mardi 26 novembre 2013

[GOLBEUR EN SÉRIES II] Semaines 5 – 8

Dans cet épisode : les deux meilleures comédies de la rentrée, David Tennant ², la meilleure série française de tous les temps-que-même-on-le-pense-en-l'écrivant... sans oublier plein d'autres trucs relativement sympas (Hostages), culpabilisants-donc-cool (The Originals, Once Upon a Time), si ce n'est carrément biens (Bomb Girls).


👍👍 BROOKLYN NINE NINE Il n'y a pas franchement photo : avec Back in the Game (déjà annulée sans autre forme de procès, ça lui apprendra à faire rire les gens), on tient là la meilleure comédie de la rentrée passée... enfin, la seule à être drôle, pour être honnête. D'autant que tout n'est pas parfait ici. Mais nul besoin d'être devin pour prédire que Brooklyn va continuer tranquillement de s'installer et montera en puissance tout au long de la saison. C'est une évidence. Tous les éléments sont en place, les personnages parfaitement installés, il n'y a plus qu'à trouver le bon rythme, ce qui se fait tranquillement au fil des semaines, comme autrefois pour Parks, des mêmes scénaristes (mieux, même : avant de devenir l'un des incontournables de ces dernières années, le show de NBC avait pas mal pataugé et mis une bonne saison avant de vraiment convaincre). A noter qu'aussi étonnant que cela puisse paraître, Brooklyn Nine Nine est d'ores et déjà diffusée en France, sur Canal + Séries. Non qu'on tienne absolument à leur faire de la pub, mais depuis des décennies qu'on se plaint que ce genre de chose n'arrivait jamais, il serait malhonnête de ne pas le signaler à présent que c'est le cas.


👍 DOCTOR WHO (50th Anniversary Special) C'est la fête au village : les parents et les enfants ont vite avalé leur potage, car le Doctor a décidé de faire une grosse teuf pour ses cinquante balais. Soit donc, dans les faits, un épisode sympathique (pas plus, mais pas moins), bien moins pompeux que ce que nous avaient réservé les dernières saisons et leurs plots imbitables, dans lequel on retrouve avec plaisir quelques vieilles connaissances (dont un David Tennant en pleine contrition après avoir enchaîné les séries de seconde zone - voir plus bas - et la toujours aussi cool Billie Piper, excellente en arme de destruction massive légèrement culpabilisatrice sur les bords). C'est évidemment toujours aussi bourré d'incohérences, mais une fois n'est pas coutume on n'a pas envie d'y faire attention, l'objectif étant bien de rendre hommage à un monument du patrimoine télévisuel mondial. Reconnaissons au passage que la manière dont The Day of the Doctor a été composé est plutôt futée, et moins paresseuse qu'on aurait pu le craindre. Certes, ce n'est pas le meilleur épisode du show, on le situera même volontiers dans la moyenne basse des specials. On aurait de loin préféré que Steven Moffat opte pour un stand-alone pur et dur, un véritable épisode spécial en somme, qui aurait pu être l'occasion de faire réapparaître tous les interprètent du Doctor encore de ce monde (une bonne moitié) plutôt que de se contenter de cameo un peu tristounets, comme il y en avait déjà eu dans le passé récent de la série (ne serait-ce que l'avant dernier épisode en date !) On sera en droit de considérer que même si l'épisode fonctionne pas mal, le résultat n'aura peut-être pas été tout à fait à la hauteur de l'évènement (et du battage promo : les Français auront lu plus d'articles sur Doctor Who en une semaine que durant les cinquante dernières années...) Entre nous, ça ne coûtait pas bien cher d'embaucher plein d'anciens pour leur faire jouer - par exemple - les seconds rôles des Time Lords ou quelque chose de ce genre. Mais allons : comme souvent dans les réunions de famille, on préfèrera taire les griefs et passer un bon moment tous ensemble. Que Moffat n'en profite cependant pas pour se reposer sur ses deux oreilles : puisqu'il est acquis qu'on ne peut plus compter sur lui pour redresser la barre, qu'il soit acquis également que Le Golb ne baissera pas les armes jusqu'à l'intronisation d'un nouveau showrunner. Non mais !


👎 THE ESCAPE ARTIST (sans transition aucune) David Tennant est adorable, mais à la longue sa carrière devient déprimante. Pour la Xe fois depuis qu'il a explosé dans le rôle évoqué un paragraphe au-dessus, le voici dans une mini-série dont le seul et unique argument est d'être une nouvelle mini-série avec David Tennant. A moins que l’Écossais ne rêve secrètement que cela devienne un genre en soi, il y a de quoi bailler devant un show qui n'a rien à dire et empile les clichés encore plus vite que le Tardis ne se déplace dans l'espace-temps. Un avocat défend ses clients, tous ses clients. Dont un tueur psychopathe (en série, on ne le sait pas tout de suite mais on n'a aucun mal à le deviner). Qu'il fait évidemment acquitter. Et qui va s'empresser d'aller zigouiller sa femme. Dieu que c'est original ! Le pire, c'est que The Escape Artist a multiplié les bonnes critiques. On ne sait lequel de Tennant ou de la BBC a décroché le totem d'immunité, mais le vieil artefact fonctionne foutrement bien.

👍 HELLO LADIES Les amateurs de Ricky Gervais le savent depuis longtemps - les autres auront désormais la preuve qui leur manquait : l'hilarant Stephen Merchant est bien plus que son âme damnée. Dans Hello Ladies, il s'applique à le démonter par A + B en réalisant ni plus ni moins qu'une série de Gervais sans Gervais. Tout ce qu'on aime chez les auteurs de The Office et d'Extras y est, moins ce qui peut parfois irriter. On est certes en terrain connu, d'autant qu'en choisissant de raconter l'histoire d'un pauvre loser obsédé à l'idée de pécho (et qui n'y arrive évidemment jamais), on ne peut pas dire que Merchant vise le grand prix de l'originalité. Cette réserve dépassée, le show tourne tout seul et à défaut d'être la comédie de l'année, Hello Ladies est en tout cas celle dont le système se met le plus rapidement en place, sans même un petit round d'observation. La suite coule de source, avec développement de caractères en apparence blaireaux et qui se révèlent, on l'espérait à défaut de l'avoir prédit, terriblement attachants, le tout sur fond d'empathie pour les laissés pour compte du rêve hollywodien. La routine pour Merchant ? Oui, mais aussi du solide. Surtout.


HOSTAGES C'est quand même dommage que les scénaristes, visiblement inquiets à l'idée de devoir tenir une saison entière, se perdent à ce point en intrigues secondaires de bas étage où - c'est écrit - rien ne nous sera épargné (de toute façon après avoir osé nous faire le coup de la grossesse de la gamine dès le premier épisode, on pouvait légitimement supposer que ces gens oseraient tout). C'est dommage parce que l'intrigue principale tient relativement en haleine, et que le duo Toni Collette/Dylan McDermott fonctionne plutôt bien sur la durée. Je n'aurais pas juré être toujours en train de regarder Hostages à la fin novembre, et pourtant force est de reconnaître que sans pour autant me jeter dessus comme un mort de faim, j'attaque chaque épisode avec un certain plaisir. Particulièrement les jours où je suis de suffisamment de bonne humeur pour supporter les digressions improbables qui sont en train de devenir sa marque de fabrique (aaaaah ! le coup du poker clandestin !...)

👍 The ORIGINALS Pas mal du tout. On pourrait évidemment être moqueur, et noter que l'exfiltration de Klaus et de ses comparses de Vampire Diaries relève moins de la volonté de capitaliser sur le succès de ce personnage très populaire que d'un gros coup de flemme des scénaristes, qui ne savaient plus quoi faire des Originaux depuis une saison et demi au bas mot (et avaient du coup entrepris depuis d'en faire à peu près n'importe quoi). Mais ce ne serait pas rendre hommage à la qualité du nouveau show-phare du CW, un bon gros soap avec des vrais morceaux de fantastique à l'intérieur, porté par des comédiens dont on savait déjà qu'ils étaient impec dans leurs rôles. Alors soit, si je vous dis qu'en quelque sorte, The Originals est à TVD ce que Melrose Place fut en son temps à Beverly Hills, pas sûr que je vous convainque d'aller y jeter un coup d’œil. Mais les lecteurs du Golb savent l'amour immodéré qu'on porte ici aux soaps, lorsque ceux-ci sont bien fichus. Difficile, vraiment, de lâcher celui-ci une fois commencé. C'est tout ce qui devrait toujours compter, non ?


👍👍👍 UN VILLAGE FRANCAIS (saison 5) [spoilers] Il fallait un geste fort. Il fallait faire preuve d'un culot qui s'était peut-être un peu perdu en saison quatre, et oser enfin. De nouveau. Oser quoi ? Oser remettre les personnages en danger. J'entends par-là : un vrai danger, un dont on n'est pas sûr qu'ils sauront s'extirper. Depuis quelques temps maintenant, Un village français avait pris le parti de ne dégommer que ses personnages secondaires, voire d'en créer tout exprès pour mieux les dégommer quelques épisodes plus tard. On craint un temps, avec la multiplication de héros pas toujours bien dessinés sortis de nulle part (Marguerite, les Maquisards...), que la série ne retombe dans ce léger travers qui, s'il ne remettait pas en cause sa qualité globale, la rendait parfois un brin frustrante. Il faut bien le noter, les premiers chapitres de cette cinquième saisons sont un peu branlants, accordant beaucoup - trop - de place à des personnages in-ou-méconnus du spectateur, qui peinera à s'y identifier. Mais alors que petit à petit la mécanique se met en branle, on finit par oublier ce point de détail pour s'enthousiasmer des scènes sublimes de la seconde partie de saison, ces confrontations entre Gustave et Müller, ces retrouvailles entre les frères Larchet, ou cette communion absurde, décalée, poignante entre Marcel et Chassagne, ennemis à la ville réunis par la même ironie du destin autour d'un cachot pourri, d'une cigarette et d'un fou rire. Et avec deux ultimes épisodes absolument déchirants, c'est à peine au final si l'on se rappelle les hésitations des débuts. Faut-il le préciser ? Un village français demeure, encore et toujours, l'une des meilleures séries en activité.

Mieux vaut tard que jamais

👍 BOMB GIRLS Dans lequel on découvre que les Drawas ne servent pas qu'à se moquer méchamment. Ni à se défouler. Citée à une poignée de reprise dans la catégorie "la série que tout le monde adorerait si elle était américaine", notamment si ma mémoire ne me trahit pas pour ma voisine de blog Miss Sunalee, Bomb Girls a fini par retenir mon attention et je ne le regrette pas une seconde. Il faut dire qu'elle solde d'un coup deux problèmes qui m’insupportent dans la plupart des séries : la faiblesse presque systématique des personnages féminins d'une part, la mollesse de toutes les intrigues prétendument historiques, de l'autre. La moitié du job étant déjà faite, je n'ai plus eu qu'à savourer un show rythmé, impeccablement joué qui, mais c'était quasiment implicite, interroge subtilement notre époque sous couvert de s'intéresser au quotidien de femmes travaillant dans une usine de bombes durant le second conflit mondial. Tout n'est pas rose et on pourra regretter que comme toutes les séries mettant des femmes au premier plan, celle-ci vire un peu trop soap par instant (oui parce que ce n'est pas non plus TOUJOURS une qualité, de tendre vers le soap). Mais l'ensemble est de haute tenue et prouve comme d'autres titres évoqués récemment que du côté du Canada aussi, la fiction se porte bien - merci pour elle.


👍 ONCE UPON A TIME Vous vous souvenez quand je vous ai raconté que j'adorais les soap ? C'était trois paragraphes plus tôt ? Eh bien dans ce cas, vous ne serez pas surpris si je vous dis que je suis d'ores et déjà devenu un inconditionnel de Once Upon a Time (double vainqueure du Drawa de la série "que sa médiocrité rend indispensable", s'il vous plaît). C'est fort, c'est fun, c'est parfois ultra-nul mais aussi, il faut bien le reconnaître, parfois franchement bien (le casting féminin, notamment, est assez irréprochable et compense la fadeur totale - et probablement volontaire - du cast masculin (à un Robert Carlyle près, quand même)). On m'opposera que tout cela est malgré tout d'une cuculterie assez surnaturelle, ce que je n'irai pas nier : l'Amour, le Vrai, le Beau et le Pur s'avère rapidement être la seule raison de vivre de chacun des protagonistes (même de la méchante Reine, un comble), l'ensemble se révélant même particulièrement réac les trois quarts du temps (manque d'ailleurs quelques tromperies pour en faire un vrai bon soap digne de ce nom). Mais cela n'a à peu près aucune importance tant on se laisse facilement embarquer par cet univers ultra-kitsch où le plus whathefuckeste peut arriver n'importe où, n'importe quand. Si toutes les séries étaient ainsi, ce serait sûrement fatigant. Mais il n'y en a qu'une, et c'est Once Upon a Time, qui développe somme toute une esthétique tout à fait personnelle.

6 commentaires:

  1. Une Miss Sunalee qui est en plein Doctor Who depuis fin août ! Tout ça parce que j'allais à Cardiff pour le boulot et qu'il y a là l'expo Dr Who Experience.

    Je suis contente de t'avoir fait découvrir une série. Surtout que moi je l'ai découverte via la newsletter d'une marque de lingerie (pas n'importe laquelle: What Katie Did qui crée de la lingerie rétro). Je dois encore regarder la deuxième saison d'ailleurs... Dr Who toussa toussa.

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  2. Once upon a time... Moi qui croyais que j'étais la seule! :-)

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  3. Tellement vraie ta mini chronique des Originals. Mais c'est super, moi je m'en lasse pas!

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  4. Si ça, c'est pas du teasing pour les Drawas 2013 :D

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  5. Terrible, ton problème avec Moffat.
    Même lorsque tu as aimé l'épisode, tu trouves le moyen de lui taper dessus. Heureusement que c'est amusant ;-)

    Bonne journée,

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  6. Il était tout de même super pathos (même cucul) cet épisode. Putain, le truc de "compter les enfants" ! Il fallait oser.

    Je ne parle pas des inévitables incohérences internes, en plus, ce n'est pas même cohérent avec le reste de la série. Où sont les deux peuples rendus fous par la guerre ? Les Time-lords ont l'air de gentils savants attaqués par les méchants Daleks, on ne comprend jamais pour pour le Docteur doit les éliminer.

    Enfin, le choix de "rebooter" la timeline, vraiment limite limite. Comme d'habitude, puisque Moffat reboote la timeline deux fois par saison, mais encore plus limite, parce que ce "péché originel" du Docteur était la grande trouvaille de la série lorsque Davies l'a reprise, expliquant la noirceur des trois derniers docteurs. La pirouette me paraît grave sur la mythologie de la série, et encore plus grave qu'elle est complètement gratuite. A part quelques fanboys bloqués à l'âge de 10 ans (comme SM ?), tout le monde avait accepté cette idée qui avait permis de très beaux épisodes...

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