mercredi 5 août 2009

Big Star - Teenage Kicks Club

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Ils ont beau déjà avoir été réédités au début des années 90 dans une version identique, et j'ai beau avoir déjà consacré un long article à l'un d'eux... impossible de passer à côté de la réédition conjointe des deux premiers Big Star - j'aurais l'impression de commettre une lourde faute professionnelle. On parle tout de même là de deux albums ayant considérablement changé la face de la pop et du rock, de deux disques qui plus est trop souvent méconnus... de deux disques surtout absolument ahurissants, pétris de mélodies immortelles et d'hymnes adolescents éternels. Rien que ça Toto ? Rien que ça, lecteur. Sans #1 Record et Radio City, on peut légitimement s'interroger sur ce que seraient devenus des groupes aussi divers que le R.E.M. des 80's, Teenage Fanclub, weezer, Dinosaur Jr, les Replacements, les Cars... pour ne citer que les héritiers les plus directs (on pourrait ajouter à la liste d'autres noms moins évidents - mais tout aussi débiteurs - comme les Buzzcocks ou XTC). Et l'on ne cite ici bien sûr que les noms les plus évocateurs, les groupes de power-pop pullulant plus que jamais sur les ondes ou dans les clubs, qui devraient tous sans exception brûler chaque soir un cierge à Alex Chilton - dieu mélancolique et camé jusqu'à l'os sans lequel nos adolescences n'auraient définitivement pas eu le même écho. Et si le rock est, comme on le dit parfois, la quête éternelle de cette jeunesse envolée... il est probable alors que Big Star soit un deux ou trois plus grands groupes de tous les temps.

Mélange détonnant de Byrds, de Beach Boys et de Who, avec juste une petite touche de groove glam histoire de coller à l'époque, #1 Record est sans doute le seul opus du groupe (je ne compte évidemment pas le sympathique album de reformation de 2005, In Space) à ne pas mériter le titre de chef-d'œuvre... quoique la remarque soit à nuancer sur le champ tant son influence semble tout aussi incontestable que celle de ses successeurs. Plus rock, plus nerveux, il porte la marque de Chris Bell (guitariste et fondateur du groupe, qui s'auto-virera en 73 et mourra cinq ans plus tard dans l'indifférence générale - il avait pourtant vingt-sept ans) et montre un groupe se cherchant encore un peu, entre tentation du rock dur et harmonies vocales surprenantes pour quiconque connaît n'importe quoi d'autres enregistré par Alex Chilton ('The India Song' est assez... enfin écoutez, vous verrez). Il n'en contient pas moins plus de pépites que la plupart des albums pop de la première moitié des seventies, n'importe quel disque s'ouvrant sur la brochette 'Feel' / 'The Ballad of El Goodo' / 'In the Streets' / 'Thirteen' pouvant difficilement être surpassé. La seconde moitié est un poil moins exceptionnelle, mais si vous aimez au choix : les Byrds, les Beatles, les Faces ou les trois à la fois... vous seriez simplement fous de ne pas posséder cet album.

En 1974 Chilton s'est donc (presque) débarrassé de Chris Bell, et dès les premières notes la différence se fait tout de suite sentir. Premières notes... entendre par-là : "premières notes du phénoménal 'O My Soul' ", le label s'entêtant étrangement à toujours rééditer les deux albums réunis sur un même disque d'une bonne heure un quart sans qu'on sache si l'on trouve ça très bien (ça coûte moins cher, ça fait deux excellents albums pour le prix d'un) ou très con (ce sont après tout deux œuvres tout à fait indépendantes, avec en plus un changement de line-up entre les deux... pire que ça, même : Radio City est en fait déjà un album de reformation !). Toujours est-il que non seulement le passage au trio avec une seule guitare (et une seule voix !) n'a pas desservi Big Star, mais en plus l'a-t-il fait transpercer la stratosphère (assez ironiquement - d'autant que Bell joue encore sur deux titres de Radio City - Big Star comptera dès lors parmi les grands power-trio mythiques...). Chilton laisse parler sa voix unique, signe des compositions plus personnelles (et plus torturées), s'investit désormais dans la production (proposant un album bien plus riche et dense qu'il paraît à la première écoute)... et ce qui devait arriver arriva : en six minutes et deux des plus belles chansons des années 70, 'Life Is White' et 'September Gürls', il invente cette foutue power-pop. Le cocktail - dupliqué sur la plupart des morceaux de Radio City - est imparable : dynamique bondissante (régulièrement oubliés des articles sur le groupe, Andy Hummel et Jody Stephens sont pourtant loin d'être des seconds couteaux), mélodie entraînante et sucrée charriant pourtant une étrange mélancolie, voix fêlée en avant... c'est la formule gagnante que la plupart des groupes du genre continuent aujourd'hui de savamment appliquer. L'ironie du sort ? Beaucoup d'entre eux n'ont jamais entendu Big Star et ignorent à quel point ce groupe les influencé.

Il n'est jamais trop tard pour bien faire...


👍👍👍 #1 Record
👑 Radio City
Big Star | Ardent Records, 1972 et 74

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