dimanche 5 novembre 2006

The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevator - Tout est dans le titre !

...
La pochette parle d’elle-même. Et si ça ne suffit pas, il y a le titre.
 
Chronologiquement parlant, les texans du 13th Floor Elevator ont inventé le rock psychédélique. Ils sont les dépositaires d’un son qui va régner sur le monde de 1966 à 1970 (environ) et sont donc, d’une certaine manière, incontournables. La principale différence avec leurs collègues de Love (qui ont débuté à peu près en même temps) c’est qu’à défaut d’être le groupe d’une seule chanson, ils auront été le groupe d’un seul album – celui-ci. Dès le second (Easter Everywhere), ça commençait déjà à s’enliser. La faute à leur leader, Roky Erickson. Principal moteur du groupe, il va devenir très rapidement un boulet et le faire sombrer avec lui dans une folie qui, musicalement, se traduira par du n’importe quoi sonique.
 
Roky Erikson est un sacré personnage, souvent vu comme un genre de cousin américain de Syd Barrett… à ceci près que son groupe à lui ne s’est pas remis de sa déchéance, là où les Pink Floyd, au prix d’efforts probablement surhumains, sont parvenus à renaître de leurs cendres. 13th Floor Elevator n’a jamais pu faire de même, et la raison en est assez simple : alors que le Floyd comptait dans ses rangs quatre musiciens de grande valeur, son pendant américain n’existait que (ou disons pour être plus juste : à 90 %) grâce à son génie amphétaminé.
 
Dans un premier temps, LSD et mandrax vont doper (dans tous sens du terme) la créativité d’Erickson. Cela donnera quelques merveilles hallucinogènes comme « You’re Gonna Miss Me », « Splah # 1 » et une poignée d'autres délires auditifs enfin réédités avec un son digne de ce nom (« Fire Engine », « Roller Coaster », « Reverberation » le bien nommé…)… tous figurant sur ce premier album du groupe, qui aurait logiquement dû être le dernier. Ce sont les balbutiements du rock psychédélique, et souvent les balbutiements d’un mouvement musical restent ses meilleurs moments. Celui-ci ne fait pas exception à la règle : on est encore loin de Grateful Dead et des diverses aberrations de la nature sur lesquelles débouchera la mode psyché au fur et mesure qu’elle dégénèrera (pour aboutir au prog-rock, soyons clairs). Pour l’heure, cela reste de la pop, originale et décalée, particulièrement inventive dans le son (« You Don’t Know ») comme dans la structure (« Monkey Island » et sa rythmique chaloupée, typique de cette scène et de cette époque), bien sûr, mais pop. C’est à dire audible et appréciable sans avoir fumé la moitié du tapis (forcément indien) de la chambre.
 
Il n’en ira pas de même de la suite discographique que 13th Floor Elevator donnera à ce chef-d’œuvre. Et c’est à dessein que j’écris 13th Floor Elevator et non Roky Erickson. Car la suite de leur carrière laissera les commandes du groupe à ses deux autres fondateurs, le guitariste Stacy Sutherland et le percussionniste Tommy Hall. Deux musiciens particulièrement doués dans leur genre (surtout Hall, qui a littéralement inventé une manière de jouer, souvent appelée "jug-percussions" par les mecs plus savants que moi) mais dont aucun ne sera jamais foutu de composer une seule chanson digne de ce nom. Toute ressemblance avec les Pink Floyd est une fois de plus totalement fortuite, mais il n’empêche que le résultat aura été le même que chez le groupe anglais de l’immédiat post-Barrett : des disques bizarres, pas mauvais mais présentant un groupe totalement perdu et déphasé. Les similitudes s’arrêteront là, et pour cause : le Floyd a eu un David Gilmour pour sauver les meubles et l’aider à retrouver sa cohésion. Le 13th Floor Elevator, pour sa part, n’aura jamais eu cette chance, et sombrera lentement et sûrement dans la médiocrité, la seule marque de clairvoyance de ses membres ayant été d’avoir eu l’intelligence d’arrêter les frais après un troisième album tellement indigent qu’il en est presque comique : les inventeurs du rock psychédélique s’y montrent totalement incapables de se renouveler et commencent à se vautrer dans tous les clichés du genre musical qu’ils ont quasiment créé de toutes pièces… une bien triste fin, en somme (quoique pas plus triste que les fins de Hawkwind ou du Jefferson Airplane).
 
Reste donc The Psychedelic Sounds of the 13th Floor Elevator, disque toujours aussi fascinant malgré l’épreuve du temps. Une petite merveille qui aurait sans doute (comble du comble) fini par sombrer dans l’oubli si Roky Erickson n’était pas devenu à moitié taré.
 
Drôle d’ironie du sort tout de même…


👑 The Psychedelic Sounds of the 13th Flor Elevator | Collectables 500, 1966