lundi 17 mai 2010

Untied States - Vice de forme

...
[Article précédemment paru sur Interlignage] Untied States, voilà un groupe à la perversité évidente. Déjà, ce nom : Untied States. Soit donc "États-Désunis". Ça n'annonce pas une musique de tout repos, plutôt un truc lugubre et gentiment rageur. Sans parler du fait que bien évidemment, on ne peut choisir un nom pareil sans s'être dit que la moitié des gens allaient nous appeler United States et qu'on allait bien se payer leur tronche. Alors peut-être que pour vous ce n'est pas vraiment "être pervers", après tout chacun sa vision des choses. Mais c'est tout de même, au moins, un petit peu vicieux.

D'ailleurs ce n'est pas pour les enfoncer, ces sympathiques Américains, mais dans le genre vicieux, leur album au titre à rallonge se pose là. Catégorie : disque qui sait vous prendre à revers, qui s'insinue discrètement dans votre crâne pour au moment où vous vous y attendez le moins vous lâcher un bon gros coup derrière la calebasse. Un peu à la Fugazi : à la première écoute vous vous dites "mouais, ok, pas mal"... mais ce n'est qu'un leurre et, très rapidement, l'album va revenir vous hanter.

C'est exactement ce qui se passe avec Instant Everything, Constant Nothing. La première fois rien à signaler, hormis un groupe semblant marcher d'un air décidé dans les immenses traces de pas des Liars. Rien de nouveau sous le soleil : des comme ça, on en entend trente par an que l'on ne perd pas notre temps à chroniquer. "Mouais, ok, pas mal".

Et puis arrive la seconde... peut-être la troisième écoute... et là subitement on a l'impression de rêver. "Hé ! T'entends ça, chérie ?"

(N.B. : on ne le dit pas forcément à sa femme, ça peut marcher avec n'importe quel membre de la famille ou animal domestique)

On se repasse "Gorilla the Bull", la sanglante ouverture, en se demandant si on l'a vraiment bien écoutée les fois d'avant. Ou si on ne s'est pas trompé de disque. Alors, intrigué, on repart pour un tour de montagnes russes avec - en l'occurrence - Untied States, groupe qui - en l'occurrence - semble beaucoup aimer les montagnes russes, cassures rythmiques et autre architectures complexes. Un peu math-rock sur les bords, la prétention en moins et les paysages blafards en plus.

Évidemment dans le genre, on a déjà bien été servi cette année, avec justement le dernier opus des Liars. Un magma glacial qui vous prenait à la gorge, vous serrait fort, puis tranquillement, sans trop en faire, vous cognait la tête contre les murs. A l'instar de celle de ses aînés, quoiqu'en un peu plus catchy (l'influence de Nirvana, sans doute), la musique d'Untied States fait partie de ces bonnes choses dont il ne faut pas trop abuser sous peine de séquelles diverses (de l'explosion neuronale à la plus banale - mais imparable - dépression nerveuse). Manifestement écrits dans un asile et enregistrés dans une crypte, les "These Dead Birds" et autres "Bye-Bye Bi-polar" font partie de ces morceaux que l'on n'aurait pas envie d'écouter au réveil ou en plein été, mais qui collent en revanche très bien aux longues soirées de solitude, aussi bien du fait de leur noirceur que parce que leur petit côté psyché sied bien à la rêverie (oui ? eh bien ? on n'a pas dit que toutes les rêveries étaient joyeuses et colorées ?).

Certes, Untied States est peut-être encore un peu tendre pour prétendre à la première division (un comble s'agissant d'une musique aussi sèche). Si certains morceaux ("Delusions Are Grander", par exemple) sont tout à fait scotchants, d'autres n'accrochent pas vraiment l'oreille et disparaissent vite de la mémoire. En l'état cependant, on a affaire à un disque réellement réussi, en cela que son univers est parfaitement cohérent et sa précision instrumentale, indéniable. A découvrir, donc, si ce n'est déjà fait - l'album étant paru l'an passé dans pas mal de pays.


Instant Everything, Constant Nothing, d'Untied States (2010)


...

5 commentaires:

  1. Pas mal du tout dans le genre.

    T'es quand même de plus en plus fort pour jouer Huggie les bons tuyaux ;-)

    RépondreSupprimer
  2. Et tu n'as pas vu mon costume d'indic des seventies ;-)

    RépondreSupprimer
  3. Je suis sûr qu'il te va très bien ;-)

    RépondreSupprimer
  4. Thomack Golbama aurait été pimp dans les seventies!? Avec talonette, lunette en étoile patte d'éléphant et coupe afro. Tomie Bear qu'on l'appelait ...

    RépondreSupprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).