mercredi 16 novembre 2011

Jacques - Duvall = Jacques Duvall

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Pour cette soirée, on en avait des parfaits, des titres : "Jacques Duvall - Les Absents ont toujours tort". Ou bien "Jacques Duvall - Anti-concert". Ou encore (donc) "Jacques - Duvall = Jacques Duvall". Enfin bref : Jacques Duvall, le pauvre, est malade. Suffisamment pour qu'il se fasse remplacer au pied levé par son camarade/binôme/âme sœur/âme damnée Benjamin "Miam Monster Miam" Schoos. Ni un mal ni un bien. Juste une petite déception liminaire, car on se faisait vraiment un plaisir de voir - enfin- Duvall seul en scène plutôt qu'en tant que guest de luxe.

Ce qui était prévu en revanche, c'était que Peter Bultink (même à l'écrit j'ai l'impression de mal prononcer) ouvrirait les hostilités. Le garçon est charmant, "un drôle de bonhomme" dira Madame ex-Sinaeve, mais on sera légèrement plus circonspect concernant sa musique. Hormis le temps d'une remarquable adaptation de 'Chelsea Hotel', on est souvent parcouru par une forme d'hilarité dont on n'est pas trop sûr qu'elle soit recherchée. L'orchestration a un côté karaoké, le type danse de manière très bizarre et décalée... c'est marrant quand j'y pense : tous les Belges que j'ai interviewés ont eu beau m'affirmer qu'il n'y avait pas vraiment d'identité belge, moi, je pourrais reconnaître un chanteur belge sans le son à dix kilomètre de distance.

Prévu aussi, le set sobre et délicat de Sophie Galet, qui confirme tout le bien qu'on pensait d'elle. Si les premiers titres sont un peu mollassons et peu convaincants, le concert s'emballe au fur et à mesure que s'égrènent les titres de son (très bon) nouvel album, Stella Polaris. Jusqu'à toucher à la grâce le temps de 'Mourir nue', sans doute une des plus belles chansons de cette année dont la version du soir, feutrée et toute d'émotion retenue, provoque quelques frissons au niveau de la nuque. Et des yeux.

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Il est déjà tard lorsque Miam foule la scène des Trois Baudets, accompagné par les Experts En Désespoir (le groupe habituel de Duvall, on l'aura compris). Programme spécial ce soir, composé au pied levé et somme toute exceptionnel, puisque l'on ne reverra sans doute pas de sitôt Miam Monster Miam interpréter le répertoire de son compère (qui est aussi un peu le sien, puisqu'il a composé et produit ses trois derniers albums). Fidèle à ses habitudes, le garçon en fait des tonnes, gesticule dans tous les sens (Miam est assurément le cauchemar de tous les photographes wallons) et pousse le concept de "remplacement" jusqu'à faire du "à la manière de". Sur 'La Chanson la plus triste du monde' ou 'Je te hais', l'imitation du phrasé - pourtant tout personnel - de Duvall est impressionnante, parfois jusque dans la tessiture elle-même. Un quasi-exercice de style qui, s'il ne peut en aucun cas rivaliser avec l'original (il n'est de toute façon pas question - dernière minute oblige - de réinventer les morceaux), offre un moment très agréable, et des versions tout à fait convaincantes des 'Désespère' et autres 'Sinatra' (une des meilleures chansons de Duvall, offerte à Chamfort). Signalons tant qu'on y est le passage remarqué de Marie France pour trois titres (dont deux inédits à paraître en janvier sur le nouvel album de la troupe). Plus sobre qu'au Centre Wallonie-Bruxelles en avril dernier, mais toujours aussi charmante et charismatique, et piquant la vedette - et facilement, encore - à toute personne ayant approché la scène (celle-ci ou une autre) ce soir. Selon nos indicateurs, au même moment, Duvall regardait France-Belgique en toussant bruyamment.