lundi 20 septembre 2010

10 Years Before

...
C'était avant. Avant le revival rock. Avant les groupes "en The". Avant que les guitares reviennent à la mode et que le britrock relève la tête. Avant que The Coral ne plonge dans les limbes pour en arracher la pop psyché. C'était avant et après en même temps, après les années quatre-vingt-dix, la déferlante OK Computer et toutes ces choses. Avant et après, entre deux époques, pas comme un chaînon manquant mais plutôt comme une faille spatio-temporelle.

Certains albums ne marquent pas tout de suite. Il leur faut plusieurs années avant de s'insinuer. Le premier opus des excellents Starlight Mints est de ceux-là. Sans doute un des meilleurs albums de la décennie, sauf que très peu de gens l'ont entendu à l'époque et que plus personne ne s'en souvient aujourd'hui. Il est vrai que le groupe de Norman, Oklahoma n'avait rien pour lui, avec sa pop raffinée, mi-psyché mi-orchestrale, ses relents bluriens et son humour si fin qu'on l'aurait volontiers juré britannique. L'époque n'en avait alors que pour l'electro et le neo-metal. Un mois plus tard, Kid A paraîtrait et ferait table-rase, tandis qu'un an après les Strokes et les White Stripes achèveraient de purger les nineties. Starlight Mints resteraient sur le carreau, oubliés des rares les ayant jamais connus.


Pourtant dix ans plus tard, placer The Dream that Stuff Was Made of sur sa platine a quelque chose d'assez époustouflant. Parce que c'est un disque de 2010, paru il y a dix ans. Le son est celui que l'on retrouve aujourd'hui dans la plupart des productions pop-rock de qualités. Les mélodies ciselées, la diversité des climats, les références subtiles (Smiths, Bowie, Kinks, Pavement pour la facette indie US), la voix nasillarde et joyeuse... si The  Dream that Stuff Was Made of sortait aujourd'hui, les Starlight Mints deviendraient probablement énormes. On s'extasierait devant la qualité des riffs ("Sir Prize", "Sugar Blaster"), on acclamerait la production façon Stephen Street de la belle époque, on applaudirait les textes et l'on approuverait en connaisseur l'intelligence des arrangements ("The Bandit"). Les fans de rock psyché seraient charmés par le culot de l'ensemble tandis que les fans de pop, eux, ne pourraient qu'aimer ces mélodies bigarrées et catchy.

Sauf que voilà : The Dream that Stuff Was Made of n'est pas sorti le mois dernier, mais il y a dix ans. Et n'a pas intéressé grand-monde. Pourtant en dix ans, je peux vous assurer l'avoir écouté un sacré paquet de fois. Et si je suis rarement enclin à la tendresse vis-à-vis de ce que j'aimais à l'époque, je suis obligé de dire que sur ce disque, il n'y a tout simplement pas un seul mauvais titre. Ne devant rien aux modes de son temps, il n'en porte (évidemment) aucun des stigmates, et a formidablement bien vieilli. On écoute cet album de dandys déglingués avec une délectation... un bonheur insoupçonnables à l'époque. Non mais, sérieusement : y a-t-il au moins un lecteur de ce blog qui le connaisse ? Il gagnerait mon respect éternel...


👑 The Dream that Stuff Was Made of 
Starlight Mints | See Thru Recordings, 2000


9 commentaires:

  1. C'est bien simple, on n'a jamais rien écrit de plus grand depuis Shakespeare, et je le pense depuis dix ans, tous les matins, quand je l'écoute au petit déjeuner.

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  2. Me souviens à l'époque que j'avais acheté RnF et qu'ils en avaient fait leur disque du mois. Et que la chronique commençait par "c'est l'album qui a finit en tête des ventes devant le 'One' des Beatles". Je m'étais dit qu'on tenait qqch là.
    Car ouais, ce disque est sorti en même temps que l'énième compilation Beatles-ienne. Et effectivement, c'est un superbe disque, que je vais m'empresser de réécouter, là maintenant tout de suite.
    D'ailleurs, le reste de la discographie, si elle n'atteint pas ce sommet, est de sacrée tenue.

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  3. Superbe album ! Un de mes préférés du début des années 2000 aussi.

    Certaines versions de cet album étaient livrées avec le single du groupe à l'époque, un morceau fantastique, "Popsicle". Le clip était génial : http://www.youtube.com/watch?v=kVFq2pFHkoI.

    Par contre, je dois m'inscrire en faux par rapport à -Twist-. Le 2e album "Built On Squares" avait été pour moi une grosse déception, toute la légèreté s'était envolée au profit d'une pop travaillée, à la production new wave un peu lourdingue par moments (bon, il y a toujours ce superbe "Black Cat" à sauver). "Drowaton" ensuite m'avait redonné la foi, mais le groupe est retombé dans son trip pop 80s surproduite avec le récent "Change Remains".

    Assez décevant de la part du groupe qui a écrit des morceaux aussi délicats que "Pulling Out My Hair"...

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  4. Mais dis donc, je viens de l'écouter : il est drôlement bien, cet album ! Merci.

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  5. Lou >>> pourquoi n'arrives-je pas à le croire ?...

    Twist >>> je me souviens en effet qu'il avait eu un bon R&F (qui parlait d'ailleurs de "blur que Stephen Street n'aurait pas cessé de produire", ce qui est tellement vrai que j'ai failli me le confisquer ^^) mais je n'en ai tout simplement jamais ré-entendu parler depuis, ce qui est assez incroyable compte-tenu de la qualité du disque. Jusqu'à aujourd'hui je ne connaissais d'ailleurs personne qui l'ait.

    Concernant la suite de la discographie j'abonderai dans le sens d'Eric, même si je crois que je n'ai jamais écouté le dernier (vu que personne n'en parle jamais j'ai tendance à découvrir les albums avec deux ans de retard... j'ai d'ailleurs découvert Drowaton au tout début de cette année...)

    Anonyme >>> de rien.

    Eric >>> merci mille fois pour ce clip, aussi excellent que le morceau. Je vais d'ailleurs immédiatement perdre tout sens moral et farfouiller partout pour essayer de trouver le titre. Partout ne désignant évidemment pas mon appart.

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  6. J'ai oublié de dire "de rien, Dahu" (pff, quelle matinée !)

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  7. Je vous trouve sévère avec Built On Squares, même si c'est pas du niveau de The Dream... . Je l'aime bien. Peut-être pas à écouter 4 fois de suite, mais de temps à autre, il fait son plaisir. Par contre Drowaton est vraiment un superbe album. Pas écouté celui de l'an passé par contre (ou alors je ne m'en souviens pas).

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  8. En fait je trouve surtout que le son du groupe se banalise un poil, après le premier. Sur Built il y a des titres que j'aime beaucoup, mais j'ai l'impression d'écouter un groupe indie-pop US plus traditionnel...

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