samedi 29 octobre 2011

Damages - Haines & Passions

...
La haine ça enrichit la lucidité et ça ne fait pas grossir.

Engoncées dans leur haine, sèches comme des coups de triques, Patty Hewes et Ellen Parson continuent leur danse étrange, l'une avec l'autre ou l'une contre l'autre - on finit par ne plus savoir. En les voyant jouer et rejouer ce même numéro, amie/ennemie, je te hais mais tu me rends folle, on se dit que Céline avait foutrement raison : fou comme elle les conserve, leur haine. "How old d'you think I am?", s'étrangle Patty face à son psy, qui lui parle de la "période de sa vie" à laquelle elle est parvenue, et elle doit songer à laisser un héritage. C'est vrai, ça : elle a quelle âge, cette femme ? De quelle époque est-elle ? Et Ellen ? Sa métamorphose physique - de plus en plus maigre et le visage de plus en plus spectral - ne fait-elle pas écho à l'évolution de son caractère, autrefois rond et arrangeant, désormais radical et sans concession ?

Rescapée de la guillotine par l'entremise de la petite Direct TV, qui avait déjà repêché Friday Night Lights à la fin de sa seconde saison, Damages poursuit tranquillement l'évolution amorcée l'an dernier, moins tape-à-l'œil, plus épurée dans son écriture comme dans sa distribution (Ellen, Patty et le fils de cette dernière sont les seuls survivants du casting original). Inversant le procédé utilisé la saison dernière, c'est désormais Patty Hewes que les scénaristes ont choisi de placer à la périphérie de l'intrigue, tout en resserrant cette dernière autour du dossier traité (en l'occurrence une sinistre affaire d'exactions en Afghanistan par une milice privée - la référence à Black Water est comme de juste transparente). Plus vraiment d’esbroufe spatio-temporelle, nettement moins d'affrontement entre les deux antihéroïnes... comme on le sentait venir depuis quelques temps, Damages a fini par devenir un legal drama bien plus traditionnel, quoique toujours aussi sec et ambigu. Plus même, peut-être, puisque réduite à dix épisodes, cette nouvelle saison s'avère bien plus compacte et moins avare en rebondissements (même s'ils ne sont pas toujours très surprenants).

Bien sûr, foncièrement, Damages reste fidèle à ses fondamentaux. Les méchants sont vraiment trop humains, les gentils sont aussi orgueilleux qu'ambigus, les exécuteurs de basses-œuvres sont des tireurs de ficelles et les apparences sont presque toujours trompeuses. On connaît la chanson - pour ne pas dire que l'on en a éprouvé la formule. En aplanissant le tout et en cessant de vouloir absolument faire semblant d'être ce qu'elle n'est pas (une grande série plutôt qu'un thriller efficace), tout en s'adjoignant les services de mercenaires (c'est le cas de le dire) jouant parfaitement leur rôle de guests de prestige (le duo Dylan Baker/John Goodman est impeccable), la série a cependant a retrouvé un souffle et une dynamique qui faisaient parfois cruellement défaut aux derniers chapitres. Fou comme ça change tout, que l'histoire soit intéressante.


👍 Damages (saison 4)
créée par Todd A. Kessler, Glenn Kessler & Daniel Zelman
Direct TV, 2010

15 commentaires:

  1. Très bonne saison. On avait presque oublié que ça pouvait être aussi bien.

    RépondreSupprimer
  2. Je vois bien la haine, mais la passion euh, comment dire? :-)

    RépondreSupprimer
  3. Parmi les bons points : on est enfin débarrassé de Frobisher, qui ne servait plus à rien, John Goodman est super, la critique de la religion impliquée par son personnage est très subtile (la dernière saison de Dexter devrait en prendre de la graine !)

    Parmi les mauvais points : certains rebondissements sont quand même assez téléphonés, ou complètement idiots (le gamin !) et un rebondissement final vraiment pas fin.

    RépondreSupprimer
  4. Une question d'un néophyte à un adepte des séries : as-tu regardé "The killing " ( la version US )?
    Renversant .
    J'ai longtemps affirmé adorer Twin Peaks . Jusqu'à ce que je vois la série ."The Killing " , c'est Twin Peaks, mais en bien , quoi .

    RépondreSupprimer
  5. Serious Moon >>> n'est-ce pas ?

    Azazel >>> tu n'as pas regardé la saison jusqu'au bout alors ;-)

    Leïa >>> tu n'as pas tort, le dénouement est un peu... hum... mais peu importe, c'était quand même bien.

    Daniel >>> non, je n'ai pas vu The Killing US, pour la simple raison que j'ai d'abord vu la version originale (danoise) et que, comme c'est apparemment un copier/coller (en tout cas au niveau du script), je n'étais pas pressé de regarder la même histoire deux fois en quelques mois ^^ Mais je la regarderai quand même à l'occasion, la version US, même si j'ai du mal à croire que cela puisse être encore meilleur que l'originale, qui est déjà un sommet à tout points de vue (casting, écriture, atmosphère...). J'en avais parlé , tiens, tant que j'y pense.

    RépondreSupprimer
  6. Je n'avais pas trouvé le billet sur The killing version danoise . En cherchant sur le blog , j'étais juste tombé sur un commentaire de GT sur la série .Maintenant que tu as vu la série originale, tu risques de trouver le remake moins palpitant, forcément . En ce qui me concerne , j'ai longuement hésité avant de choisir la version US . En effet j'ai regardé par curiosité un épisode américain de Life on Mars et j'ai trouvé ça très mauvais . Harvey Keitel était assez risible en comparaison de son modèle anglais .
    En tout cas, de toutes les séries que j'ai vues ( peu nombreuses, il est vrai ) The Killing est de loin la meilleure . Qu'est-ce que tu me conseillerais après celle-ci ?

    RépondreSupprimer
  7. Hum... il faudrait que tu me rappelle brièvement ce que tu as déjà vu (et ce que tu en as pensé en gros), Life on Mars mis à part...

    RépondreSupprimer
  8. (au passage c'est tout à fait normal que tu n'aies pas vu l'article, je ne l'ai recollé d'Interlignage qu'il y a quelques jours... en général je ne les republie pas à la date de parution, mais là c'était un cas particulier puisqu'il y a la chronique de la saison 2 dans les tuyaux...)

    RépondreSupprimer
  9. Alors : the mentalist ( je sais , je sais ... ) , Life on mars et The killing .Et Colombo , aussi .Des séries plutôt policières .
    Merci d'avance pour tes conseils !

    RépondreSupprimer
  10. Ah , j'oubliais : tu parles dans ton billet de "the Pledge" , ce chef d'oeuvre absolu . je crois qu'il y a deux types de fans de Sean Penn : ceux qui trouvent qu'il est un acteur exceptionnel . Et ceux qui ont compris qui il était vraiment ( =moi, par exemple ).
    Voici , en effet , après celles que j'ai consacrées à Nick Cave (( le passeur ) , Sufjan Stevens ( cf le dernier album ) et Bill Calahan ( la cryogénisation ) ma théorie sur Sean Penn . Ce dernier joue plutôt mal . il n'a qu'une expression , qu'il tire des nombreuses rides de son front, héritées de l'époque où il essayait de mettre Madona dans le four conjugal . Il a été un acteur exceptionnel dans un film d'exception : L'impasse , de Brian de Palma .Avant d'être un acteur, Sean Penn est un auteur et ses cachets d’acteur lui servent ( c'est ma théorie ) à pouvoir réaliser ses films : Crossing guard - très bon , Indian Runner avec le plus grand acteur du monde , Viggo MOrtensen . Et puis il y a The PLedge d'une beauté à couper le souffle . La scène avec la grand-mère ( jouée par Vanessa Redgrave si ma mémoire est bonne )est bouleversante . C'est vrai que l'on peut penser à The Killling ( même si dans la version US tous les passages sur le deuil ne sont pas les plus réussis).
    Comment ? Into the wild ? Ah , mais ce n'est pas un film de Seann Penn ,mais d'Eddie Vedder , désolé . il faut reconnaître à ce cher Eddie cette qualité : il a le pouvoir de gâcher un film par sa seule présence au générique . Trop fort .

    RépondreSupprimer
  11. Ah ah ah... j'aime beaucoup ta théorie (et je me suis endormi devant Into the Wild, que j'ai trouvé plus mou et chiant que "wild" d'ailleurs ^^).

    Pour en revenir aux séries, puisque tu traînes dans le policier apparemment, as-tu essayé The Wire ? Bon, ça risque d'être assez brutal comme changement après The Mentalist, c'est nettement plus réaliste...

    Tiens est-ce que tu as été voir l'article "10 ans. 30 séries" dans la colonne ci-contre ? Plutôt qu'un long discours, ça offre un panorama (certes pas exhaustif) du genre depuis 10 ans, avec à chaque fois présentation et lien vers les articles qui en parlent sur ce blog. C'est sans doute le plus simple (The Wire est en bas de liste, alphabet oblige, mais il y a d'autres recommandations dans le coin). Après tout, pour une fois que cette somme pourrait servir à quelqu'un ^^

    RépondreSupprimer
  12. "Into the wild " a été pour moi aussi une très grosse déception . J'ai trouvé ça très très long .
    Je vais me lancer avec the Wire , alors . J'ai déjà essayé sans avoir été très convaincu mais je pense que ça tient en grande partie au doublage français .
    En ce qui concerne ton article sur les séries, sache que c'est grâce à lui que je me suis mis à regarder des séries et à prendre ce genre un peu au sérieux .
    Merci !

    RépondreSupprimer
  13. Oh, eh bien... merci !

    C'est sûr que The Wire sans les accents et le phrasé très particuliers des corners boys, ce n'est pas tout à fait la même série. Et puis surtout : c'est lent, ça se développe progressivement, il faut vraiment du temps pour se prendre au truc (en tout cas moi il m'en avait fallu, je ne suis pas devenu inconditionnel le premier jour, loin de là...)

    RépondreSupprimer
  14. Accro dès le 1er jour, je fus ^^

    RépondreSupprimer
  15. Ça dépend du niveau d'insomnie de chacun, après ;-)

    RépondreSupprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).