mercredi 1 juin 2011

Phémenomenal !

Huit ans, tout de même. Il aura fallu huit ans pour que le premier album auto-produit de Menomena sorte ailleurs qu'à Portland (j'exagère un peu, mais à peine : il est ressorti depuis à plusieurs reprises... en tout petits tirages vinyles), fait suffisamment spectaculaire de nos jours pour être précisé. Un album rare ? Un vrai ? En 2011 ? Si vous vous demandiez à quoi servait cette rubrique consacrée aux rééditions, vous avez désormais votre réponse.

Connu de peu de gens, possédé par encore moins, I Am the Fun Blame Monster! (quel titre génial (*)) passe désormais avec une légère douleur (il en devient un peu trop long) du simple au double, agrémenté de faces B dont on sent à peine qu'elles en sont mais dont la couleur est en revanche nettement différente, légèrement lifté pour l'occasion (enfin, c'est ce dont nous informent ceux qui l'ont entendu à l'époque - on n'a évidemment pas de point de comparaison)... et surtout presque à la hauteur des albums les plus récents du groupe, dont il semble par instant l'ébauche géniale, le croquis fulgurant, à l'image de ce 'Monkey's Back' final préfigurant les joyaux du futur Friends & Foe. Genre de premier album archétypal (mais qui ne sonne pourtant jamais comme tel), il propose une carte de visite assez troublante des chemins que le groupe explorera (le plus souvent avec brio) par la suite, et pose les bases d'un style unique et 'phémenomenal', avant-gardiste et parfaitement accessible, expérimental autant que ludique, parfois tout à fait pop sans jamais perdre de vue la recherche sonore (et il n'est pas inintéressant de noter que les faces B. s'avèrent bien plus sinueuses et psychédéliques que l'album lui-même).

Sans doute plus éclaté que ses successeurs, I Am the Fun Blame Monster! étonnera probablement plus souvent par sa production, auto peut-être mais particulièrement audacieuse ('The Great Late Libido') que par son répertoire, parfois un peu sage, ou n'allant pas toujours aussi loin que l'on pourrait s'y attendre venant d'un tel groupe ('E. Is Stable', très coitus interruptus). En 2003, Menomena est déjà un OVNI, mais il maîtrise mieux le décollage et le vol plané que l'art délicat de l'atterrissage. Rien de bien grave tant, des années après, ce premier jet demeure singulier et au-dessus de la moyenne. Même brut, le talent reste le talent : ses excès et ses errances font partie de son pouvoir de fascination.


👍👍 I Am the Fun Blame Monster! 
Menomena | FILMguerrero, 2003


(*) Précisons-le car cela sonne tellement bien que ça ne saute pas forcément aux yeux : c'est l'anagramme de The First Menomena Album.

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