jeudi 13 mai 2010

Black Rebel Motorcycle Club - Whatever Happened to My Rock'n'Roll Band

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Ah ! La ferveur ! Que ne ferait-elle faire au pire des groupes ? La ferveur d'un public acquis à sa cause peut tout faire. On l'a vue changer les pires des losers en musiciens généreux, s'offrant sans compter. On l'a vue relancer miraculeusement des concerts partis dans la mauvaise direction. On l'a vue faire beaucoup de choses, mais quand même pas faire sourire Robert Turner, qui fidèle à sa réputation de sale con s’avéra globalement aimable comme une porte de prison et ne se fendit guère que d'un rictus occasionnel, à peu près aussi sympathique qu'une chanson paillarde reprise par Lou Reed. Pour le reste, la soirée d'hier fut avant tout un festival de poses pseudo-torturées qui, lorsqu'elles ne prêtaient pas sourire, donnaient au mieux l'impression de vouloir inspirer une dangerosité n'entamant ni la ferveur d'un Bataclan sold-out, ni le sentiment d'ennui qui survint par intermittence durant un concert relativement réussi. C'est que nous, faut dire, on a vu A Place To Bury Strangers convoquer les ténèbres, suffoquer l'assistance et fasciner au point d'en parler encore régulièrement aujourd'hui. A côté, BRMC a franchement l'air d'un poids plume, limite calibré pour les ondes des college-radios US.

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Le concert ne fut pas mauvais, pourtant. Loin de là. On aurait bien du mal à formuler un reproche précis à l'encontre d'un trio qui en presque 2h30 de show (et encore, il paraît que Turner revint par la suite pour un set acoustique) nous en donna largement pour notre argent. Nous étions venus en prendre plein les oreilles ? Ce fut fait. Nous voulions entendre quelques-uns des plus grands hymnes des 2Ks ? Ils y furent presque tous. BRMC a joué fort, et bien. Très bien, même. Admirablement joué et chanté, pourvu d'un son de très bonne qualité, le show n'avait rien qui soit susceptible de pousser à l'aigreur. A se demander pourquoi on en est ressorti si mitigé ?...

Il n'y a pas de réponse précise à cette question. Le concert était efficace, il ne fut pas fascinant. Le groupe était généreux et honnête, il ne fut pas spontané et ne donna pas l'impression qu'il se passait quoi que ce soit d'exceptionnel. La routine. Un concert comme un autre. Aucune surprise : à l'exception de la reprise (jolie mais longuette) de 'Visions of Joanna', on aurait pu dresser la set-list exacte avant même d'être entré dans le Bataclan. Ils ont joué exactement les morceaux qu'on imaginait qu'ils joueraient, parfois même dans l'ordre précis où on les imaginait. Un set composé de beaucoup (trop) de mid-tempo, rugueux comme il faut, louchant parfois vers le hard-rock, et par conséquent un peu ennuyeux par instants, lorsque le groupe s'égarait dans un morceau mineur et/ou répétitif. Il aura tout de même fallu attendre le huit ou neuvième titre pour voir la rythmique s'emballer, avec un 'Berlin' exécuté de main de maître, enchaîné à un 'Weapon of Choice' claquant comme un coup de trique. Ces titres hélas ne furent que des parenthèses dans un concert plus heavy que punk, et plus rock que roll. Quand le groupe se fend d'un 'Whatever Happened to My Rock'n'Roll?' particulièrement affûté, on presque envie de lui rétorquer qu'il n'a qu'à se regarder dans une glace.

Alors un bon concert, oui. Mais pas grandiose. Pas mémorable. Et dont finalement, la longueur n'était peut-être pas une qualité.

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