vendredi 15 février 2013

Killer Mike + Apollo Brown - It's Alive... Aliiiiiive !

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C'est fou comme cela vous change une soirée, un public dont tous les organes vitaux semblent fonctionner normalement. Ok, elle est facile, mais deux jours après avoir passé une heure au milieu de l'atmosphère live la plus frileuse et mortifère de toute l'histoire des atmosphères frileuses et mortifères, le simple fait de voir le public du Glazart applaudir (et même siffler. Très fort) des artistes suffit à emplir de joie et d'allégresse.

Il faut dire qu'il ne faut pas beaucoup d'efforts pour se laisser embarquer par les instrus de Monsieur Apollo Brown ; bons beats, bon groove, ensemble d'un goût (quasi) impeccable... à son entrée en scène, Guilty Simpson, qui comme tous les gens bien sait se faire attendre, n'a plus qu'à se baisser pour cueillir un public qui - incroyable mais vrai ! - paraît sincèrement content d'être là. Vous n'êtes pas obligés de me croire, mais je suis même à peu près sûr d'avoir vu des mecs secouer la tête, et même certains qui semblaient connaître les paroles des chansons. Effet secondaire de l'alcool ? Réalité ? On n'osera rien affirmer. Ce qui est sûr, c'est que ce set le fait. Bien. Pas extraordinairement bien, mais c'est carré et efficace. Ok, Guilty n'est probablement pas le showman le plus charismatique disponible sur le marché. On ne lui a cependant rien demandé de tel, et de toute façon Apollo Brown tient la baraque avec ses instrus plus classieuses les unes que les autres - très très old school soit ; très très bien fichues, aussi et surtout. Le tout ayant l'excellente idée d'être nettement plus rentre-dedans que sur un album (Dice Game) aussi sympa qu'un peu mollasson par moments, on en sort ravi, tout comme le public, qui développe l'idée pour le moins originale d'en témoigner en applaudissant relativement bruyamment. Nul doute que le concept fera école dans un futur proche.


Ici, je me dois tout de même de préciser, transparence oblige, que je ne suis pas le plus fin spécialiste de l'univers en matière de hip hop. Comme les lecteurs de ce site n'y connaissent que dalle, je pourrais sans doute essayer de faire illusion, seulement voilà : il est important d'avoir à l'esprit que je connais particulièrement mal Killer Mike, tête d'affiche du soir que mes amis attendent impatiemment. A vrai dire, hormis un ou deux morceaux entendus par-ci par-là au fil des années, on peut même considérer que je ne connais que son dernier album, le très bon R.A.P. Music, que je n'aurais peut-être même pas écouté s'il n'avait pas été produit par le toujours excellent El-P (dont je vous recommande tout, tout le temps, jusqu'à la fin de vous jours - que ce soit dit). Un album que j'ai d'ailleurs assez peu écouté, même si la manière dont Killer Mike tire les instrus toujours très industriels d'El-P vers quelque chose de bien plus lumineux que ce qu'il réalise sur ses propres opus m'a paru ne pas manquer de piquant.

Fin de l’aparté, et rencontre ou quasiment avec le dénommé Killer Mike. Un type qui met tout de suite à l'aise, gros-barbus-à-bonnets-connexion oblige, et dont la présence et les innombrables bavardages inter-morceaux réchauffent l'ambiance. Impression étrange d'être entouré d'êtres humains – si Jason Lytle voyait cela il n'en croirait sans doute pas ses yeux. Souriant, affable et gardant visiblement une certaine rancœur vis-à-vis de Donald Reagan, Killer Mike semble sincèrement heureux d'être là et n'a pas à se faire violence pour se mettre tout le monde dans la poche – moi compris. Ce n'est pas peu dire : il est rare, rarissime même, d’assister au show d'un type dont on ne connaît que très peu de morceaux et d'en sortir absolument conquis. Certes, et c'est la limite de ce genre d'article, j'aurais bien du mal à en dégager un passage plutôt qu'un autre, ne connaissant pas la majorité des chansons (celles du dernière album se démarquant pour la plupart très facilement grâce à l'El-P touch, pour le moins reconnaissable). Mais ce n'est peut-être pas l'essentiel. Théoriquement, ce genre de concert, j'aurais dû le traverser de manière bien plus passive, dans un coin à écouter attentivement. Principalement venu pour Apollo Brown, dont j'ai usé le The Reset jusqu'à devoir le racheter, j'avais déjà mangé mon pain blanc. Traîné au troisième rang par les copains, je me suis aisément laissé embarquer et - pour rebondir un peu plus sérieusement sur les considérations de la précédente chronique - la chaleur de la fosse n'y est certainement pas étrangère. Le public n'était pas non plus le bouillant du monde ; il n'y avait toutefois pas besoin de cela pour créer un violent effet de contraste avec le concert de mardi dernier. La masse d'un concert de rap n'est certes pas comparable à celle d'un autre beaucoup plus posé (a fortiori Lytle, a for-fortiori au Café de la Danse), mais allons : au-delà du style, ces visages-là étaient ouverts et exsudaient le plaisir. Je n'avais pas de miroir à disposition sur le moment, mais je suis prêt à parier que le mien aussi.

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