jeudi 24 mai 2012

Bo - Obsession glam

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[Article précédemment paru sur Interlignage] La première réaction, il faut le reconnaître, est de rejet. Ou plus exactement d’ironie. Est-ce la pochette ? Le nom du gars ? On sent instinctivement le truc sous-néo-chanson-français puant les pieds, tel qu’on en reçoit douze par mois qui finissent tous, invariablement, par orner l’étagère secrète de la rédaction que nous appelons – le plus souvent du bout des lèvres et en baissant les yeux – « la galerie des horreurs ». Pas même des Grégoire, des Cœurs de Pirate ou des Mickaël Miro. Ceux-là sembleraient presque classieux à côté. Non. Leurs sous-produits, car oui, il existe encore pire que la variété, il existe un monde sous le monde, plus profond encore que les égouts, les entrailles de l’Etna ou le(s) Styx.


On aurait difficilement pu être plus à côté de la plaque. Le troisième album de Bo (vous aurez déjà compris à ce stade qu’on n’a pas entendu parler des autres) est au contraire un régal pop, élégant, mutin et lettré. Un album roulé dans les paillettes glam, dégustable en costard ou robe de soirée, une cigarette longue négligemment rejetée au coin des lèvres. Un album hanté par Lou Reed et Alice Cooper, cités explicitement, même si ses influences les plus directes sont évidemment à chercher du côté de l’axe Bowie – Walker – Cocker – entre autres ombres tutélaires de ce disque où l’on croise des « bouches en Mick Jagger » et où l’on se prend gentiment pour Dieu (« mais en plus sympa ») en fumant des Winston (un peu comme moi, quoi).

Débordant de vitalité et irrésistiblement sympathique l’ensemble, produit avec grand soin, a l’intelligence de ne jamais se prendre au sérieux, de ne pas essayer vainement de recréer une époque depuis longtemps enfouie. Franchement pas revival, même pas vraiment rétro, Bo défend surtout une vision de la pop, un brin obsessionnelle mais décidément charmante. Textes futés et refrains instantanés, rythmiques élancées (Saké) et goût prononcé pour l’humeur cabaret… Bo fait parfois penser à Bobby Conn dans sa manière de colorier le glam d’une forme de démesure rigolarde (Tokyo, Hello) et dans sa tendance au transformisme vocal, la tentation prog’ en moins et un feeling frenchy en plus (la mignonne Chemical Kick ou I Got Da Blues).

Avec encore Hey ou l’éclatante Berlioz, l’album, intitulé Schyzopolis (on allait oublier de vous le dire) ne contient aucune faute de goût et surtout – c’est si rare – aucun temps mort. Pas un morceau à jeter, pas un instant où l’intérêt retombe. Un régal.



👍👍 Schyzopolis 
Bo | MVS Distribution, 2012

3 commentaires:

  1. Je n'aurais jamais écouté ça spontanément, mais je dois dire que cet album est très chouette. Comme quoi les préjugés parfois...

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