mardi 30 mars 2010

Scott Westerfeld - Guérir de la beauté...

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C'est avec une certaine excitation que l'on se replonge dans l'univers de New Pretty Town, à l'occasion d'un second tome s'annonçant d'emblée (dès la fin du premier, même) comme un sacré périple - du genre à faire passer Uglies pour une aimable plaisanterie. Et le moins qu'on puisse dire c'est que cette suite tient ses promesses : plus dyanmique, bien plus sombre, Pretties s'inscrit dans la grande lignée des numéro 2 de cycles, plein de problématiques dont on a le sentiment qu'il manque certaines clés, de héros pris au piège de leurs propres contradictions... etc.

Ce n'est pas la moindre qualité de la tétralogie de Westerfeld que d'avoir pour héroïne un personnage - Tally - bien plus ambigu que la moyenne des héros de littérature pour ado, assez complexe même (surtout par rapport à ses petits camarades ne s'exprimant - et pour cause - que par monosyllabes ou phrases préfabriquées). Elle est certes plongée dans un univers dont on pourra regretter que ses ramifications soient moins complexes que prévues, c'est bien le seul point sur lequel on peut considérer que l'auteur sacrifie son histoire sur l'autel d'un jeune lecteur qu'il faudrait ménager. Pour le reste Pretties, plus encore qu'Uglies, est une fable amère, parfois même brutale, cernant bien les enjeux de l'adolescence pour montrer ce que ses questionnements peuvent avoir d'universel.

Mais pourquoi alors se limiter à quatre diodes ? me demandera le lecteur attentif qui, pressé par le temps, aura directement été voir la note ci-dessous. Bonne question. Un peu comme avec Uglies, il y a quelque chose qui me retient de mettre plus, sentiment somme toute assez proche de la manière dont mon esthousiasme est chaque fois modéré par l'auteur lui-même. Certes, dans la construction narrative ou allégorique, Pretties est bien plus subtil que son prédecesseur, et bien sûr : il développe une identité forte le situant nettement au-dessus du niveau d'un teen-novel moyen. Il n'empêche que Westerfeld ne nous épargne pas quelques lourdeurs, quelques phrases se voulant définitives mais n'étant qu'empathiques voire clichesques (les trucs du genre : "Tu m'as déjà perdue", wow, trop ultimate), qui si elles peuvent enthousiasmer la midinette ne peuvent en revanche que faire plisser le front de l'adulte qui, même s'il ne le dira pas à son jeunot, en a vu bien d'autres - et des plus retorses. En fait tout simplement...Westerfeld n'écrit pas très bien et a principalement pour lui d'être suffisamment humble pour ne pas faire croire le contraire. Son style s'avère donc judicieusement sobre la plupart du temps... et dès qu'il s'essaie au lyrisme vlan ! il se ridiculise. Idem pour la gestion du volume narratif : Westerfeld est capable de passer deux chapitres sur un dialogue pouvant être résumé à deux phrases, et après ça de vous plier une action essentielle en un paragraphe. A force, cela gâche un imaginaire tout à fait intéressant et (évidemment) bien moins lisse qu'il y paraît.

Reste une intrigue puissante, inventive et intelligente. C'est déjà énorme...


Pretties, de Scott Westerfeld (2005)


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6 commentaires:

  1. Je pense exactement l'inverse. Pour moi ce tome 2 est moins bien, moins original et moins intéressant...

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  2. Je me souviens avoir lu cette série avec ma fille. Pas mal, mais dans mon souvenir, beaucoup de longueurs inutiles.

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  3. J'attends que la mienne (de fille) ait fini la série, et en fonction de son degré d'enthousiasme, j'aviserai...
    Mais bon, Thom a presque réussi à me convaincre de ne pas attendre son verdict.

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  4. JE suis d'accord avec toi... (ça c'est épatant !) j'avais plus apprécié le premier tome que toi cela dit mais je trouve aussi que le personnage de Tally gagne en complexité et en noirceur dans ce tome et plus encore dans le suivant :-) et je suis assez d'accord pour le style de l'auteur même si ça ne m'a pas gêné plus que ça ;-)

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  5. Ca fait toujours un peu ça quand on découvre le Côté Obscur de la Force ^^

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