samedi 5 décembre 2009

Uglies - Des Faibles justifiant des Forts

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Comment ça ? Un monde où l'extrême beauté règnerait en maître ? Où la perfection plastique serait non seulement possible, mais en plus la norme ? Où elle s'accompagnerait d'une perfection morale supposée ? Où guerres, insécurité et violence auraient été éradiquées ? N'importe quoi. Impossible. Un truc pareil ne peut pas exister. Si ?

Si, bien sûr. La loi des beautiful people n'est pas que le sujet de cette efficace série de SF. C'est tous les jours. Il suffit d'allumer sa télévision et de compter le nombre de personnes qu'on y voit n'ayant ni silhouette parfaite ni traits fins. Non seulement Scott Westerfeld vise juste, mais il frappe fort. En imaginant un univers réparti en castes uniformisées dans lequel chaque individu passé seize ans subit une opération de chirurgie esthétique le conduisant à une forme de perfection physique et morale, il parvient à allégoriser avec talent la société moderne et à poser des questions d'autant plus pertinentes que son roman s'adresse à la base à de jeunes lecteurs. Or l'adolescence n'a jamais été que ça : ce conflit permanent entre moutonnerie et révolte, envie de se conformer aux autres (et obsession pour leur regard) et besoin d'exprimer son unicité. On serait donc tenté de dire que Westerfeld gagne sur tous les tableaux, Uglies s'avértant convaincant aussi bien dans son utopie que dans son traitement du thème (ancestral, universel... et donc délicat) du passage à l'âge adulte, et rédigeant au passage un texte particulièrement incisif sur la pression sociale que nous subissons tous, à différents degrés. Ajoutons qu'il parvient également à disséminer des pistes plus qu'intéressantes pour la suite de son cycle (qui compte trois autres tomes : Pretties, Specials et Extras (*)), dont on peut légitimement supposer qu'elle sera encore meilleure puisqu'elle explorera l'univers lisse et aseptisé dont on a pour l'heure surtout entendu parler, plus qu'on ne l'a vu.

Néanmoins, impossible d'évoquer Uglies sans soulever sa principale faiblesse : il est bourré de longueurs. Assez lente à démarrer, l'intrigue aurait aisément pu se passer d'une bonne centaine de pages - travers que Westerfeld partage toutefois avec nombre d'auteurs américains de sa génération. Du coup on baille un peu par moments, et l'on baille d'autant plus souvent que certaines ficelles sont un peu grosses (on voit venir la chute à des kilomètres, et le personnage de David a quasiment un gyrophare qui clignote et hurle FUTUR AMOUREUX au-dessus de la tête). Une fois n'est pas coutume la qualité de l'univers parvient à compenser d'évidentes faiblesses narratives (tout le monde ne s'appelle pas Pullman...), ceci dit ce pourrait rapidement ne pas être suffisant pour maintenir l'attention du lecteur. A voir donc, si la suite tient ou non les promesses de ce bon premier tome (jolie découverte que je dois, précisons-le, à ma douce épouse - grande spécialiste s'il en est du roman jeunesse).


👍 Uglies 
Scott Westerfeld | Simon Pulse, 2005


Plus chez VIRGINIE

(*) Ne vous laissez pas berner par le "tome 5" mentionné de manière très ambiguë par l'éditeur français... il s'agit en fait d'un guide de la série, Bogus to Bubbly en V.O.
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9 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. C'est pas mal, cette série. Pour les jeunes. Parce que moi je trouve que la qualité décline au fil des tomes.

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  3. C'est un thème intéressant... mais qui peut faire mieux que "le meilleur des mondes" sur le sujet?

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  4. J'en ai lu 3 pour l'instant, et je trouve que le deuxième est le meilleur de tous.

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  5. C'est une bonne série, qui se tient sur la durée. Le tome 5, le guide, est très intéressant, il donne des compléments sur le monde et permet d'avoir un aperçu du travail d'écriture.
    Dis donc, si tu te mets à ce genre de lecture, à quand "Twilight" ?
    Ok, je sors.
    :)))

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  6. Je n'ai par définition rien contre Twilight, puisque je ne l'ai ni lu ni vu...

    Cela dit, pour ce que j'ai cru comprendre, la grosse différence entre ces deux séries (en dehors du battage médiatique), c'est que Twilight est quand même très centré sur l'amourette adolescente... alors que l'univers de Westerfeld pour l'instant ne me semble pas du tout se diriger vers de la romance (mais plutôt vers quelque chose de plus en plus froid).

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  7. Pour avoir lu et aimé les deux, je pense que tu n'as pas tort. Dans Twilight il y a un côté "gentillet", "amour toujours", qui, à mon avis, va t'insupporter (alors que dans les Pretties pas du tout).

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  8. Une chouette série qui explore à la fois pas mal de travers d'une société fondée sur l'image et tous les fantasmes de l'adolescence, les deux suivants sont vraiment sympas notamment à cause des changements dans la personnalité des personnages, le 4e est vraimetn à part mais certains aspects de l'univers vont te plaire je pense :-D

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  9. En fait tout le monde l'a lu à part moi ? ^^

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