jeudi 2 juillet 2009

Daniel Johnston - Half a World...

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Si vous êtes attentifs (n'en doutons pas) et curieux (mais vous l'êtes, puisque vous nous lisez) vous vous êtes fatalement déjà demandé pourquoi il y a toujours une année sur deux où il n'y a pas de jeux olympiques - ni d'été ni d'hiver - alors qu'il serait pourtant tout à fait légitime qu'une compétition d'envergure se déroule chaque saison sportive sans exception. Aujourd'hui et en exclusivité mondiale, Dans le mur... du son ! (qui n'a rien à voir avec le C.I.O., bien que son nom puisse prêter à confusion) vous révèle l'atroce vérité : les années où il n'y a pas de J.O. sont réservées depuis quinze ans à la course à la réhabilitation de Daniel Johnston. Une année sur deux en effet, les plus snobs du rock de cette planète se réunissent avant de rivaliser d'ingéniosité pour faire (re)découvrir le psychopathe de Sacramento à leurs contemporains - exercice d'autant plus passionnant que personne n'y arrive jamais sur plus de mille personnes.


2009 sera donc l'année de la réédition en fanfare d'albums mythiques pour on ne sait trop qui, la qualité de la musique de Johnston étant le plus souvent inversement proportionnelle à son influence (considérable). C'est que si tous, de Cobain à Linkous en passant par Tom Waits, ont été ou sont encore des fans absolus du Monsieur Bricolage de l'indie-rock américain, aucun n'a jamais eu la curieuse idée de s'inspirer de ses méthodes de fabrication pour le moins particulières ou de la non-production de ses albums. Enregistrés n'importe comment et le plus souvent avec n'importe quoi, ses disques (pour bonne moitié des cassettes vaguement masterisées) sont probablement les plus laids et les plus emmerdants qui soient... tout en étant paradoxalement poignants et indéniablement originaux. Mais il est vrai qu'un type susceptible d'être obsédé par les Beatles tout en s'imposant comme leur inverse absolu n'est pas à un paradoxe près.

Des trois opus récemment réédités, Yip Jump Music, Continued Story et Welcome to My World, c'est sans la moindre hésitation vers le dernier que nous orienterons nos lecteurs. Compile intelligente et plutôt fidèle de l'oeuvre johnstonnienne de 1980 à 1990, il offre comme son nom l'indique une porte d'entrée relativement correcte à l'univers naïf et souvent tordant du songwriter. Le néophyte y trouvera quelques "standards" (guillemets évidemment obligatoires) tels 'Casper the Friendly Ghost' (salué mille fois au moins par Sparklehorse), 'Speeding Motorcycle' (plagié sans vergogne par Soko) ou 'Never Relaxed' (concentré de l'oeuvre des Moldy Peaches en trois minutes vingt), et pour un peu qu'il ne se laisse pas décourager par un son parfois à la limite de l'audible il pourrait bien tomber raide dingue de ce monde définitivement à part. L'esthète le plus exigeant en revanche risque fort de passer son chemin face à un truc aussi décousu et inégal (surtout pour une compile) - tant pis si à vrai dire le fait d'être inégal voire incohérent est partie intégrante de Daniel Johnston (au moins autant un concept qu'un homme).


👍 Welcome to My World : The Music of Daniel Johnston 
Daniel Johnston | Eternal Yip Eye Music, 2006