mardi 23 novembre 2010

The Jesus & Mary Chain - Cinq fois plus psyché

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Il y a là quelque chose d'une implacable logique. The Jesus & Mary Chain se voient réédités dans un gros coffret, quoi de plus normal concernant ce qui constitue de loin le groupe le plus pompé des cinq dernières années ? Largement mésestimés en leur temps, les frères Reid ne pouvaient décemment pas ne pas rappeler leur existence à une génération encensant (au hasard) Black Rebel Motorcycle Club, qui a bâti toute sa carrière sur leur album Automatic. Je le dis d'autant plus facilement que j'appartiens, d'une certaine manière, à cette génération.

J'ai certes eu la chance de connaître les Jesus lorsqu'ils étaient encore activité. Mais j'ignorais que c‘en était une. Je n'aimais pas trop ce groupe, en fait. Il était ma Némésis : le groupe que j'aurais pu adorer, que j'aurais dû adorer tant tout chez lui me correspondait... sauf qu'il m'emmerdait prodigieusement. Je me souviens encore du jour où j'ai acheté Darklands, que l'on m'avait vendu quasiment comme le plus grand disque des années quatre-vingt. Quelle purge ! J'ai dû l'écouter trois fois avant de le ranger.

Paradoxalement, c'est ce qui a amené l'objet du jour en ma possession. Pour une fois, inutile de m'interroger sur le cœur de cible d'un tel produit : c'est moi. Des Jesus & Mary Chain, je ne possédais que Darklands (donc) et Munki (qui n'est pas dans le coffret). Cinq albums du groupe pour le prix d'un seul, cela ne pouvait que m'intéresser. Et cela m'a effectivement intéressé. Plus que je ne l'aurais cru.


Je savais bien sûr que The Jesus & Mary Chain avait influencé une tripotée de groupes que j'adorais. Pour autant, j'ai tout de même été extrêmement surpris de trouver cette discographie exceptionnelle. Ironie du sort, j'ai d'abord flashé sur Stoned & Dethroned (1994), que j'ai écouté en premier parce que je voyais depuis des années sa pochette dans des magasins, et que je la trouvais trop cool. Or Stoned & Dethroned, je l'apprenais par la suite (je m'en doutais un peu, cela dit), est considéré comme un de leurs moins bons disques. C'est vous dire le reste, si l'on considère que dès les premières notes de 'Dirty Water' je me suis senti comme à la maison. Quel formidable album. Bon, ça reste entre nous ; je ne vous ai rien dit, dans l'article je me ferai bien sûr l'écho de la thèse officielle, voulant que les meilleurs opus du groupe soient les trois premiers. Nous sommes bien d'accord. D'ailleurs dans l'article je ferai probablement semblant de connaître le groupe par cœur, d'en être un fan incontesté depuis Psychocandy (bon, j'avais quatre ans, mais tout de même : quel souvenir). Donc on fait comme ça. J'essaierai de rendre mon article à peu près consensuel, en disant quelques mots de chaque disque, suivant ce qui me semble correspondre aux attentes des lecteurs. Je ne parlerai pas du vieillissement sonique de Psychocandy, je ne voudrais pas que certains s'étouffent. Bien entendu Darklands sera l'album que je recommanderai en priorité, en plus c'est la vérité, malgré ma première mauvaise expérience avec ce disque (je ne suis plus à un paradoxe près). Automatic sera le dernier chef-d’œuvre, quand Honey's Dead sera le commencement de la fin (je suis d'accord, 'Teenage Lust' écrase à peu près n'importe quel titre shoegaze contemporain à lui tout seul). Je ne dirais que quelques mots de Stoned & Dethroned, sans doute histoire de sauver un ou deux morceaux du naufrage.

Mais la vérité, qui reste entre nous, c'est que s'ils ne sont pas tous parfaits, ces disques sont tous absolument fascinants et s'écoutent à la file sans que l'on sente, à aucun moment, une quelconque baisse de régime. Si le plus gros de leur carrière ne se déroulait pas, finalement, dans les années quatre-vingt-dix, on pourrait effectivement considérer The Jesus & Mary Chain comme le meilleur groupe des années quatre-vingt. D'ailleurs elle est pas mal, cette phrase. Je la mettrai sûrement dans l'article.


👍👍👍 Original Album Series 
The Jesus & Mary Chain | Rhino Enternainment, 2010 [1985, 87, 89, 92 & 94 pour les éditions originales]

4 commentaires:

  1. Les jesus sont l'un des plus grands groupes des années 80 mais aussi des années 90 et aussi de tous les temps.

    Content que cette 2e chance t'ai fait changer d'avis.

    Pour ma part, en tant que fan des Jesus (comment définir un fan ? euh... un mec qui a les 6 versions différentes de leur premier 45 par exemple ? m'oui, ça ira), le choc fut Barbed wire kisses, compile de face B et inédits sortie après darklands. J'avais acheté les 2 premiers albums l'année précédente, alors qu'ils avaient déjà un succès d'estime, mais l'écoute me tétanisa : violence de ces pop songs surchargées d'un mur de son mais tellement simples et évidentes, arrogance du son, et quel boxon !

    Ensuite, la spirale : des achats de disques aux pochettes magnifiques (des 45 tours gatefold aux pochettes d'une hyper sobriété et soignées jusqu'aux références catalogue), des concerts d'une violence inouïe jusqu'alors (un concert de 22' à l'Elysée Montmartre en 89, dos au public, les projos dans la gueule du public, et 6 morceaux quand même, dont 3 Beach boys furieux), jusqu'au premier choc Automatic (la rythmique doublée par une boîte à rythme) puis Honey's dead (l'influence baggy de Manchester faisait sautiller la moitié du public alors que le reste du public corbeau était tétanisé par tant de joie) et des concerts dont les murs de son rivalisaient amplement avec SYouth, MBValentine et même Ride.

    Brefle, un groupe qui m'a chevillé au rock'n'roll comme peu le firent (les Stray cats peut-être) alors que le format des morceaux courts et carrés n'est finalement pas ce que je préfère le plus (de SY à PF, des Beastie à prince, de DM au Beta Band, de bashung à Supertramp, pour faire un raccourci indigeste mais si caractéristique).

    les jesus donc, qui me sont violemment apparus comme toujours plus légitimes lors de l'explosion de Mogwai et de Godspeed, ou rien que la semaine dernière à Bègles lors d'un concert terrib' d'A place to bury strangers (je disais à Klak à la fin de chaque morceau : "putain c'est du Jesus !!!"). (chronique ici : http://lebaldesvauriens.over-blog.com/article-a-place-o-bury-strangers-au-bt59-begles-62864463.html)

    Donc, et je pourrais en causer des heures, c'est un plaisir (mais aussi un étonnement) que cette (re)découverte tardive des Jesus par Thomas. Puisse cela encourager d'autres qui n'auraient pas encore cédé.

    Mon conseil albums (dans l'ordre mais c'est tellement différent à chaque fois que c'en est totalement subjectif) :
    1- Automatic
    2- Barbed wire kisses
    3- Honey's dead
    4- Psychocandy

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  2. Un étonnement... bah écoute, je n'ai pas la science infuse et j'aime bien, des fois (pas toutes les semaines non plus) avouer que je ne connais pas très bien tel ou tel groupe. Mon quart d'heure mensuel d'humanité, en somme :-)

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  3. J'en suis restée à mon seul et unique, Psychocandy. Me voilà avec une terrible envie de plein d'autres petits Jesus pour Noël :-)

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  4. Te prive pas, en plus ce coffret coûte une bouchée de pain.

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