dimanche 20 mai 2012

Desperate Housewives - La Dernière Injection

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[Taux de spoil : 15 %] Un jour, dans trente ou quarante ans, des scientifiques dissèqueront les corps des scénaristes de Desperate Housewives et parviendront à comprendre comment, en quelques années, une série maline et plutôt caustique est parvenue à devenir l'inverse quasi absolu de ce qu'elle était à ses débuts. Succès dévorant, nette propension à devenir ce que l'on moque, on en passe (des hypothèses) et de meilleures, que la science mondiale ne manquera certainement pas de confirmer ou d'infirmer - preuves à l'appui. Toujours est-il que voilà, c'est fini. Et qu'on ne voit pas bien ce qu'on pourrait ajouter à ce sujet. Certains s'y sont essayé, avec plus ou moins de talent. Dans les plus, on saluera la belle performance de Pierre, qui a presque réussi à nous faire oublier le temps de son billet que Desperate Housewives avait fini par cumuler toutes les tares possibles et imaginables pour une série de Network. Et qu'une fois parvenu au générique de fin d'un ultime épisode aussi cucul et téléphoné que l'on pouvait s'y attendre, la seule pensée qui pouvait venir à l'esprit était "il était temps".

Le dernier tour de piste des quatre botoxées de Wisteria Lane fut à l'image des saisons précédentes, bien qu'on ait pu croire au début de cette (déjà) huitième saison à un regain de qualité - à défaut d'intérêt. L'intrigue principale n'avait rien de folichon, mais elle avait ce mérite de permettre un développement des caractères et une possible évolution de leurs interactions - mieux valait tard que jamais. Las, comme souvent, Desperate Housewives s'est dégonflée après les fêtes de fin d'année (il faut croire que ses scénaristes digèrent mal la dinde). Savoir finir est tout un art, et si l'on ne peut pas dire que ce fût une incroyable surprise de découvrir que Marc Cherry ne le maîtrisait pas, on a le droit d'être un minimum déçu car, objectivement, il semblait être parti dans la bonne direction. Un peu plus de noirceur, un peu plus de piquant, un relatif retour du suspens... peut-être bien que finalement les femmes au foyer désespérées allaient parvenir à partir dignement, ce qui était loin d'être une évidence il y a un an.

Et finalement, non. Ayant donné son meilleur dans (en gros) les huit ou neuf premiers épisodes, Cherry se retrouve rapidement sans rien à dire, et avance tranquillement vers une fin pleine de bons sentiments et à la moralité fort douteuse. La loi du Talion s'en trouve justifiée (une fois de plus), l'argent-roi conserve sa couronne (merci Gaby1) et Julie garde l'enfant qu'elle voulait abandonner (c'est sans doute sur cette storyline que les scénaristes se sont le plus lâchés, osant enfin dire tout haut ce qu'ils pensaient tout bas depuis huit ans, a fortiori par la voix de Susan, rare personnage de la série à avoir jusqu'ici réussi à échapper aux relents réacs qui contaminaient progressivement tout le quartier). Autant dire qu'on aura du coup rapidement oublié les (vrais) efforts qualitatifs du début de la saison, laquelle commençait pourtant avec une suite d'épisodes se situant dans la moyenne haute de ce que pouvait produire la série depuis quelques années. On s'en souvient d'ailleurs plutôt mal, ce qui est sans doute une constante avec les innombrables rebondissements ayant pris l'habitude d'éclore à Wisteria Lane. Dans les derniers instants du final, alors que Susan traverse une dernière fois le quartier en voiture, elle croise sans les voir les fantômes de tous les personnages passés dans la série depuis huit ans (à l'exception notable d'Eddie Britt, punie par Cherry jusqu'au bout). On s'aperçoit alors que ceux de la première saison mis à part, on les a quasiment tous oubliés.


👎 Desperate Housewives (saison 8)
créée par Marc Cherry
ABC, 2011-12


(1) Merci tous les personnages, en fait, puisque dans l'inévitable épilogue "que sont-ils devenus ?", chacun aura monté l'échelle sociale de plusieurs crans, condition semble-t-il sine qua non au bonheur affiché dans les dernières secondes du feuilleton.

10 commentaires:

  1. m'ennuie à 100 sous de l'heure... et la troisième saison de Nurse Jackie tourne déjà en rond (à peine deux épisodes de vus pourtant).

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    1. C'était pas déjà le cas de la série au bout quatre épisodes ? ^^

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  2. Oh la vache. La semaine du final de Community on a droit à Desperate? Seriously? :(

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  3. 3 épisodes et puis s'en vont. Je n'ai pas réussi à aller plus loin dans cette saison. Et ce n'est pas ton article qui va m'inciter à reprendre. Et dire que j'ai "perdu" 7 ans !

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    1. Je comprendrais jamais qu'on puisse dire qu'on a "perdu" des années devant une série qu'on a regardé aussi longtemps de son plein gré...

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  4. doit-on comprendre que Cherry n'est plus au top?

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    1. Je ne dois pas être réveillé, je n'ai pas compris...

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  5. moi je crois que j'ai abandonné les "femmes à la maison, désespérées" l'année ou j'ai eu mes premiers poils. bref, ça remonte à loin. tu as bien du mérite d'avoir poursuivi !

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    1. Comment il essaie de faire croire qu'il est encore jeune ^^

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