dimanche 25 juillet 2010

JP Nataf - Un monde un peu imparfait, quand même.

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S'il y a bien une chose que je n'ai jamais comprise (et ce n'est pourtant pas faute d'hypothèses), c'est comment on pouvait passer en quelques années du succès à une relative indifférence. Il y a là quelque chose de mystérieux. Que les one hit wonders markettés disparaissent dans les limbes, rien que de très normal (et de très rassurant). Mais les artistes crédibles, voire de valeur ? Je me souviens avoir vu JP Nataf il y a quelques années, au moment de son premier album... il n'y avait pas un chat et sur l'ensemble des gens présents, une bonne moitié ignorait l'existence de son disque. Et si Clair, son dernier né, a provoqué un frétillement un peu plus important... on reste tout de même loin du succès que les Innocents, dont on ne dira jamais assez qu'ils furent avant tout l'un des plus grands pop de ce pays, recueillaient en leur temps. Faut-il que le business de la musique ait sacrément moisi pour qu'en quinze ans, ce qui décrochait tube sur tube soit devenu trop "segmentant" pour la plupart des ondes du pays...

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Évidemment ce soir, à l'Hôtel de ville, il y a un peu plus de monde. Cela n'empêche pas quelques "c'est qui lui, déjà ?" de raisonner - évidemment suivis par une poignée de "Mais si ! c'est le mec des Innocents". Faut dire qu'il a un peu changé, JP, avec sa grosse barbe et sa calvitie de moins en moins discrète, à égrener des chansons évoquant plus volontiers Elliott Smith que les tubes de son ancien groupe (ceux qui connaissent les Zinos au-delà desdits tubes savent que les ballades délicates et mélancoliques constituaient déjà la crème de leur répertoire). D'une humeur à ravir, bavard et affable, il parvient pourtant à arracher une véritable chaleur à un répertoire à l'image de l'album dont il est extrait : beau et fragile, doux et lent. Une gageure, mais JP n'est pas né de la dernière averse, et ses invités l'y aident bien.

Passons sur la fade Mina Tindle, une folkeuse romantique et mimi à voix de cowgirl enrouée. Une de plus. A croire qu'il en fleurit dans toutes les forêts de France. Albin de la Simone est plus agréable, peut-être aussi parce que plus surprenant. En fait, il est presque bien. Et ce n'est pas une habitude chez lui. En tout cas pas au même titre que l'excellent Matthieu Boogaerts - comme chacun sait le meilleur songwriter de sa génération. Batteur sur deux titres, chanteur sur deux autres, choriste et clown le reste du temps... il n'est pas pour rien dans l'aptitude collective à métamorphoser des chansons parfois franchement tristes ('Seul Alone', 'A mandoline'... on nage tout de même pas dans la grande gaieté) en moments agréables, idéaux pour un concert en plein air par une nuit plutôt douce.

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Tout ce petit monde a l'air de s'entendre comme larrons en foire et, cette bonne humeur communicative aidant, le concert s'éternise jusqu'à vingt-trois heures - soit donc bien au-delà de ce qui était initialement prévu. Voilà ce qui arrive quand on donne une "carte blanche" aux artistes : ils sont contents d'être là et n'ont plus envie de partir, et ils s'en vantent en plus. Le tout s'achève toutefois au bout d'un moment, par une reprise d'un 'Monde parfait' d'autant plus collégiale qu'enfin, le public peut chanter. Pas le meilleur concert de l'année, mais une soirée d'été presque parfaite.