mercredi 28 mai 2008

Tout fout le camp !

Le Commencement de la Gloire...

A ma grande surprise, depuis dimanche soir, mon téléphone n'arrête pas de sonner et ma boite mail d'exploser. Pourquoi ? Eh bien... à cause du palmarès de Cannes, bien entendu ! Bon, ne vous en faites pas si ça vous semble bizarre - à moi aussi. Je vous jure qu'au bout d'un certain nombre de mails de quasi félicitations j'ai sérieusement commencé à me demander si par le plus grand des hasards je n'aurais pas fait quelque chose dans ce film, là, Entre les murs... de la figuration involontaire, ou alors ç'a été tourné dans mon ancien collège et les gens ont cru que... à moins tout simplement que mon début de calvitie m'ait fait confondre avec François Bégaudeau ? Il est vrai que nous avons exactement la même coiffure. Osons même le dire, quitte à nous fâcher avec quelques groupies : Bégaudeau, vous lui mettez une barbe... c'est moi. Regardez !


(hum... question purement rhétorique : en établissant de manière irréfutable ce rapprochement est-ce que je fais violemment baisser mon sex appeal ou bien au contraire est-ce que je dope sauvagement celui de François ?)

Enfin bref ! Au risque de décevoir mes fans (et les siens) je ne suis pas François Bégaudeau et je n'ai jamais joué dans un aucun film (1). Je n'ai bien entendu jamais reçu la moindre Palme d'Or, ni pour Entre les murs ni pour mes précédentes œuvres, je n'ai même pas de smoking et comme si tout cela ne suffisait pas à mon malheur figurez-vous que Télérama m'ignore royalement en dépit de mes deux années de bons et loyaux services bloguiens. Putain de vie ! Du coup, pour me remonter le moral, je fais sniper de hits par anticipation...

... certains d'entre vous se demandent peut-être ce que je raconte depuis le début de cet édito...? Qu'ils se figurent donc qu'il y a quelques mois j'ai un petit peu écorché (façon de parler - en fait je lui ai carrément mis une mine) Entre les murs 1.1, le roman de François Bégaudeau adapté (par François Bégaudeau) pour les besoins du film (avec François Bégaudeau (vous savez - ce mec qui me ressemble ?)). Ben ouais. C'est juste pour ça que ma boite mail explose depuis dimanche soir, et je vous assure que ce n'est pas une plaisanterie. Rassurez-vous j'en suis moi-même assez surpris, certes je ne peux pas nier que l'idée d'aller voir l'adaptation d'un bouquin que j'ai détesté m'enchante... mais de là à considérer cette Palme d'Or 2008 comme une défaite personnelle, il y a quand même une marge que je me croyais trop sérieux pour franchir !

Heureusement : j'ai des amis qui s'en sont chargés pour moi. On ne les nommera pas, hein (quelques uns y ont été de leur petit commentaire rétrospectif dans la discussion prévue à cette effet), et on ne leur en voudra pas du tout même... car finalement c'est assez marrant de voir qu'a priori je suis devenu dans l'esprit des copains l'Ennemi Numéro 1 de François Bégaudeau, son antithèse, son double négatif, son jumeau pendulaire et hyperbolique (oui : la barbe, c'est un truc ultra hyperbolique), celui qui ferraillera contre lui jusqu'à la fin des temps. D'ailleurs Libé voulait publier mon portrait en dernière page du numéro d'hier (sous le titre : Excuse-moi sparing partner), et puis finalement non, j'ai décidé de laisser François savourer un peu son triomphe - on se reverra en octobre mon garçon.

Allons allons : soyons un peu sérieux. Une seconde, quoi : un film est un film, un livre est un livre, on sait tous que les meilleures adaptations sont celles qui savent trahir. Je suis le premier à souhaiter que Laurent Cantet ait trahi le roman de Bégaudeau à qui-mieux-mieux, ça n'enlève rien à mon avis sur le sujet mais il ne sera pas question ici de dresser le moindre procès d'intention à un film qu'on a pas vu. Ce que je dis là tombe sous le sens ? Pas pour tout le monde, a priori... une fois encore je me demande quelle drôle d'image certains se font de moi... loin de moi l'idée de vouloir poursuivre François Bégaudeau de ma vindicte, entre nous je serai bien bête - grâce à lui je suis en passe de venir une superstar. Oui parce qu'entre nous, le vrai coup de maître d' Entre les murs - le film, ce n'est pas tellement de redorer le blason des enseignants (on nous a déjà fait le coup il y a dix ans avec le film de Tavernier, on n'a pas spécialement noté que les profs étaient moins méprisés depuis) ni de mettre le cinéma français au sommet du monde (y a guère que Sean Penn - dont je m'étonnerai toujours qu'on s'extasie devant le discours pourtant souvent bas de front - pour penser que le nerd américain de base va s'empresser d'aller voir Bégaudeau donner un cours de français en VOST)... non : la vraie vertu de cette Palme d'Or sans aucun doute méritée (Cantet est un excellent cinéaste) c'est d'avoir d'ores et déjà multiplié par deux les audiences du Golb et de la Matinale de Canal. Vu le peu d'articles parus sur les blogs au sujet du livre (2) le Golb est désormais en passe d'exploser tous les charts... rien que pour ça : merci François ! Merci, du fond du cœur et pour Sydney Polack... écoute - tout est pardonné.


... et le premier versement pour sa rançon.

Il y a cependant bien plus embêtant que d'être pris pour François Bégaudeau (et même plus embêtant que d'être pris pour Thom du Golb).

Nous en avons déjà parlé ici : les plus grandes tragédies de l'histoire de l'humanité ont commencé par un coup de fil. Révolution internautique oblige, de plus en plus nombreux sont les drames qui, en 2008, débutent avec un e-mail.

Hier, alors que je bouquinais tranquillement, je reçois donc un mail d'un vieux copain dont nous tairons le nom : Regarde ! Regarde ! Regarde quoi ? Le lien, là !!!

Et alors je lis, médusé, ceci :

"Comment se fait-il qu'il y ait autant de lèches-popotin sur le blog de Golb ?"

Vous imaginez ma stupeur. Bon... je comprenais bien qu'on puisse se poser la question (cela m'arrive moi-même)... mais de là à le faire publiquement, tout de même...

Je poursuis donc ma lecture, espérant découvrir que tout ceci n'était qu'une nouvelle blague de KMS, qui ne sait plus quoi faire pour lutter contre les commentaires consensuels de BBB. (et on le comprend, et on l'excuse). Sauf que... KMS n'a rien à voir là-dedans, je le devine assez rapidement, ce n'est pas assez subtil. Et puis... c'est visiblement l'œuvre de quelqu'un qui me connait bien. La preuve :

"J'ai remarqué aussi ! et le "Golb" par çi et le "Golb" par là...

Pffff, peut-être parce qu'ils sont tous admiratifs de sa sélection à "vise un peu ma vie" ?
Ses chevilles enflent, il prend la grosse tête,
moi qui l'appelait "mon poussin d'amour", il me demande de l'appeler "professeur"

Je me suis mis à trembler comme une feuille. Quelle était donc cette histoire ? Eh bien... c'était celle de Madame Golb. Qui n'est PAS DU TOUT ni ma femme, ni mon ex, ni personne que je connaisse. D'ailleurs pour tout vous dire je ne m'appelle pas pas du tout Golb, dans la vie. Pas du tout. Nous n'avons aucun lien de parenté - en tout cas pas à ma connaissance. Il suffit d'ailleurs de faire bien attention pour noter que Madame Golb est nettement plus âgée que moi, à la limite j'aurais pu comprendre qu'on la prenne pour ma mère... mais ma femme ! Tout de même... n'exagérons rien.

Évidemment... je m'étonne un peu que X, Y et Zaph n'aient découvert ce blog homonyme que cette semaine... alors que je le connais pour ma part depuis des années. J'imagine leur stupéfaction, puisque le dernier article en date met en scène une schtroumffette... or : que représentaient les illustrations lors de la dernière cérémonie des Golb d'Or ? Vous imaginez la tête des mes copains ! Il n'en fallait pas plus pour qu'ils se mettent à échafauder toute une mythologie des plus malsaines... et ainsi-je ai-je appris à cette occasion que la charmante (n'en doutons pas) Madame Golb n'était autre que mon ex (on ne se méfie jamais assez de ces petites bêtes là) jalouse de ma toute nouvelle notoriété (merci encore, François) et bien décidée à répandre moult calomnies à mon sujet... Et il est vrai que certains articles comme celui que je cite peuvent prêter à confusion !

Alors que faire ? De deux choses l'une : soit intenter un procès à Madame Golb pour qu'elle change de nom ; soit carrément demander la fermeture de son blog (qui de toute façon a cessé d'être actualisé un an avant l'ouverture de celui-ci). En espérant qu'elle n'a pas déposé le nom... vous imaginez le bordel ? Moi, devenu une star grâce à François Bégaudeau, qui la traîne et justice et découvre stupéfié qu'en fait c'est moi qui suis dans l'illégalité la plus totale ?... Et de me retrouver à devoir changer de nom de blog, au bout de deux ans, la révolution dans la blogosphère, des pétitions qui circulent... et pendant ce temps Christian en ferait les choux gras de sa revue de blogs, ça c'est sûr que ça ferait bien rire tout le monde... quelle histoire ! J'aurais adoré la voir illustrée par Alf... malheureusement vous avez dû noter qu'il y avait comme un petit problème avec les crobs, cette semaine...



Alf a Drink Away

Car c'était prévisible, même si j'ai longtemps refusé d'y croire.

L'alcoolisme d'Alf a fini par éclater au grand jour. Durant plusieurs mois ça ne s'est vu que sur son blog à lui (la preuve), mon intransigeance ayant chaque fois su protéger les éditos du Golb de ses délires éthyliques. Las ! Cette semaine, il était tellement bourré au moment d'illustrer l'édito que... je n'ai eu que deux choix possibles : ne pas publier ses œuvres, ou bien les publier et oser ouvrir un grand débat public à propos de ce fléau qu'est l'alcool au clavier. Ah ça bien sûr... ce n'est pas un sujet très consensuel. D'aucuns ne manqueront pas de s'offusquer. Certains peut-être me taxeront de misérabilisme - les mêmes qui conchièrent Zola à l'époque de L'Assommoir. On connait la chanson - et je suis prêt à prendre le risque par amitié pour celui qui avant d'être une épave fut un immense dessinateur de crobs-du-mercredi. Comment pourrais-je refuser de l'aider ? Vous avez vu les proportions que tout cela a pris ? Non seulement je ne comprends strictement rien à ses crobs, mais encore me paraissent-ils des plus agressifs vis à vis de ma personne - l'ingrat ! Alors que j'ai fait pour lui ce que François Bégaudeau a fait pour moi ! Que je lui ai donné l'amour du public, la gloire et même la beauté - et Dieu sait que ce n'était pas gagné avec un pseudo pareil.

Voyez les dégâts que l'alcool a causé sur celui que nous avons tous bien connu autrefois, jeune de père de famille idéal, toujours un petit mot sympa, un petit dessin gentil !... Allons : j'ai du mal à cacher ma peine mais je ne vous l'imposerai pas. Je voulais juste vous en toucher un mot, non point pour le stigmatiser mais pour que nous soyons soudés autour de lui. Pour que nous ne le laissions pas tomber, malgré ses excès, malgré ses délires... seul, j'ai fait tout mon possible - on voit le résultat. Pourtant on ne peut pas dire que je n'ai pas été gentil avec lui. Je me suis toujours dépêché d'écrire mes éditos à l'avance pour qu'il ait le temps de travailler dans de bonnes conditions, pour éviter qu'il éprouve le besoin de se doper à la vodka afin de rendre sa copie à l'heure. Je lui ai fourni tout le jus d'orange qu'il voulait... mais il a préféré s'en servir pour couper ses breuvages. Fut un temps j'ai essayé de dealer avec sa maladie, de lui donner des petites rations, d'entrer dans ses délires... ainsi me suis-je efforcé de glisser régulièrement le mot Sarkozy dans mes chroniques de manière à éviter de le perturber (Alf est en effet - vous l'aviez sans doute remarqué - un sarkobsédé sarkoxuel de la pire espèce) ; j'ai même poussé jusqu'à critiquer Sarkozy dans les éditos juste pour lui faire plaisir (alors que j'ai moi-même voté Sarkozy). Rien n'y a fait. Même l'amour vache, ça n'a pas marché. Soit, il s'est mis à pleurer le jour où je lui ai dit que s'il avalait encore une goutte je le privais d'édito pendant un mois. Il a juré que cette fois-ci, c'était la bonne. Qu'il ne boirait plus que de l'eau...

On voit le résultat :


Si quelqu'un trouve le moindre rapport entre ce dessin et l'édito du jour... qu'il me fasse signe...

(bon... vous me direz qu'il a peut-être voulu dessiner François Bégaudeau avec une barbe et qui se serait  déguisé en Indiana Jones...)

...dans le cas contraire, n'hésitez pas à m'envoyer vos dons. J'ai créé une Association Loi 1901 exprès pour l'occasion, un genre de fond de pension dont tous les bénéfices seront reversés à la famille Alf (que personne ne s'inquiète - il n'en verra pas la couleur et ne les dépensera pas en boisson).

En espérant que d'ici la semaine prochaine, son état de santé connaîtra un mieux...

(1) Enfin si, j'ai raconté ailleurs que oui, mais que j'avais été coupé au montage
(2) Justement signalons au passage le bel article de Yohan, paru lundi dernier et qui mérite votre attention... même si je pense presqu'exactement l'inverse de lui...
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