mardi 27 décembre 2011

Sophie Galet - Des nuances et des contrastes

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Ce qui frappe en premier, ce sont les textes. Leur fluidité, leur poésie, leur finesse. Sophie Galet est passée, en cinq années et deux albums, de l'anglais au français, mais c'est à peine si l'information pénètre le cerveau de l'auditeur. Chaque texte est si fort, si évident qu'on a le sentiment qu'elle a toujours chantée dans la langue de Molière. Une impression renforcée par l'aisance, la solidité d'une voix qui happe dès les premières secondes.


Ce n'est évidemment pas un hasard si l'on a envie d'insister là-dessus d'entrée : à sa manière, légère et sans avoir l'air d'y toucher, pas brutale ni subversive pour deux sous, le second album de Sophie Galet tranche avec le tout-venant de la pop francophone. Il ne s'agit pas de chercher à tout prix à prendre l'auditeur à revers ; Stella Polaris marque sa différence comme si cette dernière était une évidence, en ne cherchant jamais autre chose qu'à être lui-même. On est dans un registre folk-pop terrible balisé (surtout ces dernières années), et en même temps, sur ce disque, sur ces chansons, Sophie Galet ne ressemble à personne. La production ferait passer Coeur de Pirate pour... rien, on ne va tout de même comparer Sophie Galet à cette nouille. L'écriture est fine et intuitive, fantaisiste lorsqu'elle le peut, sobre lorsqu'elle le doit. L'univers est poétique et sensible, mais sans sensiblerie et sans confondre intimisme et neurasthénie. On n'y rechigne pas devant une métaphore champêtre, mais elle sera si baignée de mélancolie que le bucolisme mignon s'en trouvera évincé d'office. L'anecdote mérite d'être racontée : un jour que je m'étais absenté en laissant tourner le disque, la jeune femme que j'avais laissée derrière moi m'avoua qu'elle avait hésité à changer la musique, et puis non, et puis avait écouté Stella Polaris en entier, et encore y avait pris du plaisir.

C'est ça, l'effet que procure cet album : même sans avoir d'attrait particulier pour ce style de musique, même en étant profondément réfractaire à ce qui se rapproche de près ou de loin de la "chanson française"... ses qualités sont telles que son charme exerce, malgré tout. Parce qu'au bout du compte, une bonne chanson est une bonne chanson, et que de "Ma Place" à "Je t'ai dans la peau", de la trouble "L'Excelsior" et à la bouleversante "Mourir nue"... Stella Polaris en contient bien plus d'une.

Sophie Galet - Excelsior

👍👍 Stella Polaris
Sophie Galet | Freaksville, 2011

3 commentaires:

  1. Les harmonies sont vraiment très jolies.

    On sera plus tenté de penser à Elliott Smith, plutôt qu'à des choses françaises...

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  2. Je n'aurais pas forcément été chercher Elliott Smith, mais après tout pourquoi pas...

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  3. Je ne connaissais pas du tout. Très joli.

    BBB.

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