rapport à l'histoire.
    Dommage, et inhabituel, dans cette série.

    Bon dimanche.

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    1. Ce n'est pas tout à fait faux (je me suis fait la même réflexion à une ou deux reprises), mais ça ne me semble pas suffisant pour me considérer "déçu" :-)

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  6. Résultat de ce billet: j'ai regardé le premier épisode de Class. Plutôt hyperactif mais quelques références qui m'ont fait sourire, celle à la Hellmouth et puis celle au foot - c'est tellement mieux de jouer aux darts ;-)

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    1. Hé, hé, comme quoi poster le Golbeur en série en avance a un avantage : je peux avoir ton avis le dimanche sur ce dont je parle le samedi ;-)

      C'est marrant que tu parles du côté "hyperactif", GUIC' m'avait dit la même chose avant que je commence à regarder et ça ne m'a pas spécialement sauté aux yeux (mais peut-être est-ce parce que comme je regarde quasiment TOUS les teen dramas qui passent, je suis habitué à ces hordes de jeunes gens excités ^^)

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    2. J'avais vu le commentaire de Guic' ;-) Et il faut dire que je regarde en même temps Masters of Sex et Longmire, qui sont plutôt lents. Le contraste est donc grand.

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    3. Ah bah oui, forcément. Après un épisode de chaque, même sortir dans la rue doit te donner l'impression que le monde entier est hystérique ^^

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    4. pas ma rue ;-) elle est plus calme que les coins les plus éloignés de l'Absaroka County - l'avantage de vivre dans une rue sans issue

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    5. J'ai vécu quelques années dans une impasse, donc je vois bien l'idée (et je valide ^^)

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  7. Je suis du même avis que Bloom concernant "Un village français. Ce début de septième saison est passionnant lorsqu'il replace les personnages dans leur contexte passé (la façon d'immerger le spectateur dans les souvenirs est simple mais incroyablement émouvante) ou lorsqu'il analyse, amèrement, la manière dont la République reconstruit ses bases politiques (que ce soit par le procès de Larcher et Servier dont les échanges demeurent aussi beaux que puissants ou la conquête pour municipalité de Villeneuve).

    Autrement, ça tombe souvent dans le mauvais feuilleton:

    ATTENTION SPOILERS EN DESSOUS!!!!

    - L'évolution psychologique d'Hortense est cohérente mais je ne suis pas réellement convaincu par l'interprétation d'Audrey Fleurot.
    - La (double) sortie de Marchetti est ratée: on nous ressort Rita des tiroirs pour nous jouer une situation que l'on a déjà traitée et alors le coup du poison est ridicule.
    - Le viol qui arrive en fin de saison surcharge une histoire qui l'était déjà que trop.
    - Schwartz en maire est une bonne piste mais le faire retomber (quoi, une troisième fois ?) entre les cuisses de Jeannine fait réchauffé.

    Je dois en oublier mais, tout ça pour dire et tu l'auras compris, mon impression est mitigée. Tout comme elle l'était par le début de la saison 6. Outre les points relevés, je suis d'accord avec toi sur la cohérence et la qualité préservée sur une aussi longue durée.

    La série est exemplaire à plus d'un titre. Elle devrait quasiment être diffusée dans les écoles tant elle brille de justesse et par son refus de vouloir, à tout prix, cliver les bons et les méchants. C'est on ne peut plus d'actualité. Et ça pourrait continuer facile sur sept saisons supplémentaires...

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    1. Je ne vais répondre que sur la partie spoilers, vu qu'on est à peu près d'accord sur le reste, donc...

      ATTENTION, SPOILERS ! :-)

      Je suis surtout d'accord toi sur le troisième point, ça n'apporte pas grand-chose et je déteste les scènes de viol gratuites (même si on ne voit rien, en l'occurrence). A la limite, je m'attendais à moitié à ce que Hortense soit violée dans la saison d'avant, au moment d'être tondue. Je n'aurais pas trop aimé (considérant que la tonte elle-même était déjà une scène bien assez horrible), mais je l'aurais mieux compris. Ici, ça m'a d'autant plus gêné que le personnage (dont je ne sais même plus le nom) ne sert à peu près à rien, ce qui lui donne un côté "chair à viol" qui met franchement mal à l'aise. J'entends bien qu'il s'agissait de montrer que les "libérateurs" ne sont guère plus héroïques que les Allemands, mais je pense qu'il y avait d'autres manières de le souligner (si tant est qu'il y en ait eu besoin, tout l'arc où Hortense est retenue par les Américains ayant déjà à mon sens rempli cet office).

      Pour le reste :

      - je suis d'accord pour Fleurot, cela dit ça ne date pas de cette saison. Ce que je vais dire est assez vache, mais depuis qu'elle est devenue une star, elle cabotine à mort - cela vaut aussi pour ses prestations dans les dernières saisons d'Engrenages.

      - je trouve un peu dur de dire que Rita est "ressortie des tiroirs", le personnage est tout de même apparu régulièrement ces deux-trois dernières saisons, même si elle a toujours été très secondaires et assez mal définie (love-interest de Marchetti était son unique fonction dans le récit - je doute d'ailleurs qu'on la revoie dans le dernier chapitre). Pour moi, ce qui fonctionne moyennement, c'est la destinée de Marchetti en elle-même. Il y a clairement eu une volonté tardive et un peu maladroite de le racheter aux yeux du spectateur, alors qu'il aura été le plus extrémiste de tous les collabos, ne s'est presque jamais remis en question et exécutait Marie il y a encore, quoi ? Une saison tout au plus ? Mais cela dit, j'ai bien aimé les apparitions de Marchetti, j'ai toujours apprécié ce personnage même si c'était souvent malgré la manière dont il était écrit.

      - je suisd'accord avec toi pour Schwartz et Jeanine. Cela dit, j'ai trouvé leur scène post-coïtale dans le dernier ou l'avant dernier épisode étonnamment émouvante.

      Ceci étant, Un village français reste pour moi un modèle d'écriture, notamment en terme de caractérisation, et je trouve un peu dur de retenir contre elle une poignée de faiblesses (qui ont toujours existé dans la série, suffit de se rappeler la manière dont Antoine a été créé quasiment ex nihilo et s'est mis à prendre une place énorme dans la série du jour au lendemain)... alors que la plupart de ses personnages ont eu une évolution remarquable depuis leur première apparition, qu'ils sont tous extrêmement complexes, nuancés et charismatiques ;-)

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    2. J'adore Marchetti. Depuis le début. Peut-être parce que, précisément, c'est le personnage le plus amoral qui soit mais qui, par amour, va être capable d'accomplir un ou deux actes de pure bonté. Et, ce faisant, sans chercher la rédemption. D'où la complexité d'incarner (et Nicolas Gob s'en sort avec les honneurs) un protagoniste loin d'être figé dans ses actes. C'est - et tu le soulignes très justement- ce qui est assez maladroit de la part des scénaristes dans la manière de le réhabiliter à la fin. Pas avec son entrevue avec son fils (ça c'est assez émouvant) mais dans ce que je considère comme inutile après cette scène. Limite, j'aurais préféré ne pas le voir mourir. On savait qu'il allait y passer de toutes façons. Là, c'est surligné et joué de façon très théâtrale, ce qui ne rend pas vraiment service à ce dernier épisode...

      Ceci dit, au sujet de ton dernier paragraphe, je ne retiens pas les faiblesses de la série (je n'aurais jamais dépassé le stade de la saison 1 qui, visuellement, était une aberration temporelle à la mise en scène digne des années 70) mais de certains points de cette demi saison ^^. En ce qui me concerne également, elle reste un modèle d'écriture. Toutes nationalités confondues.

      PS: Et j'adore Antoine. Il mériterait presque un spin off.
      Jeannine je peux pas. Mais c'est physique, elle me révulse (ce qui signifie que son rôle est brillamment campé).

      Concernant ton dernier paragraphe:

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    3. Tu as inversé les noms dans ton commentaire : c'est Jeanine qui mériterait un spin off ! J'aimerais tellement la voir en vieille peau Sarkozyste ^^

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