mardi 21 septembre 2010

Michael Moorcock - See You in Another Plan, Dorian...

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Arrivé au terme des nouvelles aventures de Hawkmoon, je dois dire que je ne suis toujours pas vraiment parvenu à comprendre quel but poursuivait Moorcok lorsqu'il décida de les écrire, sortant du même coup l'un de ses plus vieux héros du formol. Pour faire suite à l'attachante Runestaff, les chroniques de Castle Brass n'en ont ni la cohérence narrative, ni l'humour... elles n'ont en fait pas grand-chose en commun, sinon une poignée personnages dont certains se virent d'ailleurs ressuscités pour les besoins de la cause.

The Quest for Tanelorn, donc, n'apporte aucun éclairage supplémentaire quant à une série dont le principe-même, à vrai dire, louchait allègrement du côté du grand n'importe quoi. Tout au plus permet-elle de solder la destinée de Dorian Hawkmoon et de terminer, comme on pouvait s'y attendre, par une pétaradante fin du monde - une tradition quand Moorcok achève l'un de ses cycles. Et si c'était cela, dans le fond, le but poursuivi ? Raccorder Runestaff, série assez linéaire, un peu à part dans l'œuvre de l'auteur, avec le reste de son captivant Multivers ? L'hypothèse mérite d'être soulevée tant Castle Brass, quand on y pense, ressemble beaucoup plus à Elric ou The Eternal Champion qu'à Runestaff elle-même. Sans aller jusqu'à dire que l'on retrouve dans ce troisième et dernier tome tout ce qu'on aime chez Moorcock, on peut légitimement considérer qu'il remplit son cahier des charges habituel et renoue avec un univers dont les aventures de Hawkmoon ont toujours paru en marge : multiplication des plans, combat fratricide entre l'Ordre et le Chaos, arbitrage de l'homme (cette entité incontrôlable), quête de Tanelorn (of course)... et même crossover, puisque Corum, Elric et toute la bande sont de la partie. C'est peu dire qu'on les retrouve avec plaisir, même si l'on a le sentiment de lire un bizarre brouillon de The Sailor on the Seas of Fate, cet épisode stand alone du cycle d'Elric qui, écrit peu après The Quest for Tanelorn, réunissait déjà toute la dream team moorcockienne.

On en ressort, il faut bien le dire, un peu perplexe. Il fallait une certaine abnégation pour avancer dans Castle Brass (dont le nom d'ailleurs relève quasiment de l'escroquerie tant le château comme son seigneur y jouent un rôle dérisoire), probablement la série la moins intéressante de toute la galaxie Moorcock. C'est peu dire que l'on n'est pas mécontent d'en avoir enfin vu le bout. Contrairement aux autres, Hawkmoon, lui, ne nous manquera pas vraiment. Et si l'on ne peut réprimer un petit gazouillis de plaisir lorsqu'Elric vient faire une pige dans une autre série de l'auteur, pas sûr que les futures apparitions du Duc Dorian provoquent autre chose chez le lecteur qu'un vague haussement de sourcils.


The Chronicles for Castle Brass, vol. III : The Quest of Tanelorn (1975)

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4 commentaires:

  1. Quand je lis le nom de Moorcock, je suis aussitôt renvoyée à des discussions passionnées de rôlistes (dont je n'ai jamais fait partie)... J'avoue n'avoir rien lu de cet auteur mais j'ai bien compris que tu ne conseillais pas franchement cette série. Sur quoi aiguillerais-tu quelqu'un qui souhaite le découvrir ?

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  2. Je suppose qu'il conviendrait de conseiller le cycle d'Elric, même s'il y a pas mal de déchet dedans, aussi. C'est un peu le problème avec Moorcock : il y a des épisodes extraordinaires coincés à l'intérieur de séries énormes (en volume) et mineures. Donc oui... je dirais Elric, ou le premier tome de la série The Eternal Champion (le seul de cette série que je n'ai pas chroniqué, ironiquement), qui me semble être en quelques pages un concentré de l'univers de l'auteur.

    Si tu as encore un peu de temps, j'ai de toute façon prévu de revenir sur la saga Elric dans un prochain "Mes livres à moi"...

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  3. Oui, j'ai tout le temps du monde, avec le stock de livres non lus et dispersés un peu partout chez moi, j'ai de quoi voir venir. Depuis l'arrivée de qui tu sais au pouvoir, ma compulsion d'achats livresques s'est méchamment aggravée. C'est moins dangereux pour la santé que l'alcoolisme, tu me diras, mais c'est assez envahissant...

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  4. Oui parce qu'avec l'alcoolisme, au moins on jette les bouteilles ;-)

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