vendredi 30 mai 2008

The Flying Dutch - Capitaine abandonné

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Relativement méconnu par chez nous (où il a été traduit fort tardivement) Tom Holt est souvent présenté en Angleterre comme le fils spirituel de Terry Pratchett, ce qui n'est ni vrai ni faux - mais n'en est pas moins normal. Il ne vous aura pas échappé en effet que tout auteur plus ou moins anglo-saxon souhaitant raconter une histoire plus ou moins fantastique prend plus ou moins le risque plus ou moins conscient d'être plus ou moins comparé à Pratchett (c'est un peu comme les groupes de plus ou moins rock français qui seront forcément plus ou moins comparés à Noir Désir). Aucune importance, donc, que Holt s'inscrive plutôt dans la lignée d'un Will Self et que son écriture évoque de manière assez saisissante celle de Nick Hornby - il est l'hériter de Pratchett. Point à la ligne.

Admettons. Un Pratchett particulièrement déjanté, alors. Car dans Flying Dutch comme autrefois dans son hilarante anti-autobiographie de Margaret Thatcher (I, Margaret - à découvrir en priorité... surtout si vous êtes étudiant en anglais et que vous devez vous fader la vraie bio de la vraie dame de fer !) Tom Holt se livre surtout à un exercice de dynamitage des mythes comme on en voit pas souvent (ou pas assez) dans la fantasy d'aujourd'hui.

Figurez-vous donc que le célèbre Hollandais volant immortalisé par Wagner dans l'opéra du même nom continue d'errer de nos jours, rien d'étonnant à cela puisqu'il ne peut pas mourir - du moins cette tâche est-elle pour lui particulièrement ardue. Il va sans dire qu'après une si longue éternité à ne rien faire Cornelius (c'est son petit nom) commence à quelque peu se laisser aller au vague l'âme, on le comprend d'autant mieux que le pauvre supporte depuis quatre siècles les pires calomnies circulant à son sujet (sans oublier ce détail charmant : notre ami pue la poiscaille pour l'Éternité). A sa place, beaucoup auraient été blasés depuis des lustres... mais lui, il n'arrive décidément pas à s'y faire (et encore : en 1991 il ignore que le pire reste à venir et qu'une décennie après il sera mondialement traîné dans la bouillie cinématographique plus connue sous le nom de Pirates des Caraïbes). Qui d'autre qu'une femme, de préférence jeune et belle et mortelle, pouvait lui offrir la Rédemption ? On devine que ce rôle échouera à Jane, charmante comptable qui constate par un concours de circonstances pour le moins drolatiques que si Cornelius venait à toucher à son assurance vie... ah ça chers amis, ce serait bien plus dramatique pour l'économie que la hausse des tarifs du le baril de pétrole !

S'ensuit une course-poursuite idéalement rythmée et parsemée de (très) bons mots - de la part de l'auteur d' I, Margaret on en attendait pas moins. Quelques facilités ici ou là peut-être, mais les lister ne rendrait pas hommage à l'enthousiasme et à l'énergie d'un auteur méritant clairement mieux que d'être vendu comme un succédané de qui vous savez.

A découvrir - si ce n'est déjà fait.


👍 Flying Dutch [Le Hollandais volant] 
Tom Holt | Orbit, 1991