mardi 20 juillet 2010

Sex, Drugs & Glande'n'roll

Ah le bel été que c'était, cette année-là. La France était championne d'Europe, on pensait que la gauche serait encore au pouvoir pour très longtemps et Silmarils publiait Vegas 76, album californien, chaleureux et bien dans l'air du temps. "Va y avoir du sport" devenait le tube goguenard d'une époque presque rieuse comparée à la nôtre, David Salsedo n'était pas encore devenu le malheureux producteur des affreux Superbus ni n'avait composé de morceau pour Johnny Hallyday. Et même s'il l'avait fait, je crois bien qu'à l'époque on lui aurait pardonné. Ce dont on ne s'est jamais remis, dans le fond, c'est d'avoir vu Simarils revenir quelques années après avec un album aussi faible que 4 Life, d'avoir livré le successeur le plus indigne qu'on pouvait imaginer à Vegas 76 - cet album lumineux et tellement cool qu'il donnait immédiatement envie de compter le groupe parmi ses meilleurs potes.

Ce qui est marrant c'est qu'il y a dix ans, j'avais tout de même quelques réserves par rapport à Vegas 76. Comme tous les fans de la première heure, j'avais du mal à encaisser la mue d'un groupe brutal et revendicatif en parangon de surf/pop/funk music à la française. L'âge aidant Vegas est désormais le seul album de Silmarils que je parviens à écouter sans pincement au cœur, non que je trouve le monstrueux Original Karma honteux... mais il faut dire ce qui est : tout cela (la french fusion, le rap-metal...) a terriblement vieilli, à quelques rares exceptions près. Trop liés à l'époque, sans doute. Alors que Vegas... Vegas est hors du temps. Il échappe aux genres, aux modes, il est même assez surprenant qu'un album à ce point à contre-courant ait pu avoir autant de succès.

La production léchée de Mario Caldato Jr (le gars qui rend immortels tous les morceaux qu'il mixe) n'y est sans doute pas pour rien. Mais même lui ne saurait transformer des pigeons en aigles. Il y a sur Vegas 76 des qualités de songwriting, une légèreté, une fluidité qu'on ne retrouvent pas forcément (disons : pas toujours) sur les précédents disques du groupe. On a l'impression que tout a été écrit et enregistré d'une traite au cours d'une immense beuverie, qu'il y avait de la tequila et des filles dans tous les coins, que les morceaux sont tous des torch-songs aux paroles expédiées sur une nape en papier. On y cause de losers magnifiques, de branleurs pas possibles ("Va y avoir du sport"), de Jesus d'une drôle de manière, de fausses paillettes et de vraie Californie. C'est marrant, à l'époque on n'avait pas spécialement besoin d'un remède contre la déprime, mais Silmarils en signait un beau quand même. Alors aujourd'hui, vous imaginez... on est content qu'un album comme celui-ci ait vu le jour, même si on n'a jamais trop compris comment un tel OVNI avait pu s'échouer dans l'hexagone. On l'écoute avec d'autant plus de plaisir en ces temps de sclérose, on se fend d'un sourire en entendant la trop cool "Get off My Back", on dodeline de la tête quand résonne la trop cool "Jesus Burns"... tout est trop cool sur ce disque, c'est terrible. On l'a à peine glissé sur la platine, le groove sarcastique de "Rock with It" a à peine débuté, on est déjà à rêver d'avoir une terrasse, un pot de sangria et un paquet de cigarillos. Pas sûr que ce genre de disque soit recommandé pour la santé : clairement, il incite à la glande.

Vous imaginez sans peine l'effet sur un gars comme moi...


Découvrez la playlist Vegas 76 avec Silmarils

Vegas 76, de Silmarils (2000)

13 commentaires:

  1. Après le hard-rock et la fantasy, Silmarils (le rapport est transparent). Vivement la fin des vacances, le Golb sombre un peu plus, chaque jour !

    :-)

    BBB.

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  2. Faites attention, le comique de répétition est celui qui lasse le plus vite... ;-)

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  3. Des lustres que je l'ai pas écouté mais c'est vrai que cet album était très sympa.

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  4. L'effet sur un gars comme toi?
    Tu veux dire le genre qui fait rien de ces dix doigts et qui ne passe pas son temps à écrire des articles (longs et fouillés) sur tout pleins de sujets qui supposent des heures de lecture, écoute et visionnage studieux?

    ^^

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  5. Ton article m'a poussé au commentaire paresseux : :)

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  6. Très cool, ce disque en effet.
    De loin, leur meilleur.
    C'est un album que j'aime bien écouter de temps en temps, moi aussi...
    Par contre, je ne savais pas que le leader avait ainsi sombré (Johnny et Superbus, dur...). Sans compter qu'il jouait Marcel Cerdan dans La môme, non ?

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  7. Kath >>> et ouais, tu vois, c'est un peu du travail finalement. Mais en écoutant ce disque justement, je n'avais pas du tout envie d'écrire un article :-)

    Melou >>> :-)

    Ska >>> non, dans La Môme c'est Jean-Pierre Martins, le saxophoniste

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  8. "Va y avoir du sport"...

    Pourquoi fallait-il que tu cites ce morceau infâme que j'ai du supporter pendant des mois tellement il passait partout... Je l'aurais presque dans la tête maintenant...

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  9. Mince. Moi qui m'attendais à ce que tu me dises "Génial, j'adore ce morceau !"...

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  10. L'ironie ne vous emmènera nulle part M. Golb... :)

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  11. Quoi ? Mais j'étais sincère ! :-)

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  12. Incroyable ! J'ignorais que Jean-Pierre Martins, que je ne connais que comme acteur, faisait partie du groupe...
    On en apprend tous les jours ! :-)

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  13. Je vais peut-être choisir ça, comme nouveau slogan du Golb :-)

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