lundi 5 septembre 2011

Chad VanGaalen - La Preuve par l'image

...
[Article précédemment paru sur Interlignage] C’est ce qu’on pourrait appeler un détail important. Un petit rien-du-tout-qui-veut-dire-beaucoup. Doublé d’une tradition qui a fini par se perdre : la pochette. La pochette qui annonce la couleur, le premier contact qui dit déjà tout. Celle de Diaper Island, dans le genre, est particulièrement éloquente – en plus d’être très belle. Faussement colorée, fourmillante, soignée jusqu’à la maniaquerie.


Oh bien sûr, on pourrait commencer par dire que Chad VanGaalen est un songwriter/illustrateur que le Landerneau suit depuis quelques années du coin de l’œil (dans notre cas depuis Skelliconnection, son très convaincant second album). Un journaliste sérieux débuterait sans doute par-là. Ajoutant qu’il est en quelque sorte le chantre d’un renouveau lo-fi émergeant depuis le Canada (voir le très bon disque des Women, qu’il a d’ailleurs produit). On doutera poliment de l’importance d’une telle info dans une époque où les courants musicaux ont moins que jamais de sens, et où la lo-fi particulièrement s’est insinuée jusque dans les plus petits sillons de la scène indé, au point que tout le monde en 2011 soit plus ou moins lo-fi – ce qui est somme toute logique puisque plus personne n’a de ronds. Prenez un titre comme "Burning Photographs" : est-ce lo-fi ? Post-punk ? Garage ? Mais le garage, n’est-ce pas déjà de la lo-fi ?

Non, tout cela n’a guère d’intérêt, alors autant se focaliser sur ce qui parle : cette pochette à l’esthétique brouillonne et soignée à la fois, qui définit si pertinemment l’art de Chad VanGaalen, ses hésitations entre minimalisme ("Sara") et grandiloquence ("Blonde Hash"), son mélange de morgue ("Replace Me") et d’indolence ("Peace on the Rise"). Sans oublier bien sûr cette espèce de mélancolie loufoque qui fait des bluriennes "Freedom for a Policeman" et/ou "Can You Believe" It quelques unes des chansons les plus jouissives que l’on ait entendues depuis un bail. C’est là sans doute ce qui différencie VanGaalen de tant de ses congénères s’appliquant proprement à sonner bien crade : ses chansons tiennent debout et son artisanat développe une identité forte dans un secteur d’activités (la lo-fi, vous dit-on) tellement saturé que l’idée de s’y intéresser fatigue d’avance. Alors si en plus il fait de belles pochettes… il ne peut s’agir que d’un gars bien.


👍👍 Diaper Island 
Chad VanGaalen | Sub Pop/PiAS, 2011

6 commentaires:

  1. C'est pas mal mais une année où on a droit à un si bon Malkmus c'est forcément poids plume...

    RépondreSupprimer
  2. Tu vas rire : normalement je devais publier cet article la même semaine que celui sur Malkmus, et c'est justement pour cette raison que j'ai attendu un peu.

    RépondreSupprimer
  3. Non, c'est Vangaalen ça ? Ca ne ressemble vraiment plus tout au mec de Soft Airplane !

    RépondreSupprimer
  4. C'est vrai que le ton a changé. Cela dit certains morceaux sont plus dans la veine de Soft Airplane, aussi.

    RépondreSupprimer
  5. L'a un comme un petit goût de revenez-y, ce disque, que j'dis... Merci de la découverte, Thominou ;)

    RépondreSupprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).