dimanche 12 juin 2011

In Treatment - Séances tenantes

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Paul Weston est de retour et il n'est vraiment pas content.

Bon, d'accord... je n'imaginais pas vraiment convaincre avec cette accroche. Les (trop) rares fans d'In Treatment savent que les retours en fanfare ne sont pas le genre de la maison, pas plus que les cliffhangers ou les simples éclats de voix. In Treatment, et c'est sans doute la raison de sa relative confidentalité, est la série la plus sobre de l'univers, qui cultive une forme de simplicité pudique, avec son importance primordiale accordée à la parole - donc au silence et aux non-dits.

Forte d'une remarquable seconde saison, In Treatment ne bouleverse pas particulièrement son univers dans ces vingt-huit nouveaux épisodes, et cette manière de ne pas évoluer, de se conforter dans un schéma établi et immuable lui va à râvir. D'une certaine manière, son concept-même 1 s'inscrit dans la régularité, sinon la répétitivité. Les patients se suivent sans se ressembler, pourtant la série demeure égale à elle-même, envers et contre tout, portée par l'atmosphère confinée mais apaisante du cabinet de Paul et par la voix grave, posée d'un Gabriel Byrne qui n'a sans doute jamais été si bouleversant. Source de bien-être pour ses patients, mur de squatch contre lequel viennent s'écraser leurs tourments, Paul est plus torturé encore qu'à l'accoutumée, hanté par le fantôme de son père (décédé des suites d'un Parkinson dans la saison précédente) et par un irrépressible sentiment d'être passé à côté de sa vie. Une fois n'est pas coutume, les épisodes les plus réussis sont souvent ceux le confrontant à sa thérapeute (Amy Ryan, vue dans The Wire, qui remplace avec talent et sensibilité l'excellente Diane West), moins joutes verbales que du temps de la tempétueuse Gina, plus mélancoliques et dignes. Égocentrique à la limite de la pathologie ayant malgré tout choisi de consacrer sa vie aux autres, intellectuel vieillissant autant qu'individu souvent puéril, le personnage de Weston évolue peu mais continue de fasciner, par ses fêlures et ses contradictions dans lesquelles il est si aisé pour tout un chacun de se reconnaître.

Alors non, c'est vrai, la série ne change pas vraiment (en dépit d'un nombre d'épisode réduit), et ne surprend plus du tout. Cela ne suffit pas à justifier son annulation, pas encore officielle mais, à l'heure actuelle, très probable. In Treatment n'a plus rien à prouver : elle s'est déjà imposée comme ce qu'une fiction a dit de plus fort et de plus singulier sur la thérapie et, surtout, sur la puissance du verbe.


👍👍 In Treatment [En analyse] (saison 3)
créée par Hagai Levi
HBO, 2010


1. Rappelons pour ceux qui ne l'auraient pas vu qu'il s'agit de suivre le quotidien d'un psychothérapeute par le biais de ses consultations hebdomadaire, chaque épisode étant le récit à la virgule près d'une consultation avec un patient, et le dernier de la semaine étant dévolu aux propres consultations du héros avec sa propre psy.

5 commentaires:

  1. Non ? C'est annulé ?
    Quel dommage, cette série était vraiment remarquable...

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  2. J'ai un peu brutalement arrêté cette saison en cours, tout en ayant dévoré les deux premières avec un plaisir évident. Je crois a cause d'une sensation que tout ca tournait un peu en rond, et des personnages moins attachants(?)

    Tu me donnes une bonne raison de reprendre ca depuis le début...

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  3. Bloom >>> apparemment il y a actuellement des négociations pour que la série continue dans un nouveau format. Mais bon, on sait comment ça marche : il y a peu de chances que cela aboutisse.

    Marc >>> "moins attachants" ? Je ne sais pas, je trouve que les personnages de Sunil ou de Jesse, dans des gens très différents, valaient largement ceux des précédentes saisons (dont je me souviens finalement assez mal...)

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  4. Ah oui, je ne les ai pas trouvés moins attachants non plus. Les histoires de Sunil et de Jesse m'ont beaucoup émue.

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  5. Je note que tu ne cites pas Frances ;-)

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