samedi 18 avril 2009

Sepultura - The Good Old Days

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S'il y a bien une chose que je n'aurais jamais cru faire cette année, une chose qui m'aurait paru totalement absurde si on me l'avait prédite ne serait-ce qu'un mois plus tôt... c'est que j'écrirais un article sur Sepultura en 2009. Rien que la formule prête à sourire : Sepultura en 2009 ? Quoi ? Ils existent encore ?

Honnêtement, on avait un doute. Plus de dix ans après le départ de Max Cavalera, treize ans pile poil après le classique Roots, on avait rangé le groupe de metal brésilien au rang des vieux souvenirs. Slayer des années quatre-vingt-dix disait la presse ? Au moins maintenant, on savait que c'était faux : rien chez eux pour évoquer la longévité, la créativité et la persévérance dans le chaos du groupe de Kerry King. Le Sepultura post-97 ? Une blague. Une escroquerie, peut-être, même. La presse metal elle-même ne faisait plus grand cas, ces dernières années, de leurs sorties. Et le départ de l'autre Cavalera (Igor, le batteur) semblait devoir mettre un point final au compte d'un des plus gros gâchis du metal de ces vingt dernières années.

Inutile de chercher plus loin la raison du côté tardif de ce billet (l'album a paru en janvier) : en 2009, qui peut bien se jeter sur le dernier Sepultura ? Il y a trois ans, le mésestimé Dante XXI laissait certes entrevoir des choses intéressantes, donnait un peu d'espoir... mais Igor parti, tout cela n'avait plus d'importance. Depuis le temps que le groupe nous jouait la comédie du renouveau (c'est quand même le cinquième album avec Derrick Green au chant), plus personne n'y croyait vraiment - que celui dont l'album préféré du groupe est sorti après 1996 me jette la première pierre.


C'est dire si l'on est surpris de se prendre quelques gros coups de lattes bien sentis dès la première écoute d'A-Lex. La déflagration "Moloko Mesto" passée voici qu'on se surprend à y croire, non sans avoir un doute : c'est bien Sepultura, ça ? Bien sûr que non : ce n'est pas (plus) Sepultura. Et c'est sans doute ce qui rend ce disque si réussi : désormais devenus les seuls maîtres à penser, Andreas Kisser et Paulo JR semblent enfin avoir compris que pour se sortir de l'ornière ils devaient oublier qui ils avaient été. Le martial "Sadistic Value" le souligne avec lourdeur (au bon sens du terme). Alors qu'on devrait crier à l'hérésie (Paulo JR est désormais le dernier membre originel du groupe, puisque Kisser n'est arrivé qu'en 1987), on est finalement plutôt séduit, puis rapidement enthousiasmé par un album montrant un Sepultura Mark. III et même IV enfin libéré de ses démons, de ce besoin (intenable sans Max Cavalera) de jouer un metal moderne et intelligent.

Retour à la case départ ? Voilà longtemps que le groupe de Belo Horizonte n'avait plus sonné aussi death, aussi hardcore, n'avait semblé aussi brutal. Terminées (enfin presque : l'album contient deux tires aux arrangement semi-symphoniques grotesques) les enluminures pataudes à la Nation / Roorback. Finie la tentation de la démonstration façon Dante XXI. Le principal souci des auteurs de "We've Lost You", "What I Do!" ou "Strike" est désormais d'en foutre plein la gueule à l'auditeur, sans rien perdre de l'habituelle satire sociale caractérisant depuis toujours ses textes - qui pour leur part en ont plutôt gagné depuis l'intronisation de Green. Lequel Green rayonne d'ailleurs de mille feux ; il avait fini par trouver sa voix sur l'album d'avant, le voici devenu indiscutable. Là aussi, sans doute paradoxalement grâce au départ d'Igor Cavalera. Qui non seulement ne manque pas trop (le nouveau batteur assure aussi, cf. la pas du tout expérimentale "The Experiment"), mais qui en plus a littéralement libéré les autres en faisant place nette : Sepultura est enfin redevenu un vrai groupe, solidaire et cohérent. Comme au bon vieux temps.



👍👍 A-Lex 
Sepultura | SPV Records, 2009

11 commentaires:

  1. M'ouais, faut que j'écoute le reste, mais je crois qu'il ne faut pas confondre efficacité et bouillie, et ce A-lex manque de ciselure et de détachement des instruments et voix les uns entre les autres.
    Allez, je me repasse Biotech is Godzilla avant d'aller réparer mon poulailler, ça c'est un petit bijou.

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  2. Ce n'est plus le metal à la fois puissant et sophistiqué de cette époque-là, c'est certain. C'est du pur bourrinnage, on peut ne pas y être sensible... mais dans le genre, si, ça reste on ne peut plus efficace. Ca faisait même longtemps que je n'avais pas autant aimé un disque aussi violent...

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  3. perso j'aurais bien voulu accroché à ce disque au relent hardcore mais la voix de Green gâche complètement ce disque. Ils auraient pris Fisher de Cannibal ou Frank Mullen de Suffocation, ça aurait été pareil.
    Triste et frustrant :(

    Note qu'en matière de plantage, le retour un temps espéré et désormais misérable de Pestilence est à mettre dans le même tonneau. Enfin vocalement j'entends. Musicalement, c'est encore plus triste.

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  4. Sepultura en 2009 ?

    Mouarf.

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  5. Doc >>> Qu'est-ce que tu as contre Fisher ?

    mika >>> trop drôle.

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  6. ce que j'ai contre lui? comme pour Mullen, une voix infâme lol
    C'est pas le genre de voix death que j'affectionne. Les voix hyper grave sans nuance. C'est justement ce que je reproche (parmi les griefs) à Benton dans ses nouveaux albums, de vouloir imiter ce genre de vocaliste, ah il est loin le temps d'un bon vieux "Dead by Dawn" :P
    Je concède que pour le non amateur de death metal, mes préférences peuvent paraitre étranges lol.
    Bref c'est justement ce qui handicape énormément cet album de Sepultura selon moi.

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  7. Ah. Moi j'aime bien (même si je préférais Barnes

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  8. A priori, se précipiter sur le nouveau Sepultura, en 2009, c'est comme se payer une vieille professionnelle un peu usée, certes, mais sachant bien soulager le client. Il y a quatre mois, on avait peut-être encore des rêves de fraîcheur et sans doute donnait-on dans des considérations esthétiques plus élaborées. Mais voilà, nous sommes déjà en avril et c'est le printemps, ma bonne dame...
    Analysons ce titre: Sepultura: A_Lex = "aux p...s aller!"
    Troublant, non? Ah! le monde merveilleux des anagrammes!

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  9. Un peu tordu mais très drôle. Comme dit souvent ma grand-mère, c'est dans les vieilles putes qu'on fait les meilleures... euh non, rien :-)

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  10. comme quasi tout le monde, j'ai du mal avec la voix de Green. Pour moi, "against" était très bon musicalement mais gâché par cette voix. Par contre les albums suivants m'ont franchement ennuyé.
    Mais sur ce "a-lex", c'est la 1e fois que la voix de Green passe bien. Et j'ai bien aimé ce parti pris hardcore. Un défaut tout de même : ce disque souffre d'une trop grande linéarité.
    Bonne surprise tout de même...

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  11. Enfin quelqu'un qui partage mon avis... tant mieux d'ailleurs, puisque sans toi je ne l'aurais sans doute même pas écouté.

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