lundi 30 avril 2012

Patrick Watson - La Couronne, donc


On avait laissé Patrick Watson en pleine épopée cinématique. On le retrouve quelques années plus tard (trois) en plein nettoyage de printemps d’une résidence de campagne hantée par les fantômes de Thom Yorke et de Paul McCartney. Rien de nouveau en soi. Plutôt une sage continuité, un peu plus loin dans l’orfèvrerie pop, un peu plus bas dans dans le puits d’où ce type qui a le nom du groupe qui a son nom (ou le contraire, ou tout mélangé) a pris l’habitude de remonter ses seaux de mélancolie.

Alors oui. Bien sûr : Adventures in Your Own Backyard est sans doute plus varié, plus coloré que ses prédécesseurs. Mais il est tout simplement meilleur. Plus mûr, plus serein, à l’image de cette ouverture, "Lighthouse"… Belle. Juste : belle. Pas poignante ni renversante ni sublime. Non : belle. Comme certaines personnes peuvent l’être, simplement, évidemment. Sans avoir besoin de nous séduire – on les aime instantanément.


Adventures in Your Own Backyard sonnera peut-être un peu sage à certaines oreilles. Patrick Watson n’est pas un groupe (enfin un songwriter, enfin peu importe) clivant. Le succès surprise – et grandement mérité – de ce quatrième album est là pour en témoigner. Il cherche à écrire de belles chansons, enveloppées dans des harmonies soignées. Les premières sont souvent d’une grande élégance ("Step out for a While", Timber Timbre dégénérant en Tom Waits ; "Quiet Crowd", classieuse) ; les secondes des modèles de raffinement faussement dépouillé ("Words in the Fire", folk nuageuse).

Le mélange des deux est doux, fragile, d’une tristesse aimable et délicate – peu importe l’emballement de certaines mélodies ("Strange Crooked Road", "Into Giants"). Difficile de ne pas se laisser envoûter par ce cuivre ici, par ces chœurs là, par cette foule de petits détails qui sont autant de secondes lectures à ces morceaux souvent très post (rock, folk, pop, Radiohead, pop de chambre… on vous laisse choisir ce qui vous semblera le plus approprié et le moins craignos (il n'est pas exclu que tous le soient)) Succès mérité, disions-nous ? Rien que pour "Morning Sheets", premier morceau d’inspiration Melody Nelson depuis quarante ans à être un peu plus qu’un clin d’œil lourdingue et démago, on sera tenté par le grand OUI.


👍👍 Adventures in Your Own Backyard
Patrick Watson | Domino, 2012