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Dix ans déjà. Une paie. Un siècle. Minimum une décennie. Dix ans ! Pensez donc : Action Joe était encore en vie et en pleine forme, on ne l'imaginait certainement pas clamser à peine deux ans plus tard. Et Rancid était le meilleur groupe punk du monde. Et Action Joe le répétait à loisir, serinant à qui voulait l'entendre que l'album que le meilleur groupe punk du monde s'apprêtait à publier était le meilleur de l'année. Nous ? On en doutait pas réellement. Même si le four du disque précédent, ce Life Won't Wait bien et mal nommé à la fois, nous avait appris la prudence.
Deux ans plus tôt en effet, Rancid avait voulu grandir. Entendre par-là : expérimenter, tenter des trucs, voir Tim Armstrong reconnu pour ses immenses talents de songwriter plutôt que pour sa crête il est vrai impressionnante. Le groupe avait immigré à Kingston, s'était entouré d'une fournée de musiciens locaux et avait accouché d'un album étouffant comme une canicule aux abords d'une maison de retraite. Life Won't Wait n'était pas mauvais, pourtant - il était juste trop. Trop long, trop produit, trop ambitieux. Pour survivre à ce disque douloureux qui faillit lui coûter la vie (une constante chez le groupe depuis lors), il fallait un électro-shock. Faire table-rase du passé et réaffirmer son authenticité plutôt que de chercher à tout prix la reconnaissance. Il fallait un Back in Black. Ce fut chose faite le premier août 2000.
Même dans leurs rêves les plus fous, les fans que nous étions n'auraient pu s'attendre à une telle baffe dans la gueule. Sans titre, sans promo et sans single, le cinquième album de Rancid est une improbable déflagration hardcore comme aucun groupe populaire, jamais, n'en a signé. Comme si le Clash avait publié une version ultra-speed de son premier album après avoir décroché un tube avec "Rock the Casbah". Genre de Motörhead West Coast, l'objet du délit (c'est le moins qu'on puisse dire) ne contient aucun temps mort, suffocant de rage, de hargne. A trente-cinq ans de moyenne d'âge, le groupe est subitement devenu deux fois plus violent qu'il ne l'était à vingt et tient à le faire savoir. Certains fans acquis au bon vieux temps de la mode revival punk californien n'en sont jamais revenus.
L'ouvrage n'est guère aimable - ce n'est pas son but. Il n'en conserve pas moins un certain sens de la mélodie, pour un peu qu'on l'aime cette dernière broyée par des vocaux braillards et des torrents de guitares rythmiques. Enfermé dans son studio hollywodien avec Brett "Bad Religion" Gurewitz pour seule compagnie, le duo Armstrong/Frederiksen n'a jamais été en si parfaite osmose, beugland des lyrics vengeurs où dansent dans une étrange chorégraphie les images de Don Giovanni, Chaucer ou Al Capone. Les rythmes sont parfois joviaux mais les riffs cinglants, le gouverneur Davis en prend plein la gueule ("Your antennas are pointed in the right direction / You make a deal in any situation / So with no evacuation / Let California fall into the fucking ocean") mais moins cependant que l'auditeur. K.O. debout, il se demande ce qui lui arrive ?
Mais rien, cher petit auditeur, rien du tout. Juste l'album furieux d'un groupe au sommet de son art, un disque sans titre que d'aucuns nomment Rancid 2000 tandis que d'autres le surnomment Rancid 5. La vérité ? Cet album n'a réellement pas de titre, en tout cas pas d'autres que Rancid - ou mieux : R.A.N.C.I.D. Comme un impact. Tout simplement. Et il porte foutrement bien son nom.
R.A.N.C.I.D, de Rancid (2000)
Dix ans déjà. Une paie. Un siècle. Minimum une décennie. Dix ans ! Pensez donc : Action Joe était encore en vie et en pleine forme, on ne l'imaginait certainement pas clamser à peine deux ans plus tard. Et Rancid était le meilleur groupe punk du monde. Et Action Joe le répétait à loisir, serinant à qui voulait l'entendre que l'album que le meilleur groupe punk du monde s'apprêtait à publier était le meilleur de l'année. Nous ? On en doutait pas réellement. Même si le four du disque précédent, ce Life Won't Wait bien et mal nommé à la fois, nous avait appris la prudence.
Deux ans plus tôt en effet, Rancid avait voulu grandir. Entendre par-là : expérimenter, tenter des trucs, voir Tim Armstrong reconnu pour ses immenses talents de songwriter plutôt que pour sa crête il est vrai impressionnante. Le groupe avait immigré à Kingston, s'était entouré d'une fournée de musiciens locaux et avait accouché d'un album étouffant comme une canicule aux abords d'une maison de retraite. Life Won't Wait n'était pas mauvais, pourtant - il était juste trop. Trop long, trop produit, trop ambitieux. Pour survivre à ce disque douloureux qui faillit lui coûter la vie (une constante chez le groupe depuis lors), il fallait un électro-shock. Faire table-rase du passé et réaffirmer son authenticité plutôt que de chercher à tout prix la reconnaissance. Il fallait un Back in Black. Ce fut chose faite le premier août 2000.
Même dans leurs rêves les plus fous, les fans que nous étions n'auraient pu s'attendre à une telle baffe dans la gueule. Sans titre, sans promo et sans single, le cinquième album de Rancid est une improbable déflagration hardcore comme aucun groupe populaire, jamais, n'en a signé. Comme si le Clash avait publié une version ultra-speed de son premier album après avoir décroché un tube avec "Rock the Casbah". Genre de Motörhead West Coast, l'objet du délit (c'est le moins qu'on puisse dire) ne contient aucun temps mort, suffocant de rage, de hargne. A trente-cinq ans de moyenne d'âge, le groupe est subitement devenu deux fois plus violent qu'il ne l'était à vingt et tient à le faire savoir. Certains fans acquis au bon vieux temps de la mode revival punk californien n'en sont jamais revenus.
L'ouvrage n'est guère aimable - ce n'est pas son but. Il n'en conserve pas moins un certain sens de la mélodie, pour un peu qu'on l'aime cette dernière broyée par des vocaux braillards et des torrents de guitares rythmiques. Enfermé dans son studio hollywodien avec Brett "Bad Religion" Gurewitz pour seule compagnie, le duo Armstrong/Frederiksen n'a jamais été en si parfaite osmose, beugland des lyrics vengeurs où dansent dans une étrange chorégraphie les images de Don Giovanni, Chaucer ou Al Capone. Les rythmes sont parfois joviaux mais les riffs cinglants, le gouverneur Davis en prend plein la gueule ("Your antennas are pointed in the right direction / You make a deal in any situation / So with no evacuation / Let California fall into the fucking ocean") mais moins cependant que l'auditeur. K.O. debout, il se demande ce qui lui arrive ?
Mais rien, cher petit auditeur, rien du tout. Juste l'album furieux d'un groupe au sommet de son art, un disque sans titre que d'aucuns nomment Rancid 2000 tandis que d'autres le surnomment Rancid 5. La vérité ? Cet album n'a réellement pas de titre, en tout cas pas d'autres que Rancid - ou mieux : R.A.N.C.I.D. Comme un impact. Tout simplement. Et il porte foutrement bien son nom.
R.A.N.C.I.D, de Rancid (2000)
Le meilleur disque keupon de la décennie. Et pis c'est tout ! :-)
RépondreSupprimerAu de là de cet album, c'est la discographie complète de Rancid qui impressionne le plus : variée avec ses temps forts, ses tentatives et ses albums moins bons mais plus humains, elle fait effectivement des américains un groupe capital du punk contemporain.
RépondreSupprimerA noter aussi que Matt Freeman sort de l'ombre pour plus d'horreur, voix rauque comme pas possible, basse qui galope à 1000 à l'heure ...
RépondreSupprimerHAHA en 2000, planquez les méchants made in MTV, Rancid montre qui c'est le patron !!!
Ouais, tout comme Repeater ou St Anger, Rancid 5 (c'est comme ça que je l'appelle) montre que c'est parfois dans les vieux pots (enfin vieux, c'est relatif) qu'on fait les meilleurs brûlots.
RépondreSupprimerC'est curieux, mais j'ai pas trop accroché à ce que j'ai pu écouter de Rancid (And Out Come The Wolves et quelques autres trucs). Je saurais même pas expliquer pourquoi, en plus. Alors que c'est typiquement le genre de groupe qui devrait me plaire. Je réessayerai.
RépondreSupprimer@theshaman : Même Maxwell Murder et sa folle ligne de basse ?
RépondreSupprimerC'est vrai que c'est étonnant. En même temps comme je le disais l'autre jour à propos de 16 Horsepower, moi aussi il y a quelques groupes qui sur le papier devraient compter parmi les favoris et auxquels je n'ai jamais vraiment accroché...
RépondreSupprimerDu coup, je réécoute And Out Come The Wolves et j'accroche beaucoup plus qu'avant. Etrange. C'était surement un malentendu.
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