...
On pourrait résumer l'histoire de ce roman en quinze lignes comme en quinze pages. Afin d'éviter d'endormir tout le monde, je vais choisir la première option :
Modeste Mignon est une jeune fille de province, tout ce qu'il y a d'ordinaire et de pieux. Elle est la seconde fille du Colonel Mignon, lequel, bien que souvent absent, la surprotège depuis le jour où son autre fille, Carolina, s'est enfuie avec un mystérieux inconnu. Devenue fille unique, Modeste est chargée de soigner sa mère, à l'agonie, puis de prendre soin de son père lorsque celle-ci viendra à mourir - destin qui on l'imagine ne lui convient pas. Car dans les ténèbres de sa chambre, sous les couvertures et à la bougie, elle se passionne pour la littérature et la poésie... et décide de sauter le pas en écrivant une lettre que nous qualifierons poliment de "lettre de groupie" à son poète préféré, le Baron de Canalis, illustre personnage de la vie parisienne. Une réponse s'ensuit. Puis une autre. La correspondance devient de plus en plus intime, de plus en plus amoureuse. Mais Modeste, dont la vie est plus terne que terne, ment dans ses lettres. Et Canalis, pour sa part, lui ment aussi...
J'ai commencé l'entreprise folle de relire tout Balzac, tâche dont je ne m'acquitte je l'avoue que très occasionnellement car ses oeuvres complètes, que j'ai déjà lues une fois, prennent une place assez considérable sur mes étagères. Mais cette relecture me semblait nécessaire, car de la première je n'avais guère retenu grand chose.
Et parmi les innombrables choses que j'avais oubliées, il y avait la qualité de Modeste Mignon roman aussi drôle que tendre, aussi cruel qu'émouvant. Avec cette plume qui n'appartient qu'à lui, Balzac passe au crible la bonne bourgeoisie de province et réduit en cendre la figure mythique du poète torturé souffretant ses vers dans sa mansarde. C'est tout simplement remarquable! Et en plus, ce roman est l'un des rares de Balzac dans lesquels il ne se perd pas en d'interminables descriptions (car il paraît que les descriptions de Balzac ont traumatisé des générations entières, ça me fait mal chaque fois que je l'entends mais qu'y puis-je ?)
Seul bémol : l'intrigue est un peu trop longue à se nouer, et un peu trop longue à se dénouer. Dans mon édition le texte ne fait que 298 pages, mais j'en aurais volontiers enlevé vingt au début et vingt à la fin (d'autant plus interminable qu'elle est assez convenue).
On pourrait résumer l'histoire de ce roman en quinze lignes comme en quinze pages. Afin d'éviter d'endormir tout le monde, je vais choisir la première option :
Modeste Mignon est une jeune fille de province, tout ce qu'il y a d'ordinaire et de pieux. Elle est la seconde fille du Colonel Mignon, lequel, bien que souvent absent, la surprotège depuis le jour où son autre fille, Carolina, s'est enfuie avec un mystérieux inconnu. Devenue fille unique, Modeste est chargée de soigner sa mère, à l'agonie, puis de prendre soin de son père lorsque celle-ci viendra à mourir - destin qui on l'imagine ne lui convient pas. Car dans les ténèbres de sa chambre, sous les couvertures et à la bougie, elle se passionne pour la littérature et la poésie... et décide de sauter le pas en écrivant une lettre que nous qualifierons poliment de "lettre de groupie" à son poète préféré, le Baron de Canalis, illustre personnage de la vie parisienne. Une réponse s'ensuit. Puis une autre. La correspondance devient de plus en plus intime, de plus en plus amoureuse. Mais Modeste, dont la vie est plus terne que terne, ment dans ses lettres. Et Canalis, pour sa part, lui ment aussi...
J'ai commencé l'entreprise folle de relire tout Balzac, tâche dont je ne m'acquitte je l'avoue que très occasionnellement car ses oeuvres complètes, que j'ai déjà lues une fois, prennent une place assez considérable sur mes étagères. Mais cette relecture me semblait nécessaire, car de la première je n'avais guère retenu grand chose.
Et parmi les innombrables choses que j'avais oubliées, il y avait la qualité de Modeste Mignon roman aussi drôle que tendre, aussi cruel qu'émouvant. Avec cette plume qui n'appartient qu'à lui, Balzac passe au crible la bonne bourgeoisie de province et réduit en cendre la figure mythique du poète torturé souffretant ses vers dans sa mansarde. C'est tout simplement remarquable! Et en plus, ce roman est l'un des rares de Balzac dans lesquels il ne se perd pas en d'interminables descriptions (car il paraît que les descriptions de Balzac ont traumatisé des générations entières, ça me fait mal chaque fois que je l'entends mais qu'y puis-je ?)
Seul bémol : l'intrigue est un peu trop longue à se nouer, et un peu trop longue à se dénouer. Dans mon édition le texte ne fait que 298 pages, mais j'en aurais volontiers enlevé vingt au début et vingt à la fin (d'autant plus interminable qu'elle est assez convenue).
👍👍👍 Modeste Mignon
Honoré de Balzac | Folio, 1844